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Accord de non-censure : le PS et Renaissance s’associent sur la méthode pour construire l’après-Barnier

Après la chute du gouvernement, quel plan B ? Sauf coup de théâtre, le gouvernement Barnier tombera ce mercredi soir, à la suite du très probable vote de censure. Si Emmanuel Macron a sur le papier la possibilité de renommer le Savoyard Matignon, celle-ci est politiquement exclue. « Qu’est-ce que cela a de sens ? » » s’est interrogé le Premier ministre lui-même, mardi soir, invité de TF1 et de France 2.

Depuis plusieurs jours, dans les couloirs du Parlement et des partis, c’est du phosphore. Une idée commence à faire son chemin : celle d’un pacte de non-censure qui passerait du PS à LR, en passant par l’ancienne majorité présidentielle. Elle vient du Parti socialiste, ou plus précisément de Boris Vallaud, à la tête du groupe PS à l’Assemblée. Sur France Inter, dimanche 24 novembre, le député PS des Landes avance son plan de « sortie de crise » : « Le pouvoir n’est pas à l’Elysée, le pouvoir n’est pas à Matignon. Il est uniquement au Parlement. Donc je proposerai à tous les présidents de groupes de l’Assemblée et du Sénat, de l’arc républicain, de se poser la question des conditions de non-censure », lance Boris Vallaud. L’objectif étant de « reprendre le fil que nous avons (entamé), à gauche, avec les groupes PFN et Sénat, à la mi-août, en disant que nous sommes prêts à faire des compromis, texte par texte ».

Lundi, un communiqué signé par le PS et les deux groupes parlementaires réclamait un « Premier ministre qui partage les valeurs de la gauche et s’engage sur les projets prioritaires du Nouveau Front populaire ». Autrement dit, plus forcément Lucie Castet, le nom que le PFN avait péniblement proposé l’été dernier pour Matignon.

« Nous sommes à la disposition du président de la République », affirme Patrick Kanner

Mardi, Patrick Kanner, qui préside le groupe PS au Sénat, remet sur la table l’offre de service PS. «Nous assumons le fait de présenter une motion et de la voter. Mais nous voulons en même temps gouverner. Nous sommes à la disposition du président de la République, pour dire, nous sommes là, nous sommes prêts », déclare l’ancien ministre de François Hollande, interrogé par Public Sénat juste avant la réunion hebdomadaire du groupe, où le sujet a été évoqué. (voir vidéo ci-dessous).

Une ligne également soutenue par Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise. « Nous avons besoin de stabilité, donc chacun doit faire un pas en avant, un pas vers l’autre », soutient le sénateur socialiste, qui défend l’idée « depuis juillet ». « Tout le monde est d’accord pour maintenir au minimum le pouvoir d’achat des Français et des collectivités et il faut réduire le déficit. Cela vous donne des limites. Donc si tout le monde arrive avec des propositions sur la table, tout le monde pourra faire un pas », ajoute ce soutien d’Hélène Goeffroy, adversaire d’Olivier Faure au sein du PS.

« LFI fait semblant de ne pas comprendre »

Mais Rachid Temal va « plus loin » encore que ses camarades socialistes. «En fin de compte, la question est la suivante : n’est-il pas nécessaire de créer une coalition temporaire du Front républicain, entre la gauche et le bloc central ? Et si les LR veulent venir, ils viennent », affirme le socialiste, qui ajoute :

Je n’ai aucune raison de former une coalition temporaire entre la gauche et la base commune.

Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise.

Sans surprise, l’accord de non-censure ne passe pas avec LFI. « LFI fait semblant de ne pas comprendre. Il ne s’agit pas d’une plateforme programmatique commune avec la droite, mais de notre renonciation au 49.3 en échange d’un accord de non-censure de leur part », rétorque le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, dans Le Monde. « Nous proposons la nomination d’un Premier ministre de gauche qui applique les priorités du PFN, mais avec un souci permanent de compromis. (…) Aucun gouvernement ne pourra appliquer tout son programme, rien que son programme», ajoute-t-il, en référence aux propos de Jean-Luc Mélenchon, au soir du second tour des élections législatives, qui voulait que le NFP mesures et rien d’autre.

Hervé Marseille veut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non-censure, pour tenter de trouver un accord »

Chez les écologistes, l’idée est défendue notamment par Yannick Jadot. « Il faut ouvrir la possibilité d’un pacte républicain de transition entre les deux blocs » du « Nouveau Front populaire » et du « bloc central », « autour d’une base restreinte de mesures indispensables pour les Français », plaide le sénateur Les Ecologistes (ex-Président). EELV) de Paris dans Le Figaro. «Je parle d’un pacte de transition, qui sera d’abord présenté au Parlement. Pas un gouvernement de coalition », ajoute l’ancien candidat à la présidentielle. Pour son collègue du groupe écologiste, le sénateur Ronan Dantec, il s’agit de « retrouver l’équilibre de ce front républicain ». C’est pourquoi « le Président doit nommer quelqu’un qui incarne le barycentre du front républicain, donc plutôt du côté du centre gauche, une personnalité capable de discuter avec tout le monde et qui sache trouver des compromis », ajoute sur publicsenat.fr le sénateur de Loire-Atlantique, qui défend une ligne plus modérée chez les écologistes, comme Yannick Jadot.

En fin de journée, la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a apporté sa contribution. Elle a écrit aux dirigeants des partis « qui ont formé le front républicain cet été » pour leur suggérer de « s’entendre sur un plan d’urgence transitoire ».

