C’est une petite révolution pour les automobilistes habitués à circuler dans le centre-ville de Paris. La zone à circulation limitée (ZTL) entre en vigueur à partir de ce lundi dans les quatre premiers arrondissements de la capitale. 5,5 km² interdit aux véhicules motorisés « transit », c’est-à-dire ceux qui ne font que passer, à l’exception des véhicules de secours, des bus, des taxis, des personnes à mobilité réduite, des automobilistes y résidant ou y travaillant. Trafic « destination » est également autorisé, à savoir ceux dont les points de départ et d’arrivée se trouvent dans le secteur, pour un rendez-vous médical, faire des courses, aller au cinéma… Ariel Weil, maire de Paris Centre (1er, 2e, 3e et 4e arrondissements de Paris), espère voir une baisse du trafic « 10 à 15 % ». Un appareil, selon lui, « très efficace en combinaison avec les effets de la modification du plan de circulation de Paris Centre » pour que cette zone ne soit plus une « raccourci ».
Mais cette nouvelle mesure, qui vise à limiter la circulation très dense dans cette zone ainsi que la pollution sonore et atmosphérique, a été vivement critiquée par l’opposition municipale de droite. Dans un communiqué, le groupe Changer Paris, qui regroupe principalement des élus républicains, critique un système de « zéro impact écologique » et qui favorise « l’expulsion des Parisiens au profit des touristes ». « Le contrôle du respect de cette ZTL sera très mal assuré et fera naître de nouvelles contraintes bureaucratiques kafkaïennes pour les Parisiens. » ajoutent-ils.
Une perte de clients pour les magasins ?
Certains commerçants craignent également un impact sur leur chiffre d’affaires. Le Figaro a interrogé plusieurs d’entre eux. «Ça va être un désastre. Ma clientèle est majoritairement composée de touristes mais le midi, j’ai beaucoup de travailleurs qui s’arrêtent habituellement en voiture. explique le gérant d’une boulangerie. Un représentant des commerçants du quartier situés dans le 4e arrondissement est encore plus catégorique : « Si la municipalité veut tuer le commerce local, elle ne peut pas faire mieux. » « Le jeu du massacre des commerces originaux et atypiques qui contribuent à l’âme de Paris Centre se poursuit avec l’idéologique ZTL »croit en X Aurélien Véron, élu au conseil municipal de Paris et porte-parole du groupe Changer Paris.
Cependant, selon les experts en matière de déplacements urbains, ces inquiétudes sont infondées. Selon Lucile Ramackers, consultante en mobilité urbaine, « Il existe de nombreuses études et contre-exemples sur le trafic de transit : en réalité, les gens ne s’arrêtent pas quelque part par hasard. Et enfin, le trafic de transit représente principalement des nuisances pour l’activité et pour les riverains. Un avis partagé par Mathieu Chassignet, ingénieur spécialisé en mobilité durable, qui souligne qu’une récente étude de l’Atelier Parisien d’urbanisme montre que seulement 3% des clients qui se rendent à Paris Centre le font en voiture. « A terme, avec moins de trafic de transit, ce sera plus agréable pour les piétons et pour les cyclistes qui viendront plus souvent consommer dans ce quartier », il résume. Mathieu Chassignet ajoute que d’autres villes qui ont mis en place ce système « malgré un premier tollé » commerçants « se rendent compte qu’ils en bénéficient et demandent ensuite sa prolongation ». Ariel Weil rappelle que la mairie a pris la décision de ne pas piétonner l’hypercentre de Paris et que « Les livraisons et les clients pourront toujours venir sur place. Nous sommes même allés plus loin avec une exonération totale pour les commerçants et artisans. précise-t-il.
« Une réduction des nuisances sonores et des émissions » à Barcelone et Londres
L’opposition craint également que la circulation dans les quartiers voisins n’explose. « Les reports de trafic pourraient atteindre jusqu’à 40 % sur certains axes. » dit Changer Paris, en déplaçant simplement les pollutions et les nuisances vers d’autres quartiers. Une conséquence que les spécialistes interrogés par Libérer partager, tout en le tempérant. « Cela peut être compliqué pendant un moment. Mais ensuite les gens s’y habituent et il y a un système d’évaporation du trafic. On remarque qu’au bout d’un moment, il y a tout juste moins de déplacements en voiture. Pour les cas de Barcelone et de Londres, où ce système a été mis en œuvre dans certains endroits, nous constatons une réduction à la fois de la pollution sonore et des émissions. explique Lucile Ramackers. Même constat pour Mathieu Chassignet : « Il y a certainement une légère augmentation du trafic. Mais ce sera sur les boulevards qui pourront l’absorber. Et il ne faut pas oublier que dans ce genre de situation, une partie du trafic disparaît parce que les gens finiront par utiliser d’autres modes de déplacement.»
Contrôler les véhicules qui ignorent les règles soulève également des questions. Jugé « flou » Par l’opposition, la mairie souhaite dans un premier temps qu’ils soient effectués de manière aléatoire par des policiers municipaux avant d’éventuellement mettre en place un système de contrôle automatique. « L’Italie est en avance dans ce domaine. Nous pouvons suivre une plaque d’immatriculation et calculer que la voiture ne s’est pas arrêtée pour faire une course ou aller au restaurant. C’est assez simple quand on peut estimer l’itinéraire parcouru et le temps. explique Lucile Ramackers. Ariel Weil est peut-être « très solidaire » À la verbalisation vidéo à l’aide de caméras de surveillance, le système ne peut pas encore être mis en œuvre, faute de cadre législatif qui le permette.