Abandonnés par le gouvernement, les salariés de 60 millions de consommateurs « abasourdis » par la revente du magazine
La politique de privatisation du gouvernement d’Emmanuel Macron se poursuit… Avec une baisse des subventions ces dernières années, la publication de l’Institut national de la consommation, vieille de 54 ans, va se retrouver gérée par une entreprise privée. L’Etat veut trouver un repreneur pour le magazine 60 millions de consommateurspublié par un établissement public depuis 1970, soulignant ses difficultés alors que des salariés et même l’ancienne ministre déléguée Olivia Grégoire déplorent cette décision.
Pour l’ancienne ministre chargée de la consommation, Olivia Grégoire, 60 millions de consommateurs est « le titre d’information du consommateur » qui présente « les meilleures garanties de qualité, de neutralité et d’indépendance ». Le magazine est édité depuis 1970 par l’Institut national de la consommation (INC), un établissement public basé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, et qui emploie une cinquantaine de personnes.
Alors que les représentants du personnel ont alerté à plusieurs reprises ces derniers mois sur une dégradation de sa santé financière, le cabinet de la secrétaire d’Etat à la Consommation Laurence Garnier a annoncé lundi à l’AFP que l’Etat « souhaite entreprendre » des démarches pour trouver un repreneur pour le magazine. .
64 000 abonnés en moins en cinq ans
« La pérennité du titre nécessite un acheteur professionnel et expert du secteur, capable notamment d’investir dans le digital et de piloter une nouvelle stratégie marketing et commerciale », précise encore le cabinet de Laurence Garnier, observant que le magazine rencontre « depuis plusieurs années » de « difficultés majeures », avec un nombre d’abonnés passant de 140 000 en 2019 à 76 000 en 2024, et « un déficit persistant depuis sept ans, qui a épuisé sa trésorerie ».
Un point non négligeable, dans un contexte de recherche d’économies pour l’Etat, « cette évolution du statut du magazine contribuera également à optimiser l’utilisation des fonds publics ». Un rapport parlementaire de 2022 évoquait déjà une « diminution progressive du montant de la subvention » à l’INC entre 2012 et 2020, de 6,3 millions d’euros à 2,7 millions d’euros.
Une annonce « désastreuse » pour les consommateurs
Pour les représentants des salariés, c’est « abasourdi ». Début novembre, ils ont appelé le Premier ministre Michel Barnier à poursuivre sur la voie choisie par le gouvernement dirigé par Gabriel Attal, celle d’un « scénario rebond pour l’INC » via une « contribution financière de l’État à hauteur de 3,2 % ». millions d’euros.
« Le premier secrétaire d’État exclusivement dédié à la consommation sonnera-t-il le glas de l’Institut national de la consommation ? Que deviendra 60 millions de consommateurs sans ingénieurs, avocats, économistes… Tous ces corps de métier qui travaillent pour le journal depuis longtemps ? Que deviendra l’INC sans ses principaux médias ? », demandent les représentants du personnel, demandant « le maintien et l’application du plan Olivia Grégoire ».
Dans un communiqué transmis à l’AFP, ce dernier a déclaré : « Je déplore amèrement que l’arbitrage que j’ai pu obtenir » en faveur d’une relance du titre via un investissement de l’Etat « n’ait pas été maintenu ». Elle a adressé ses « pensées » « aux salariés de l’INC, ainsi qu’aux consommateurs qu’ils se sont toujours efforcés d’informer au mieux ».