23 janvier 1981. Concert d’AC/DC à Brest. Plus de 6 500 personnes assistent, euphoriques, à la descente de cette légendaire cloche en bronze coulé de 1,3 tonne du plafond du parc des expositions de Penfeld.
Le chanteur Brian Johnson lui assène plusieurs coups de maillet avant le début de la chanson « Hells Bells », devant une foule en transe. Un souvenir fort que certains fans auront sûrement en tête ce mardi soir, lorsque le groupe de l’infatigable Angus Young jouera sa seule partition française de sa tournée « Power Up » à l’hippodrome de Longchamp à Paris.
« Les gens ont traversé la Penfeld » pour les voir
Car la Bretagne n’aura profité que deux fois du passage des hard rockers australiens. La première, le 22 janvier 1980. En concert à Nantes la veille, AC/DC se produisait ce jour-là, également à Penfeld, devant 5 000 spectateurs, cette fois lors de la tournée « Highway to Hell ». Au micro, c’est à nouveau le regretté mais charismatique Bon Scott, qui sera retrouvé mort à l’avant d’une voiture à Londres un mois plus tard, à l’âge de 33 ans.
Dans la mémoire collective, les passages d’AC/DC à Brest (le deuxième dans le cadre de la tournée « Back in Black ») ne manquaient pas de piquant. « C’était l’effervescence devant la scène », se souvient Philippe Lageat, coauteur avec Baptiste Brelet et Vanessa Girth d’une bible sur le groupe.
Il était présent au concert de 1981, qui fut noté comme celui de la tournée française où le public avait vendu le plus d’hectolitres de bière. « Les gens ont même traversé la Penfeld à la nage pour entrer par les portes de secours de la salle. »
Période bénie puis moins prospère
Angus Young à la Johan Cruijff Arena, à Amsterdam, le 5 juin 2024. (EPA-EFE/Marcel Krijgsman)
Vont-ils jouer un jour à Carhaix ?
Et au XXIe siècle ? En dehors de Nice, en 2010, seuls Paris et Marseille se partagent le gâteau. Quant aux festivals ? C’est raté. « Comme ils jouent dans des stades, il est probable qu’ils n’aient plus envie de jouer dans des festivals qui ont leur lot de contraintes techniques, explique Baptiste Brelet. Un festival comme le Hellfest devrait démonter une scène entière pour en construire une nouvelle rien que pour eux. Tout ça pour jouer devant 50 000 personnes, alors qu’à Paris, ils seront devant 80 000 spectateurs. »
Les Vieilles Charrues entendaient résoudre ce problème via le projet Breizh Park : dans ce cadre, les aménagements permanents souhaités auraient permis d’accueillir, lors de concerts ponctuels, et tout au long de l’année, des groupes internationaux qu’ils ne pourraient pas recevoir dans une logique de festival. Le tout en réalisant des économies : avec « trois semaines de montage au lieu de dix », selon l’objectif du président Jean-Luc Martin. Une manière de concurrencer (un peu) les stades aux capacités plus importantes.
Un projet dont le succès ne dépendra que de l’amélioration des relations entre le festival et la communauté de Carhaix. Et de la capacité du groupe d’Angus Young (69 ans tout de même !) à repartir en tournée dans le futur.
« AC/DC Tours de France », éditions Point Barre, 720 pages, 2021. Préface de Brian Johnson.