Dans le cadre de la Toussaint, l’artiste James Colomina dévoile « Silentium », une installation mettant en scène l’abbé Pierre, accusé d’agression sexuelle, en érection. Une œuvre qui pourrait déclencher une polémique.
Ce vendredi 1er novembre 2024 à midi, l’église désacralisée du Gesù à Toulouse accueille une nouvelle œuvre de James Colomina. Titré Silentium — qui signifie « silence » en latin —, cette création en résine blanche représente l’abbé Pierre sur son lit de mort, droit. Le fondateur d’Emmaüs est accusé d’agression sexuelle et de comportement inapproprié.
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Dans cette sculpture saisissante, un détail sous le drap attire l’attention : une bosse qui rappelle les réalités sordides, souvent négligées, des abus au sein de l’Église. Silentium est exposé dans une ancienne église. Cette création « nous invite à regarder en face des réalités encore muettes », explique James Colomina, soulignant l’importance de lever le voile sur cette souffrance.
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Pour renforcer l’atmosphère de l’œuvre, des chants liturgiques en latin résonnent dans l’église, soulignant le caractère solennel et introspectif de l’installation. Colomina confie : « J’ai longtemps cru que les symboles sacrés devaient rester intouchables (…). Si l’Église a tenté de cacher certaines vérités, c’est alors à la société de lever le voile.»
L’artiste opère ici un changement de style important en troquant le rouge, couleur souvent associée à la dénonciation dans ses œuvres de rue, pour un blanc symbolique et introspectif. Il estime que « le blanc attire l’attention sur la forme et l’essence de la sculpture, invitant au silence et à la contemplation ».