Mardi 17 septembre, l’ancien leader de Mano Negra marquait son grand retour sur la scène centrale du Kilowatt à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), un lieu qu’il connaît bien pour y avoir déjà joué en 2023. Un concert « acoustique » de Manu Chao. Ne vous y trompez pas : chez l’artiste franco-espagnol, le mot « acoustique » rime plus avec énergie qu’avec tranquillité.
Niché à l’écart des voies du RER C, ce lieu allie ambiance roots et convivialité, avec ses food trucks et ses gobelets écolos, créant une atmosphère agréable qui sent bon la fin de l’été. Ce concert précède la sortie de son nouvel album, prévu le 20 septembre 2024 après dix-sept ans d’attente. Avec Longue vie à toiManu Chao livre un opus qui reflète son style unique et son engagement social, tout en montrant son évolution et ses expérimentations musicales.
Dans le public, tous les profils et tous les âges se croisent, tous réunis pour applaudir un artiste qu’ils redécouvrent ou connaissent par cœur. « C’est incroyable de le voir ici, après avoir joué devant 6 000 personnes en Amérique latine. Cela correspond au personnage ! »« C’est un moment très spécial, mais je ne suis pas le seul à le faire. Je suis très content de voir que je suis là …
Chaque concert devient un événement unique, et celui-ci ne fait pas exception.Ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement, certains venant même de loin pour cette soirée. Stéphanie, qui suit Manu Chao depuis près de vingt ans, a fait le trajet de 3h30 depuis Arras : « J’ai vu l’annonce sur Facebook et je n’ai pas hésité une seconde. Cela faisait presque dix ans que je ne l’avais pas vu. On part ce soir, mais ça valait vraiment le coup. »
A 21 heures, « Manu », fidèle à lui-même, arrive avec sa casquette vissée sur la tête, les poings en l’air, un gilet aux couleurs d’un club de sport, il débute avec un titre exclusif, La mer vénitienne, revisité en live. Avec Manu Chao, chaque concert est un moment privilégié. Entre l’album et la scène, changement d’ambiance : les ballades tranquilles peuvent vite se métamorphoser en hymnes d’espoir, criés et dansés.
Pendant le spectacle, quelques morceaux inédits du nouvel album ont été joués, mais la majorité des morceaux étaient des classiques comme Mauvaise vie, Clandestin Et Je t’aime bienEntre les pogos et les bières lancées en l’air, le public, front en sueur et cheveux poisseux, se régale. « Je le fréquente depuis quarante ans, c’est toujours la même énergie, le même partage. Super Manu ! » s’exclame Hervé, 61 ans.
Les couleurs de l’Amérique latine flottent dans l’air, les drapeaux argentins et les maillots de Maradona flottent, et l’écho de sa musique unit les générations. Le prochain album, Longue vie à toiprincipalement en espagnol, mais aussi en anglais, en français et en portugais, témoigne de sa portée internationale.
Même le rappeur Oli, du duo Bigflo et Oli, a fait le déplacement. Dans le public, il entame une conversation vidéo avec son père Fabian, musicien argentin, avant de monter sur scène pour une improvisation franco-espagnole.
Mais l’art de Manu Chao est avant tout un art de transmission. Sandrine et Manu, venus de Vannes avec leurs trois enfants et un ami de leur fils, partagent cette passion. « J’étais fan de Mano Negra, et quand Clandestin est sorti, c’est là que ma femme et moi nous sommes rencontrés. Nous avons ensuite fait découvrir sa musique à nos enfants. »explique le père en souriant.
Ses deux filles, Nelle et Naia, respectivement âgées de 18 et 15 ans, ne sont pas là par obligation ; elles ont même vu l’annonce du concert. Jérémy, 22 ans, ami de leur fils Noé, ajoute : « Je l’ai découvert grâce à mon professeur d’espagnol, j’ai adoré et j’ai même prévu de me faire tatouer une pochette d’album sur la jambe. »
La transmission est également au cœur de Longue vie à toiL’album sortira le 20 septembre prochain. Avec sa voix parlée, Manu, 63 ans, continue d’étonner sans avoir pris une ride, passant habilement du reggae aux sonorités tziganes. Les thèmes du monde et des relations humaines sont toujours là, intacts.
La même indignation, pimentée de critiques du capitalisme et de l’autorité, un doigt d’honneur levé contre la FIFA, la fédération internationale de football : Manu n’a rien perdu de son esprit contestataire, et l’opinion publique en redemande. « Je l’apprécie presque autant pour son engagement que pour sa musique. Cela fait partie de son art. »confie Sandrine.
Retour au disque. Ce nouveau projet se distingue par son mélange de genres et de générations. Dans le titre Mauvaise journée au paradisManu Chao partage le micro avec le légendaire chanteur country de 91 ans Willie Nelson sur le morceau Tu vas il s’associe à la nouvelle génération, notamment à la jeune rappeuse Laeti, héroïne de la série Valide.
Manu Chao nous avait habitué à un éternel retour et il continue avec son nouveau projet : ainsi dans Motoboy de São Paulo Ou Coeur sur la meroù l’on pense évidemment à son passage au Brésil. Car l’Amérique Latine est un passage obligé omniprésent depuis les origines de son art. Carmen, Maria et Eira, respectivement péruvienne et mexicaine, vivent en France et connaissent depuis longtemps celui qui a longuement parcouru leur continent. « À Mexico, il a joué devant 5 000 personnes sur la Plaza de la Constitución en 2006 et le voir pour la première fois dans un lieu aussi intimiste est fou. »dit Maria, une trentenaire de la capitale mexicaine.
Car en Amérique Latine, Manu Chao est une superstar grâce au syncrétisme musical et linguistique de ses chansons. « Je dirais que sa musique est davantage écoutée par les jeunes des universités publiques urbaines car son côté engagé et alternatif plaît à beaucoup, surtout ces dernières années avec les changements politiques en Amérique latine. »justifie Carmen, originaire de Lima.
Cet automne, Manu Chao poursuit son chemin, partageant sa musique pour faire danser toutes les générations. Il se produira à la Brixton Academy de Londres le 22 septembre, puis en Bretagne les 25 et 28 septembre. Toutes les informations peuvent être trouvées à l’adresse suivante : www.manuchao.net.
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