A Vienne, l’échauffement des manifestants anti-bassin
Neuf fourgons de CRS bloquent une petite route du village de Migné-Auxances (Vienne). D’un geste du bras, des centaines d’opposants aux mégabassines signalent aux milliers d’autres qu’ils doivent couper à travers champs. Une première grenade lacrymogène est tirée. Le blé fraîchement récolté prend aussitôt feu. Très festif jusque-là, le cortège, organisé vendredi 19 juillet principalement par Les Soulèvements de la Terre et Bassines non merci (BNM), accélère le pas devant les flammes attisées par le vent. « Vous assassinez la nature »dit un homme, rejoint par un autre : « Des intellectuels… Une bombe lacrymogène dans un champ de paille… »
Juste au-dessus, les gendarmes tournent en hélicoptère d’où ils s’adressent directement à la foule : « Rejoignez les espaces verts et le village, le feu se dirige vers vous. » « Sors d’ici « Les militants répliquent, certains faisant un doigt d’honneur. La marche rapide se termine sur un sentier étroit, au bord d’un pont. A la vue d’une nouvelle présence policière de l’autre côté, les organisateurs abandonnent et demandent à tout le monde de faire demi-tour, provoquant la colère des militants italiens, cagoules et masques sur la tête : « Nous n’avons pas fait des heures de route pour ça… »
Vendredi était le premier jour d’action pour des milliers d’opposants – 3.800 selon la police, 6.500 selon les organisateurs – rassemblés « village d’eau » à Melle (Deux-Sèvres) depuis mardi 16 juillet a été en partie avortée. L’objectif était d’aller poser un panneau symbolique de « dissolution » devant le bâtiment de Cérience, filiale de la coopérative Terrena, « l’un des principaux promoteurs de méga-bassins en Poitou »de la « accumulateurs »selon les mots de Earth Uprisings. « La grande marche a eu lieule groupe s’en est néanmoins réjoui, avant d’accuser la police d’avoir volontairement provoqué l’incendie. Littéralement, c’est la politique de la terre brûlée qu’a choisie Gérald Darmanin…
Toute la journée, les opposants ont tenté d’être les plus mobiles possibles afin de déjouer l’immense dispositif policier. Comme prévu, 3 000 agents avaient été déployés sur le terrain. Depuis plusieurs jours, les manifestants affichaient ainsi leur volonté de se rendre à Saint-Sauvant (Vienne), commune où doit être construit à partir de septembre un nouveau mégabassin. Sans doute un leurre ou en tout cas un plan A qui cachait d’autres possibilités. Car, après avoir essuyé quelques tirs de grenades lacrymogènes dès leur sortie des parkings de « village d’eau »ils ont rapidement changé de destination sans affronter la police.
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