Abaissement de la note souveraine : « J’ai sauvé l’économie française », persiste Bruno Le Maire
Le ministre de l’Économie assure qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. Il indique toutefois qu’il faut encore réaliser davantage d’économies.
A huit jours des élections européennes, l’exécutif français maintient samedi le cap de sa politique, excluant tout « austérité« , le lendemain du dégradation de la note souveraine du pays par S&P Global Ratings, ce qui relance le débat sur les moyens de réduire le déficit public.
La note est passée du troisième cran « AA » au quatrième « AA-« , l’agence de notation américaine s’attendant à ce que la dette publique française rapportée au PIB (Produit intérieur brut) « augmente en raison de déficits plus importants que prévu en 2023-2027″avec un déficit l’année dernière « significativement plus élevés » à condition que.
S&P ne croit pas que le déficit sera réduit à 3% du PIB – selon les standards européens – en 2027, comme le prévoit le gouvernement, et prévoit 3,5% du PIB à cette date.
\ud83d\udde3\ufe0f Dégradation de la note de la France : « J’ai pris les bonnes décisions au bon moment. Qui aurait fait mieux ? Les promesses que je fais aux Français, je les tiens. »
Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire), ministre de l’Économie, invité de @DariusRochebin \u2935\ufe0f pic.twitter.com/grTCk6qwwY
– LCI (@LCI) 1 juin 2024
Pour « retour à des finances publiques saines »le gouvernement va « continuer exactement sur la même voie sans accélérer ni ralentir »a réagi samedi le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire dans une vidéo sur YouTube.
« Il n’y aura pas de rigueur, il n’y aura pas d’austérité »il a dit.
Le prix du « sauvetage » de l’économie
Sur BFMTV, il a ensuite fermement exclu toute augmentation d’impôt en 2025, sur la ligne tenue par le chef de l’Etat Emmanuel Macron. A l’inverse, le ministre souligne la nécessité de réduire les plus de 450 milliards d’euros de dépenses annuelles de l’État.
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Il a souligné le 10 milliards d’euros d’économies des dépenses de l’État décidées début 2024, et sa volonté de retrouver 10 milliards de coupes supplémentaires au cours de cette année.
Mais pour S&P, dans l’état actuel des choses, « les réformes ne seront pas suffisantes pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs budgétaires ».
\ud83d\udde3\ufe0f Dégradation de la note de la France : « Il faut faire des économies sur l’électricité et le gaz (…) J’assure nos compatriotes que la barre est mise. »
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Le déficit public a diminué en 2023 à 5,5% du PIB au lieu des 4,9% attendus. Le risque de dégradation de la notation souveraine – qui évalue la capacité d’un pays à payer ses dettes – plane depuis plusieurs trimestres, la précédente notation « AA » s’accompagnant depuis décembre 2022 d’une « perspectives négatives ».
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Dès vendredi, Bruno Le Maire, en poste depuis sept ans, affirmait que les dépenses et Les déficits se creusent face au Covid et à la flambée des prix de l’énergie avait contribué à sauver l’économie française.
« Si aujourd’hui nous avons un niveau d’endettement élevé, c’est pour ça ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française.»a-t-il répété samedi.
Mais « quoi qu’il en coûte » n’était pas exclusive à la France. Tous les pays européens ont dû intervenir pour gérer les crises de la décennie 2020, observe le directeur des études économiques à l’IESEG School of Management Eric Dor.
« Cela n’a pas empêché la plupart d’entre eux de parvenir enfin à améliorer la performance de leurs finances publiques »note-t-il, citant l’Espagne et le Portugal, bien que moins bien classés par S&P que la France.
« Incertitude » politique
Sans majorité absolue au Parlement, le gouvernement français est confronté au difficile exercice de devoir trouver des compromis avec les oppositions.
S&P a également noté « incertitude quant à la capacité du gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des politiques » en raison de « fragmentation politique » En France.
En approchant du Sondage européen, qui se tiendra le 9 juin En France, toutes les figures de l’opposition ont sévèrement attaqué l’exécutif, de la gauche radicale des Insoumis jusqu’à la cheffe des députés du Rassemblement national (extrême droite) Marine Le Pen.
« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’image de la France »a également réagi le Medef, l’organisation patronale, pour laquelle « Il est plus que jamais nécessaire de contrôler les dépenses publiques actuelles et de stimuler l’activité économique. »
La sanction de S&P éloigne la France du groupe composé notamment des Belgique et Royaume-Uni.
Mais cette dégradation « ne devrait pas avoir de conséquences économiques significatives »estime dans une note l’économiste d’Asterès Sylvain Bersinger, pour qui le juge de paix reste le taux d’emprunt d’un Etat sur les marchés.
Le risque inhérent à une dégradation est un mouvement de défiance des investisseurs et un alourdissement du poids de la dette.
Avec un double A même accompagné d’un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette demeure « très fort » selon les critères de S&P, qui note la France depuis 1975.
Elle est la première agence à avoir retiré à l’Hexagone en 2012 son emblématique « triple A », la meilleure notation, symbole d’excellente gestion, dont bénéficie encore un petit cercle, dont l’Allemagne et l’Australie.
En avril, les deux autres principales agences internationales, Moody’s et Fitch, ont maintenu la note française.