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À Zwickau, en ex-RDA, de vieux traumatismes cimentent le succès de l’extrême droite

À Zwickau, en ex-RDA, de vieux traumatismes cimentent le succès de l’extrême droite

Ici à Zwickau, « Nous avons à nouveau peur de perdre tout ce que nous avons construit »affirme le maire de cette ville industrielle, pourtant plutôt aisée, de l’ex-Allemagne de l’Est, où l’extrême droite accroît son influence.

Pour comprendre pourquoi « L’ambiance est tellement mauvaise » À l’approche des élections régionales de dimanche en Saxe, « Il faudrait peut-être se plonger dans l’histoire des gens »explique à l’AFP Constance Arndt, élue depuis 2020.

« Ici la population a acquis une certaine prospérité » depuis le douloureux déclassement qui a suivi la réunification en 1990, explique le maire de 47 ans.

Son bureau donne sur l’accueillante place du marché avec ses bâtiments rénovés et ses nombreux cafés, cœur de la ville de près de 90 000 habitants, bastion de l’industrie automobile et de Volkswagen.

À Zwickau, en ex-RDA, de vieux traumatismes cimentent le succès de l'extrême droite

Avec les crises à répétition, notamment la pandémie de Covid-19, puis la guerre en Ukraine et la flambée des prix, « la peur de perdre » refait surface et « par protestation »nous votons pour l’extrême droite, juge l’élu sans étiquette.

Plus tôt cette année, des milliers d’habitants ont manifesté contre les théories d’expulsion massive d’étrangers discutées lors d’une réunion à laquelle participaient des membres du parti d’extrême droite AfD.

Cette rare mobilisation de la « majorité silencieuse » dans la ville, comme partout ailleurs en Allemagne, a fait long feu.

Début juin, l’AfD a remporté les élections locales et est ainsi devenue le groupe le plus important au sein du conseil municipal de Zwickau.

Même s’il ne dispose pas de majorité, les discussions s’annoncent plus difficiles, notamment en matière de financement de la culture, craint le maire.

« Zone NS »

Un quartier éloigné du centre-ville offre un autre visage. En cette journée torride d’août, l’assistant social Jörg Banitz montre plusieurs croix gammées et inscriptions sur les murs « Zone NS » (Zone nationale-socialiste en référence au parti nazi)

« On voit ça souvent »soupire ce natif de Zwickau, l’un des organisateurs des manifestations du début d’année.

Selon lui, l’AfD ne tire pas sa force uniquement de la contestation. Elle dispose désormais « une dynamique totalement propre »Et « une acceptation » dans la population facilitée par le fait que les conservateurs de la CDU, au pouvoir au parlement de Saxe, s’inspirent des thèmes de l’extrême droite.

« La majorité des électeurs qui votent pour l’AfD, je pense qu’ils veulent le programme tel qu’il est »il a dit.

Le terreau est fertile dans la ville, où une scène d’extrême droite radicale reste active, ajoute-t-il. Zwickau a été le refuge de longue date des trois membres du groupe terroriste néonazi NSU, qui ont assassiné neuf immigrés turcs et grecs entre 2000 et 2009.

Pour Wolfgang Wetzel, élu vert au conseil municipal, beaucoup se sentent dépassés dans un monde devenu trop compliqué.

Et dans une population qui a connu deux régimes autoritaires d’affilée, le nazisme et la RDA communiste, on voit la résurgence « une nostalgie de la simplicité de la dictature, où l’on n’a pas à prendre de décisions »qui profite à l’extrême droite, estime ce conseiller familial de 56 ans.

« Incertitude »

Des analyses que l’AfD rejette. « Je pense que les gens ne veulent plus se faire avoir. »Jonas Dünzel, candidat aux élections régionales où son parti est au coude à coude avec la CDU, a déclaré à l’AFP.

L’ancien vendeur d’assurances de 30 ans se moque des conservateurs qui soutiennent les demandes de son parti, comme les contrôles aux frontières contre l’immigration, le soutien aux familles ou la réduction du soutien militaire à l’Ukraine.

Le populisme croissant inquiète Volkswagen, principal employeur de la ville, qui y produit des voitures entièrement électriques. Cette technologie est régulièrement critiquée par l’AfD, qui l’a qualifiée de « « conte de fées ».

« Les discussions sur l’avenir de la mobilité électrique créent de l’incertitude »souligne Christian Sommer, responsable régional de la communication de VW. « Ici, à l’usine, 10 000 personnes travaillent avec passion sur nos véhicules électriques ».

« Et la peur est là »il a dit, « que ces postes pourraient être menacés » si un gouvernement populiste-conservateur de droite émergeait des élections.

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