Abris de jardin, vérandas… Les impôts suivront les bâtiments grâce à l’intelligence artificielle
Les Finances Publiques utilisent l’intelligence artificielle et les images aériennes. Après l’avoir utilisé pour traquer les piscines non déclarées, le fisc cible désormais les ouvrages bâtis comme les vérandas ou les abris de jardin.
Le fisc a décidé de prendre un peu de hauteur grâce aux nouvelles technologies. En combinant l’intelligence artificielle, les images aériennes duInstitut National de l’Information Géographique et ForestièreDans le cadre du plan cadastral et des déclarations de construction, les éventuelles irrégularités dans les déclarations fiscales sont devenues impossibles à dissimuler.
Ce croisement de données informatiques permet de détecter des irrégularités et de les corriger.
En 2022, une première expérimentation est menée pour détecter les piscines non déclarées par les citoyens sur le sol français. Neuf départements ont été ciblés, avec des résultats probants : 10 millions d’euros ont été récupérés par l’administration fiscale.
Sur la Côte d’Azur, 1 229 piscines sont détectées dans les Alpes-Maritimes, soit 2,6% des piscines déjà imposées. Dans le Var, 3 809 piscines sont irrégulières, soit 3,8 % du bassin global.
Le territoire azuréen rapporte alors un peu plus de 2,7 millions d’euros de taxe foncière et de charges complémentaires. Lors de cette expérimentation, le taux de réussite était de 94 %. Pour les 6% restants, qui pourraient donner lieu à des contestations, une intervention humaine est nécessaire. « Toutes les piscines ne sont pas incluses dans le processus d’évaluation de la taxe foncière » explique Murielle Koubi, chef de l’unité Stratégie d’accueil au sein de la DGFiP (Direction générale des finances publiques) pour le département de Maralpin.
Des sommes allant jusqu’à quatre fois le montant de l’impôt foncier pourraient ainsi être demandées aux contrevenants pour réparer leurs erreurs passées.
« Ce sont des anomalies qui sont détectées. Quand on compare les photos au plan cadastral, on voit qu’il y a des détections qui peuvent être validées par les agents” continue-t-elle.
« Au total, quand on s’étend des neuf départements à l’ensemble du territoire, on en est aujourd’hui à 140 000 piscines détectées, plus les 20 000 d’ici 2022 » précise Murielle Koubi. De quoi récolter 40 millions d’euros de recettes de taxe foncière.
Thomas Cazenave, le ministre des Comptes publics, a récemment déclaré que c’était désormais au tour des bâtiments comme les abris de jardin, les vérandas ou autres extensions de bâtiments d’être ciblés par ce système innovant.
L’intelligence artificielle utilisée s’appuie sur des algorithmes développés en open source. Elle se forme désormais pour identifier ces nouvelles structures qui ne sont pas conformes. Une phase de « deep learning » confirmée par Murielle Koubi. L’IA apprend alors à s’auto-corriger en fonction des anomalies constatées. Une future expérimentation doit être menée, mais, du côté de la DGFiP, on nous indique que ni la zone test ni sa durée n’ont encore été décidées par Bercy.
Pour les propriétaires disposant d’une superficie au sol de cinq mètres carrés ou moins, aucune déclaration ni paiement au fisc n’est nécessaire. Au-delà, la dépense peut vite devenir conséquente, en fonction des différents taux locaux appliqués au nom de la taxe foncière.
Ce programme de recherche lucratif s’appelle « Innovative Land ». Un nom bien choisi pour ce qui était présenté par Finances publiques comme une expérimentation destinée à faire de l’intelligence artificielle un outil de lutte contre la fraude.
Entre 2021 et 2023, « Terre innovante » avait un coût total de 24 millions d’euros. Le retour sur investissement a été rapide. Dans un rapport d’août 2022 qui compile les données de l’expérimentation, les projections étaient conformes aux attentes de Bercy.
Sur sa chaîne Youtube, la Direction générale des finances publiques a également publié un tutoriel vidéo pour permettre aux citoyens de déclarer des avoirs de ce type.
De nouveaux usages de l’IA sont-ils envisagés ? « Nous n’avons pas d’autres problèmes qui nous ont été présentés ou expliqués » au-delà « piscines et bâtiments isolés ».
Pour l’administration fiscale, c’est machine et progrès, car pour elle, ces nouvelles technologies sont au service de l’égalité entre les contribuables. « Le but est de faire en sorte qu’il n’y ait plus ce type d’incivilités » explique Mireille Koubi, « L’utilisateur verra très vite où se situe son intérêt ».
D’autant plus que pour tous « Les nouvelles constructions, reconstructions ou ajouts de constructions sont exonérées de taxe foncière pendant les deux années qui suivent leur réalisation »comme précisé sur le site Internet du ministère de l’Économie.