A Séville, les victimes du manque de préparation des autorités face à l’expansion du virus du Nil
« Qu’il vienne regarder une à une les familles des victimes dans les yeux et leur dire qu’il n’y a aucune raison de s’alarmer ! », s’indigne Rafael Sosa devant un demi-cercle d’une quarantaine de personnes, principalement des proches de victimes du « virus du Nil ». Ce lundi 16 septembre, ils se sont rassemblés devant la mairie de Dos Hermanas, dans la banlieue de Séville, dans le sud de l’Espagne.
Depuis le début de l’été, avec douze autres communes situées dans le périmètre des zones humides de l’embouchure du Guadalquivir, la ville est durement touchée par ce fléau qui se propage en Europe avec le changement climatique, en commençant par le sud. Huit décès ont déjà été enregistrés en Espagne. Sept ont été infectés dans la province de Séville, principalement dans l’une de ces treize communes. « Il » est le président du gouvernement andalou. Les organisateurs du rassemblement estiment que l’institution n’a pas fait le nécessaire pour éviter ces drames et digèrent mal ses appels à « ne pas alarmer la population ».
Les scientifiques alertent depuis près de 20 ans
En 2020, Rafael Sosa a perdu son beau-père, Victoriano Gómez, 77 ans, premier décès officiellement lié au virus. Cette année-là, la « fièvre du Nil occidental » a causé huit morts en Espagne. Le tout en Andalousie. Sept dans la province de Séville, la plupart infectés dans la même zone qu’aujourd’hui. Le pays a alors découvert que ce mal pouvait le frapper durement.
Pourtant, les scientifiques alertent depuis près de 20 ans. Avec le changement climatique, de nombreux moustiques, transmetteurs du virus, survivent à des hivers plus doux, ce qui augmente considérablement la circulation de la maladie. Particulièrement dans les zones humides, où l’insecte prolifère. Ces derniers mois, l’embouchure du Guadalquivir a connu une invasion historique de moustiques.
« J’ai vu la série « The Walking Dead », c’est pareil ! »
« Rien n’a été fait depuis 2020. Et, aujourd’hui, le virus est revenu plus fort et plus agressif », regrette Rafael Sosa. Résultat ? « Ma tante est hospitalisée depuis le 20 août. Elle a 80 ans et présente des comorbidités. C’est une battante mais, là, je pense… qu’elle n’y arrive pas », confesse Jessica, 42 ans, venue au rassemblement avec son fils Gabriel, 11 ans. « On reste enfermés à la maison pour éviter les piqûres », précise ce dernier. «Je ne le laisse pas sortir. J’ai peur», confirme sa mère.
Avec l’annonce des premiers cas graves et le pic de l’invasion fin juillet, une psychose s’est emparée des communes les plus touchées. « La Puebla del Río se transforme en village fantôme au crépuscule. J’ai vu la série « The Walking Dead », c’est pareil ! », a déclaré un habitant lors de la première manifestation organisée par la plateforme citoyenne « Lutte contre le virus du Nil », le 5 août. Fondée il y a deux mois par Juan José Sánchez, habitant de La Puebla del Río, la plateforme fait tout pour contester les pouvoirs publics et alerter la population de la situation. « Parce que le virus tue. Ça tue et ça laisse des séquelles», insiste son fondateur.
Lola, 18 ans et une jeunesse « gâchée »
Maribel Díaz ne le sait que trop bien. En 2020, sa nièce de 14 ans, Lola, est restée gravement handicapée : « Elle revenait d’un anniversaire avec une très forte fièvre. La deuxième fois qu’elle est allée chez le médecin, ils lui ont dit : « Reviens demain à 7 heures, c’est peut-être le covid »… Elle s’est effondrée par terre en rentrant chez elle et une ambulance est venue la chercher. Aujourd’hui, ma pauvre nièce est en fauteuil roulant sous respirateur. Elle ne peut ni bouger ses jambes ni ses bras. Elle a du mal à s’exprimer. Impossible de sortir, de manger ou de se laver seul. Elle a 18 ans et a toute la vie devant elle. Sa jeunesse est gâchée et nous ne savons pas si elle s’en remettra un jour. »
Nayada Jímenez, 43 ans, qui souffre de fibromyalgie due au virus depuis 2021, ne peut plus travailler et a du mal à emmener sa fille de neuf ans à l’école. Julio García, 78 ans, ne parvient pas à sortir de son fauteuil roulant et reste confus, un mois après sa sortie de l’hôpital. Francisco Parrado, 59 ans, a la moitié du visage paralysé depuis la fin de son hospitalisation en août.
79 cas cette année
Quel sera le résultat cette année ? Jusqu’à présent, 79 cas ont été signalés en Andalousie, la région avec la plus forte concentration. Dont au moins 70 dans la province de Séville. « C’est probablement beaucoup plus. » On ne vous compte que lorsque vous arrivez à l’hôpital avec une méningite grave (une conséquence du virus, NDLR)», insiste Juan José Sánchez, convaincu que le gouvernement régional cherche à minimiser.
2 heures ago
Eleon Lass
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