A Vénissieux, le complexe scolaire Sembat-Seguin est encore sous le choc au lendemain des violences qui ont éclaté aux portes de l’établissement. Cependant, la rentrée en classe s’est déroulée dans le calme mais sous surveillance policière. Les enseignants réclament des « moyens humains » pour « prévenir » ces incidents.
Sur le portique d’entrée du complexe scolaire Sembat-Seguin, les traces d’un incendie sont encore bien visibles. Autour de l’établissement, la présence policière est bien visible. La rentrée scolaire ce vendredi matin s’est toutefois déroulée dans le calme. Mais de nombreux enseignants sont encore sous le choc. Une cellule d’écoute a été mise en place.
« Ce matin, les confrères restent choqués par la situation et en colère face au manque de réponse de notre institution, qu’il s’agisse du rectorat, du ministère ou de la Région », indique Samuel Delor, professeur d’histoire-géographie et membre de la CGT. Pour ce dernier, « le problème de fond n’est pas résolu ». Et il ajoute : « Nous ne devons pas nous contenter d’agir lorsque des problèmes surviennent, nous devons fournir les moyens de prévenir ces incidents. Il faut prévoir des ressources humaines pour accompagner les étudiants plutôt que de supprimer des postes médico-sociaux, des postes de CPE.
Depuis la rentrée, il manque à cet établissement un demi-poste de conseiller pédagogique principal et un demi-poste d’infirmière. Ce vendredi matin, les enseignants continuent de réclamer des moyens supplémentaires
Ce vendredi matin, des étudiants interrogés devant l’établissement ont exprimé leur incompréhension concernant les événements de la veille. Les réactions ont été mitigées mais pas toujours surprises.
« Je viens de voir ça en arrivant en classe. Il n’y a aucune raison de brûler des choses, de brûler une voiture… il n’y a même pas eu de manifestation, c’est sans raison », réagit un lycéen. « Brûler une voiture, je dis que ça ne se fait pas ! Le jeune homme ne s’attendait pas à cette violence : « C’est quelque chose que j’ai déjà vu mais je ne m’y attendais pas ! »
« C’est choquant. Je viens et je vois des feux d’artifice, c’est choquant ! » dit un lycéen, plutôt par bravade. Un ami a surenchéri sur lui. "Ce matin, ils ont contrôlé tout le monde." assure un autre adolescent. « On en a un peu parlé en classe mais le professeur était trop choqué » assure ce dernier. « On en a parlé avec la prof principale. Elle nous a demandé si on était choqués, mais non ! Je ne suis pas choqué, personne ne m’a fait de mal. Ce n’est pas banalisé mais c’est normal », assure un lycéen. « Je ne connais pas ceux qui ont fait ça, je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça ! ajoute-t-il en conclusion.
Jeudi 3 octobre au matin, une voiture a été incendiée et un tramway caillassé, les personnels du complexe scolaire Sembat-Seguin ont été visés par des jets de pierres. Finalement, des tirs de mortier ont touché la façade de ce lycée de Vénissieux. La salle des professeurs a été visée par ces tirs de mortier. Les syndicats enseignants affirment avoir alerté à plusieurs reprises le rectorat sur les risques d’incidents graves dus notamment à un manque de moyens.
On ne peut pas simplement mettre un plâtre sur un pied en bois et être heureux d’avoir installé un portail. Cela ne répond pas à nos besoins dans l’établissement. Nous avons besoin de besoins humains et de soins durables.
Samuel DelorProfesseur d’Histoire-Géographie, membre CGT
Rien qu’au lycée Seguin, 60 constats d’incidents ont été émis en 15 jours, fin septembre. Les syndicats, qui sentaient que la situation allait dégénérer, avaient tiré la sonnette d’alarme. Comment se manifeste cette tension ? « Nous avons des signaux faibles : cela va du chahut dans les classes aux jets de projectiles, en passant par les incidents, jusqu’à la montée des tensions entre étudiants ou envers le personnel. On sent dans un établissement quand la pression monte. On sait que les ressources humaines permettent de le faire. » réduire la pression, identifier les situations et éventuellement les élèves perturbateurs, les accompagner, travailler avec les familles, punir si nécessaire, donner du sens à la sanction des adolescents, cela peut vite dégénérer si on ne fait pas ce travail en amont. « . explique Samuel Delor.
Selon cet enseignant, ces tensions sont survenues plus tôt que d’habitude cette année. UN « un accompagnement pédagogique dès la rentrée » est requis selon ce dernier. Sinon, « C’est une cocotte minute qui explose. »