Abrogation de la réforme des retraites : pourquoi le RN a voté contre les amendements proposés par le PFN
L’examen du budget de la Sécurité sociale en commission a donné lieu lundi aux premiers échanges d’armes entre les députés, notamment entre ceux issus des rangs du RN et de la gauche. En effet, les élus du parti de Marine Le Pen ont rejeté plusieurs amendements de gauche qui visaient à marquer un premier pas vers l’abrogation de la controversée réforme des retraites de 2023.
Les députés du Nouveau Front populaire (NFP) ont déposé plusieurs amendements au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, dont certains ont été examinés lundi soir en commission des Affaires sociales.
Pour supprimer le relèvement de l’âge légal de la retraite à 64 ans, sans creuser le déficit de la Sécurité sociale, plusieurs députés (socialistes, écologistes, LFI et RDA) ont proposé de créer une cotisation supplémentaire sur les revenus au-delà d’un certain plafond (pour les socialistes, le double du » plafond de la sécurité sociale », soit environ 7 400 euros par mois). Ils ont également proposé une « conférence sur le financement des retraites » avec les partenaires sociaux, pour trouver d’autres recettes.
Le RN défend sa niche
Les élus de gauche espéraient ainsi doubler le RN, et sa proposition d’abrogation de la réforme des retraites qui sera débattue lors de sa « niche parlementaire » du 31 octobre et dès ce mercredi en commission.
« Le RN vient de s’associer à la macronie et à LR, en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, pour rejeter nos amendements visant à abroger la réforme des retraites et mettre en place une conférence de financement », ont dénoncé les écologistes sur Twitter.
« Il n’est absolument pas possible aujourd’hui d’aller vers une hausse des cotisations, alors qu’on est déjà un enfer fiscal », a justifié le député RN Thomas Ménage. « Le moment où on pourra abroger la réforme des retraites (…), c’est ce mercredi, en commission » puis le 31 octobre avec le texte défendu par le RN, a lancé l’élu RN aux députés PFN. « La balle est dans votre camp », a-t-il lancé, appelant la gauche à montrer si elle « est cohérente avec (ses) propos » et ses actes.
Le projet de loi RN propose de ramener l’âge normal de la retraite de 64 à 62 ans, « à partir de la génération 1955 » et de fixer la durée de cotisation obligatoire à 42 ans, « à partir de la génération 1961 ».
Débat à gauche
La situation est délicate pour la gauche, qui a fait de l’abrogation de la réforme des retraites un cheval de bataille, mais qui a aussi refusé lors de la précédente mandature de voter les textes du RN.
Les socialistes ont déjà prévu de ne pas voter cette proposition, lui préférant celle de La France insoumise, annoncée en septembre par Éric Coquerel. Le président de la Commission des Finances avait particulièrement insisté sur l’importance de mener ce projet avec des mesures distinctes de celles du RN, plutôt que de donner une « victoire sociale » à l’extrême droite. Le texte sera présenté lors de la niche parlementaire des Insoumis le 28 novembre.
Le communiste Léon Deffontaines a de son côté signé une tribune dans Mediapart, appelant la gauche à voter en faveur du texte. « Voter ce projet de loi ne rendrait pas le RN plus fort. Ne pas voter pour affaiblirait la gauche. Ne les laissons pas avoir le monopole du peuple », a-t-il écrit sur X.