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«Abandonner certains projets» pourrait libérer des blocs d’énergie, admet le ministre de l’Environnement

Il est « normal » que des blocs d’énergie soient refusés même pour des projets de décarbonation, en raison du manque d’électricité, affirme le ministre de l’Environnement. Mais, « l’abandon de certains projets » pourrait libérer de l’énergie pour les entreprises québécoises, croit-il.

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En raison de la faible disponibilité de l’hydroélectricité, il est « normal » de refuser des projets de décarbonisation dans le secteur industriel en ce moment, estime le ministre Benoît Charette. Il y a un « frein », dit-il, soutenant que le Québec atteindra néanmoins sa cible de réduction de GES pour 2030, mais que ce sera difficile.

Aux entreprises qui se sont vu refuser des blocs d’électricité pour se décarboner, Benoît Charette leur dit qu’«il y aura de plus en plus de nouvelles sources d’énergie» pour les aider à faire leur transition.

Mais encore une fois, le ministre a souligné que l’abandon de projets déjà programmés pourrait libérer des blocs d’énergie.

« Il y a des blocs d’énergie qui seront rendus disponibles au fur et à mesure que certains projets seront abandonnés et que de nouvelles sources d’énergie renouvelables seront créées », a-t-il déclaré mardi, en marge du dévoilement officiel du Plan national de l’eau de 500 millions de dollars.

Dernièrement, des entreprises déjà ici au Québec se sont vu refuser des projets, comme l’entreprise Les Forges de Sorel qui est incapable d’obtenir 16 mégawatts pour se décarboner.

Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a notamment critiqué le gouvernement Legault pour avoir offert « beaucoup » d’énergie à bas prix aux multinationales étrangères, au détriment des entreprises locales.

Réflexion

Par exemple, le ministère de l’Économie et de l’Énergie a attribué un bloc de 360 ​​mégawatts à la société suédoise Northvolt, qui connaît actuellement des difficultés financières. Lundi, le Journal Il a également révélé que le Québec pourrait retirer l’approvisionnement en électricité de Northvolt si le projet arrive trop tard.

Le ministre de l’Economie et de l’Energie insiste cependant sur le fait qu' »il n’est pas question de supprimer des blocs énergétiques pour la centrale de Northvolt »… pour le moment.

« Nous n’en sommes pas du tout là, ce serait irresponsable de faire cela », a-t-elle d’abord déclaré, soulignant que les blocages énergétiques ne devraient pas être accordés pour toujours.

« Il y a une réflexion en cours. Pour quelle durée sont offerts les blocs (…) L’analyse est en cours », a-t-elle dit, rappelant que Québec devait respecter l’entente signée avec Northvolt.

« Nous n’allons pas tourner le dos à Northvolt au premier signe de vent contraire. Nous allons continuer d’avancer », a-t-elle déclaré. Les employés de Norvolt au Québec seront « bien payés », a-t-elle également assuré.

Son collègue Benoît Charest a toutefois mentionné que l’entreprise a un échéancier à respecter, que le bloc d’énergie « n’est pas une réservation qui est bonne pour toujours », a-t-il dit. « Il y a des suivis qui sont prévus. Il y a un échéancier qui doit être précisé par l’entreprise, et mon collègue devra décider ultimement si les délais sont raisonnables. »

Redistribution demandée

Face à l’incertitude entourant l’entreprise Northvolt, la libérale Marwah Rizqy demande officiellement au gouvernement de réaffecter les blocs d’énergie qui leur étaient réservés.

« Il y aura entre 18 et 24 mois de retard sur le projet, donc ça pourrait repousser le projet jusqu’à quatre ans. On parle de 2028 potentiellement. Alors pourquoi on va geler un bloc aussi important », a-t-elle dit. « Je vous rappelle qu’on peut approvisionner l’équivalent de la Ville de Longueuil, alors qu’on a des entreprises qui existent déjà. »

Le chef péquiste Paul-Saint-Pierre Plamondon soutient qu’il y a un « problème de transparence » dans le dossier Northvolt, notamment avec le contrat.

« Je ne sais pas ce que contient le contrat, en ce qui concerne Northvolt. Je ne sais donc pas s’il y a un moyen de se faire rembourser les centaines de millions en jeu, et je ne sais pas ce que dit le contrat à propos de ce bloc d’énergie », a-t-il déclaré.

Gabriel Nadeau-Dubois critique aussi le manque de transparence dans ce dossier. « On a promis d’énormes quantités d’électricité à ce qui est, après tout, une startup qu’on savait fragile », explique le porte-parole solidaire, remettant en question les bénéfices économiques et environnementaux de Northvolt.

Objectif 75%

Critiquant les choix du gouvernement la semaine dernière lors de l’étude du projet de loi 69 sur l’avenir énergétique, le PDG d’Hydro-Québec, Michale Sabia, a réitéré que l’objectif de la société d’État était que 75 % de la nouvelle énergie serve à décarboner le Québec et 25 % à soutenir la croissance économique.

Le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, admet qu’il y a actuellement un déséquilibre, mais que l’objectif du gouvernement est identique.

« L’objectif que nous vivons est que 75% de la production de nouvelles énergies renouvelables soit utilisée pour décarboner. Pour cela, nous devons augmenter notre production d’énergie renouvelable. Donc, que nous ne puissions pas répondre à la demande en ce moment est tout à fait normal », a-t-il noté.

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