A Sandouville, Renault confirme la production en France d’une nouvelle vague de véhicules utilitaires
En matière de réindustrialisation, toutes les bonnes nouvelles doivent être célébrées, même lorsqu’elles sont prévisibles. Renault a confirmé ce vendredi avoir choisi son usine normande de Sandouville pour produire sa future génération de véhicules utilitaires à partir de 2026, conduisant le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à faire le déplacement en compagnie du patron du groupe Luca de Meo et du maire de Le Havre Édouard Philippe.
L’arrivée sur les chaînes d’assemblage de ce fourgon 100 % électrique, premier véhicule du groupe à être doté d’une architecture logicielle centralisée, se traduira par un investissement de 300 millions d’euros d’ici 2026, destiné essentiellement vers la Normandie. L’entreprise annonce par ailleurs 550 recrutements en CDD et CDI sur les quatre prochaines années, le site comptant actuellement 2 450 salariés dont 600 intérimaires.
Le choix de Sandouville n’est pas vraiment une surprise. Contrairement à la production de voitures particulières, dont une grande partie a été externalisée ces dernières années, la base industrielle de Renault pour les véhicules utilitaires est restée concentrée en France, assurant 80% des 450.000 véhicules du groupe fabriqués en France l’an dernier.
Ancrer les services publics en France
Tandis que le site de Batilly Lorraine assure le montage de grands fourgons (le Master), Sandouville se spécialise dans le Trafic, de taille intermédiaire, comme le futur véhicule attendu dans deux ans. Le nom de l’usine normande avait déjà été évoqué en octobre, lorsque Renault avait dévoilé son alliance avec Volvo Trucks pour concevoir ce « FlexEvan ».
Le groupe confirme néanmoins sa volonté d’ancrer sa production de véhicules utilitaires en France, là où certains concurrents choisissent des pays à faibles coûts salariaux, comme la Turquie. L’adaptation des fourgons aux besoins spécifiques, demandée par la plupart des clients professionnels et artisans, permet de compenser le coût des travaux, explique un cadre. La pérennité de l’activité semble désormais assurée pour une bonne décennie.
Le directeur général du Losange a qualifié le choix de Sandouville de « travail d’équipe, avec un réel soutien des pouvoirs publics ». En retour, le ministre de l’Économie n’a pas ménagé ses compliments, qualifiant le dirigeant italien d’« exceptionnel » lors d’un échange devant micros et caméras avec des salariés. Il l’a ensuite applaudi lors de son discours « pour tout ce qu’il a fait à la tête de Renault ces dernières années ».
Qualifiant la réindustrialisation de « mère de tous les combats », Bruno Le Maire notait alors, comme Edouard Philippe avant lui, que cet objectif nécessitait une main d’œuvre possédant les compétences requises, un prix de l’électricité compétitif et des terrains disponibles pour implanter des usines. Sur ce dernier point, il a annoncé l’aménagement de 1.500 hectares dans les ports du Havre, Dunkerque et Marseille, assurant qu’« il est bon pour l’environnement de produire en France ».