A Saint-Pétersbourg, les opposants résistent sur la pointe des pieds
Pour Anna, Vladimir, Piotr ou Daria, pas question de quitter la Russie. « Nous resterons à Saint-Pétersbourg, dans notre ville, dans notre pays ! Ce n’est pas notre place de partir. C’est à (Vladimir) Poutine doit quitter le pouvoir… » Entre deux confidences, à la terrasse d’un café au cœur de l’ancienne ville impériale, Anna affirme résolument son opposition au chef du Kremlin. Elle souhaite toutefois rester anonyme, comme la plupart des Saint-Pétersbourgsois politiquement actifs. « dans la vie d’avant », celui d’avant le conflit en Ukraine et la vague de répression qui est tombée jusqu’à museler toute voix critique. Ces opposants, qui continuent de travailler dans l’ombre, demandent tous, par précaution, que leur nom soit changé.
« Nous ne pouvons plus manifester ni nous réunir au siège de l’opposition. Sur les réseaux sociaux, je m’autocensure, pour ne pas être poursuivi pour un simple post », explique Anna, 42 ans, mère et commerciale. A Saint-Pétersbourg, elle s’implique dans la défense des droits civiques et électoraux dans une organisation classifiée « agent étranger » par la justice russe. Elle s’inquiète pour son fils de 21 ans et sa fille de 13 ans.
A l’université, l’aîné doit « zigzaguer pour éviter la mobilisation militaire », dit-elle, et ses mains tremblent lorsqu’elle l’imagine devant aller au front. Sa fille cadette, à l’école, est obligée d’assister au lever du drapeau et à la « leçons d’objets importantes », des rituels patriotiques devenus obligatoires. « Heureusement, l’éducation ne se fait pas seulement à l’école. A la maison, je reviens avec elle sur les vrais sujets importants ! « , assure sa mère. « Nous ne pouvons plus nous rebeller, mais nous pouvons encore résister. Et attends », résume Anna qui se culpabilise souvent « ne pas faire plus ».
Poursuivi pour « extrémisme »
Contrairement à une cinquantaine de ses proches qui ont fui le pays, elle a choisi de rester. Pour l’instant. «Mais cela ne veut pas dire que je me contente de vivre dans la Russie de Poutine. Je mène une vie parallèle, à peine normale… » Le souvenir des récentes perquisitions menées à son domicile, pour son autre activité dans l’un des mouvements d’opposition poursuivis pour « extrémisme », continue de la hanter. « À deux reprises, la police est venue à l’aube perquisitionner mon appartement. Mes enfants s’en souviennent encore. Parfois, à 5 heures du matin, je me réveille, envahi par la peur d’une nouvelle visite lourde. » Une troisième recherche et la ligne rouge sera franchie : « Nous partirons ! » « , elle décide. Elle a également commencé à apprendre l’allemand.
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