L’usine historique Peugeot, qui bénéficie du succès commercial de ses modèles électriques et hybrides 3008 et 5008, prévoit d’embaucher 450 intérimaires pour accélérer la production. Si Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a déclaré dimanche 20 octobre que « rien ne doit être exclu » en matière de fermetures d’usines, en pleine implantation de constructeurs chinois en Europe, Sochaux ne s’inquiète pas outre mesure de l’avenir de ses site, modernisé pour un montant de 200 millions d’euros.
Pour attirer les candidatures, le constructeur s’est installé sur un marché au pied des tours du quartier populaire de Petite-Hollande, à une poignée de kilomètres de son usine. Des tonnelles ont été installées pour accueillir les candidats, ainsi qu’une banderole et une Peugeot e-3008.
«Je suis venue au marché», sourit Sonia Louchene, surprise. Entre l’étal du boucher et celui du primeur, cette femme de 40 ans ne pensait pas penser à la suite de sa vie professionnelle. Elle s’empare néanmoins d’un prospectus.
Loin. A partir du 4 novembre, Stellantis Sochaux met en place une équipe de nuit pour produire ses nouveaux modèles. A l’approche de la date fatidique, l’industriel a mené trois opérations de recrutement dans les quartiers populaires de la région de Montbéliard, qui vit au rythme de l’industrie automobile.
«C’est une première», affirme Séverine Brisson, responsable de la gestion de l’emploi du site Stellantis. «Nous voulons aller à la rencontre des gens», explique Brice Gaisser, responsable commercial à l’agence locale France Travail, implantée dans ce secteur classé quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).
Le bassin de Montbéliard a enregistré un taux de chômage de 8,9% à la fin du 2ème trimestre, contre 7,3% au niveau national. Un taux qui double généralement dans les quartiers prioritaires. « Nous allons vers les personnes les plus éloignées de l’emploi et qui ne viennent pas nous rencontrer », explique Nathalie Gaillot, directrice de l’agence.
Une semaine. Mustapha, pochette en carton sous le bras, vient de remettre un CV aux conseillers à l’emploi après avoir découvert l’initiative sur internet. « Je suis à la recherche d’un emploi depuis le 4 octobre et je me suis dit que j’allais tenter ma chance », confie-t-il, sans vouloir préciser son nom de famille.
Sonia Louchene, de son côté, est toujours en congé parental, mais elle souhaite retourner au travail. Elle envisage sérieusement de troquer sa blouse blanche d’infirmière auxiliaire contre une salopette de travail. Elle a travaillé dans l’usine il y a une vingtaine d’années et en garde de bons souvenirs.
Une fois ciblés, les candidats sont orientés vers des agences de travail temporaire, qui effectuent les premiers tests. Ensuite, les recrues sont accueillies au centre de formation Stellantis pour une semaine d’initiation.
Exercices. « Tous les exercices permettent de définir le niveau de compétences », précise Elsa Pattarozzi, responsable de la formation et de l’assistance. Vissage, raccordements, conformité… « Nous leur apprendrons aussi la rapidité d’exécution, car nous travaillons à la minute », poursuit-elle. Pour ceux qui maîtrisent mal le français, les tâches ont été filmées et retranscrites avant d’être traduites.
En fonction des compétences, « nous déterminons le meilleur endroit », ajoute Séverine Brisson. Montage, pose, peinture, logistique…
En novembre, l’usine comptera 6 000 salariés, dont un millier d’intérimaires. Avec cette nouvelle équipe, l’usine sera capable de produire quotidiennement plus de 1 000 exemplaires, contre 800 actuellement.
QUARTIER Thibault
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