Mardi, c’est aussi l’influent Hervé Marseille, président du groupe centriste Union au Sénat, qui a défendu à son tour sur publicsenat.fr la nécessité de « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non-censure, pour essayer de trouver un accord », avec « les gens de gauche », « du centre » et de « droite » (voir vidéo ci-dessous). Même message du côté du Modem : « Il est toujours temps de saisir cette main tendue du PS », a soutenu hier le sénateur du Mouvement démocrate, Jean-Marie Vanlerenberghe, proche de François Bayrou, défendant « un rassemblement d’hommes d’Etat responsables et capables ». s’asseoir autour d’une table.

« Un accord de non-censure de LR au PS. C’est la seule équation politique où le RN ne peut pas être un arbitre », affirme Gabriel Attal.

La grande nouvelle de ce mercredi vient du groupe EPR (Renaissance), à ​​l’Assemblée. Son président, l’ancien premier ministre Gabriel Attal, a repris à son tour l’idée. Il défend également « un accord de non-censure de LR au PS. C’est la seule équation politique où le RN n’est pas capable de jouer un rôle d’arbitre et de dicter la politique du gouvernement », confie le député au Parisien.

Cette majorité se concentrerait sur « trois ou quatre points programmatiques non irritants pour tenir jusqu’à l’été ». Il n’y aurait pas beaucoup de réformes. Une sorte de super gestion de l’actualité », ajoute l’ancien premier ministre. « S’il y a une coalition, le PS n’abrogera pas la réforme des retraites et les LR n’auront pas leur loi immigration », imagine Gabriel Attal, pour qui le groupe « EPR » tentera d’être un pôle de stabilité. Nous participerons à la future coalition.

« Construction d’une coalition »

Contrairement à l’été dernier, la réflexion ne porte pas (uniquement) sur le casting et le nom du futur premier ministre – les noms de Sébastien Lecornu, François Bayrou, François Baroin, Bernard Cazeneuve ou encore sont évoqués. Laurence Tubiana et Laurent Berger – mais aussi sur la plateforme politique.

C’est ce qu’un ancien ministre de la Renaissance appelle la « construction d’une coalition », qui nécessite de suivre scrupuleusement des instructions, en plusieurs étapes, selon ce député : « 1/ Dites ce que vous voulez. 2/ Les lignes rouges. 3/ Un casting. 4/ Se mettre d’accord sur les règles que l’on applique en cas de désaccord. Et éventuellement 5/ Qui appelle qui ? » Toujours selon cet adepte des coalitions que l’on observe davantage à l’étranger, « le péché originel du gouvernement Barnier, c’est qu’on n’a pas eu ça. Nous n’avons fait que le casting.

« Une porte de sortie par le haut pour la classe politique », selon le député Renaissance Stéphane Travert

A l’aile gauche du groupe EPR, nous défendons ce principe de non-censure. « Je prône un gouvernement avec un accord de non-censure qui puisse s’entendre sur 5 ou 6 mesures majeures importantes pour le pays et qui aille de la gauche responsable et du gouvernement jusqu’aux LR sociaux, pour aller jusqu’à la présidentielle en travaillant sur celles-ci. axes », précise Stéphane Travert, adjoint rattaché du groupe EPR. « Avec le Collectif social-démocrate, que nous avons formé avec les députés Stella Dupont et Sacha Houlié, ce sont des éléments que nous avons cherché à faire prospérer. C’est une manière de se démarquer de la classe politique», estime l’ancien ministre de l’Agriculture, toujours membre de Renaissance.

« Pas convaincu qu’un deuxième Barnier soit la solution », Stéphane Travert soutient qu' »il doit y avoir une sensibilité de gauche à Matignon, mais il n’est pas forcément membre du PS ». Reste qu’Emmanuel Macron ne semble pas enclin à suivre cette voie. « Il y a un moment, il y a un principe de réalité », affirme le député EPR de la Manche.

Et les LR ? Stéphane Travert les appelle « à prendre leurs responsabilités. Ils se considèrent comme un parti gouvernemental. Laissez-les le démontrer. Pourquoi nous, les gens de gauche, devrions automatiquement suivre ce qui vient de droite. C’est du donnant-donnant. »

«Les agités attendront qu’on se décide», prévient le sénateur LR Max Brisson

Pour l’instant, les Républicains sont les moins actifs. Ils attendent de voir avant de suivre. Mardi, devant les députés LR rassemblés, leur patron, Laurent Wauquiez, a été clair : « Notre engagement de septembre n’était valable que pour Michel Barnier », rapporte Le Figaro. Ton plus ou moins similaire, lors de la réunion de groupe des sénateurs PS. « Hier matin, lors d’une réunion de groupe, il a été dit clairement, avec force et dans un esprit consensuel, que nous déciderons le moment venu, qu’il n’y a pas d’automatisme, que rien n’est acquis, et que tout dépendra de ce que fera le groupe. Le président de la République nous le propose», explique le sénateur LR Max Brisson, porte-parole du groupe LR.

« Déjà anticiper, avec des gesticulations politiques, indifférent les sénateurs LR, tout en rappelant que c’est celui qui a provoqué la crise, qui doit sortir le pays de la crise, et c’est son rôle constitutionnel », remarque le sénateur des Pyrénées-Atlantiques. , qui ajoute : « Les agités attendront que nous décidions. Et nous déciderons le moment venu, sans que personne ne nous dise quoi faire, notamment ceux qui sont à l’origine de la dissolution ou de la censure. À un moment donné, nous ne sommes pas obligés de recevoir des ordres, ni de M. Attal, ni de M. Vallaud.»

Max Brisson résume, s’il en était encore besoin : « Nous soutenons Michel Barnier. Nous ne sommes pas obligés de soutenir le prochain gouvernement.» Non. Mais s’engager à tout le moins à ne pas le censurer permettrait de nommer un nouveau Premier ministre, et surtout de durer plus de trois mois.

Cammile Bussière

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