Accusation de viol : non-lieu pour Gérald Darmanin

Un juge d’instruction parisien a ordonné vendredi un non-lieu au profit du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, accusé par une femme de viol depuis 2017, a appris lundi l’AFP auprès de ses avocats Mathias Chichportich et Pierre-Olivier Sur. .
Une levée d’hypothèque pour Gérald Darmanin : la juge d’instruction chargée d’enquêter sur les accusations de viol portées depuis 2017 par une plaignante, Sophie Patterson-Spatz, a prononcé, vendredi 8 juillet, un non-lieu au profit du ministre de l’Intérieur. Une source judiciaire a confirmé lundi l’information sur cette décision au profit du ministre, prise conformément aux réquisitions de janvier du parquet de Paris.
Le limogeage vient donc mettre un terme provisoire à un dossier politiquement très sensible. Une bonne nouvelle pour la majorité, qui a subi ces dernières semaines l’ouragan d’accusations contre Damien Abad, éphémère ministre des Solidarités qui n’a pas été renouvelé lors du remaniement post-législatif.
Depuis sa nomination à l’été 2020 à l’Intérieur, et encore lors de son récent renouvellement, ce dossier des violences sexuelles est en effet un fardeau politique pour Gérald Darmanin, considéré notamment par les voix féministes comme illégitime à sa place.
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La plaignante, Sophie Patterson-Spatz, peut toutefois faire appel. Ni elle ni son avocat, M.e Yann Le Bras, qui a déclaré à l’AFP ne pas avoir été informé de cette décision, n’a pas réagi pour le moment.
Cette Française de 50 ans accuse, depuis 2017, le locataire de Beauvau de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, pour des faits qui se seraient produits à Paris en 2009 et qui auraient commencé au siège de l’UMP, ancêtre du parti Les Républicains (LR).
« Tu as raison, je suis probablement un abruti. Comment puis-je être pardonné ? »
La plaignante avait contacté l’élu, alors en charge du service des affaires juridiques du parti, pour obtenir un soutien lorsqu’elle souhaitait obtenir une condamnation en 2004 pour chantage et appels malveillants envers un ex-compagnon.
Selon elle, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter lors d’un dîner puis d’une soirée dans un club échangiste parisien son éventuel soutien, au moyen d’une lettre qu’il s’est engagé à écrire à la Chancellerie, lui demandant du sexe en retour.
Selon son récit devant les enquêteurs, Sophie Patterson-Spatz n’avait aucune envie de cette relation sexuelle, aurait « paniqué », mais se serait sentie obligée de « passer à la casserole », n’ayant « pas le choix ».
Clé d’échange du dossier, dans la nuit du 17 décembre 2009, plusieurs mois après les faits dénoncés, Sophie Patterson-Spatz lui écrit ce SMS : « Abuser de sa position. Pour ma part, c’est être un sale con (. .. ). Quand tu sais l’effort qu’il m’a fallu pour baiser avec toi. Pour m’occuper de mon dossier. » Moins de deux heures plus tard, il a répondu : « Tu as raison, je suis probablement un sale idiot. Comment puis-je être pardonné ? »
Après avoir, selon son récit, « caché les faits » pendant plusieurs années, Sophie Patterson-Spatz a « étouffé » à l’annonce de l’arrivée de Gérald Darmanin dans le gouvernement d’Édouard Philippe, en juin 2017. Après avoir revu cet épisode comme un viol, elle porte alors plainte.
Une plainte pour dénonciation calomnieuse qui « suit son cours »
L’enquête est close à deux reprises par le parquet. Un juge d’instruction refuse d’enquêter, jugeant ces investigations suffisantes. Après de longs déboires de procédure, un autre juge d’instruction est saisi à l’été 2020.
Celle-ci place Gérald Darmanin sous le statut de témoin assisté en décembre 2020 et confronte le ministre et la plaignante pendant neuf heures en mars 2021, avant de classer l’affaire vendredi.
« Pour la quatrième fois en cinq ans, la justice affirme qu’aucun acte répréhensible ne peut être reproché à M. Gérald Darmanin », se sont félicités les avocats du ministre, M.e Mathias Chichportich et M.e Pierre-Olivier Sur.
« Notre client s’est toujours abstenu de commenter les décisions de justice et ne commentera donc pas davantage », a déclaré Mme.e Chichportich et M.e Sur.
Le ministre a porté plainte pour dénonciation calomnieuse. Cette plainte « suit son cours », selon les avocats. « Il faut quand même mesurer ce que c’est d’être accusé à tort, de devoir expliquer à ses parents ce qui s’est passé parce que, c’est vrai, j’ai eu une vie de jeune homme. », s’était justifié le ministre en juillet 2020 auprès du journal La Voix du Nord.
Gérald Darmanin faisait l’objet d’une autre procédure comparable, également déposée en 2018 : il avait été accusé d’abus de faiblesse par une habitante de Tourcoing qui affirmait avoir été contrainte à des relations sexuelles en échange d’un logement et d’un travail.
Avec l’AFP