A Saint-Brevin comme ailleurs, la terreur d’extrême droite ne passera pas

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Habituellement, presque personne ne s’intéresse à Saint-Brevin-les-Pins, petite station balnéaire sans histoire à l’embouchure de la Loire. Sur la plage parsemée des arbres qui lui donnent son nom, en été, les touristes flânent et scrutent les géants d’acier qui naissent au loin, sur les chantiers navals de Saint-Nazaire. Ce mercredi 24 mai, il sera pourtant l’épicentre d’une mobilisation devenue un enjeu national.
L’Association des maires de France (AMF), élus socialistes, insoumis, communistes, écologistes défileront dans les rues de la commune, à l’occasion d’une marche de soutien au maire démissionnaire Yannick Morez, contraint de fuir son mandat et sa ville après une attaque d’extrême droite contre son domicile. L’édile divers de droite, qui dénonce les négligences du gouvernement, se dit saisi « de l’ampleur que la chose a prise ». Il est devenu un symbole. « Ce qui s’est passé à Saint-Brevin est un échec pour la République et ça doit être une alarme pour les démocrates de notre pays »tranche André Laignel, vice-président (PS) de l’AMF.
Des groupuscules qui alimentent le moulin complotiste du « grand remplacement »
« L’extrême droite a une stratégie de terreur pour dissuader les maires d’avoir une politique en faveur de l’asile des migrants, au nom de leur vision raciste de la société, il continue. A Saint-Brevin, l’incendie criminel du maire est un acte terroriste. » « Europol a annoncé que c’est la France qui détient le triste record d’actes de violence provoqués par l’extrême droite, rappelle Saint-Brevin »précise le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui se déplacera en Loire-Atlantique pour représenter les communistes, aux côtés du porte-parole Ian Brossat.
L’extrême droite a une stratégie de terreur pour dissuader les maires d’avoir une politique en faveur de l’asile des migrants, au nom de leur vision raciste de la société. A Saint-Brevin, l’incendie criminel du maire est un acte terroriste ». Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
Le député du Nord appelle à plus de fermeté contre les groupuscules et à l’inéligibilité des dirigeants d’extrême droite condamnés pour des propos racistes ou antisémites : « Ceux-là entretiennent le climat de haine qui s’est abattu à Saint-Brevin sur un élu. »
Dans la commune, des groupuscules loin de se soucier du sort des Brévinois ont rejoint un mouvement d’une dizaine d’habitants opposés au déplacement du centre d’accueil des migrants à proximité d’une école. Ils y voient une eau de plus pour le moulin complotiste du « grand remplacement » des populations blanches par des populations immigrées et racisées.
Pour le député FI de Loire-Atlantique, Matthias Tavel, qui conduira la délégation insoumise dans la marche, il s’agit aussi de s’unir pour montrer que l’extrême droite n’a pas gagné la partie : « Il y a une histoire victorieuse qui se noue entre eux et qu’il faut contrer : à Callac, ils ont obtenu l’annulation du projet de centre d’accueil (le maire de cette commune bretonne a rétropédalé face aux menaces en janvier – NDLR) ; à Saint-Brevin, ils pensent avoir eu la « peau » du maire, en tout cas son mandat. »
Dans l’Indre aussi, un maire raconte les menaces depuis l’annonce du projet de centre d’accueil pour demandeurs d’asile
De quoi inquiéter l’AMF et d’autres élus directement concernés, comme Laurent Laroche, maire sans étiquette de Bélâbre (Indre). La commune du Berry doit accueillir un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en 2024. Au micro de RTL, l’édile raconte les menaces qu’il subit depuis l’annonce du projet, avec notamment un mail anonyme reçu en février : « On m’a dit que j’étais un traître à la cause française, un collaborateur. Et que, le moment venu, je serai pendu sur la place publique. »
Nous avons le sentiment d’être des sous-traitants de l’Etat, contre le principe de libre administration des communes ». André Laignel, vice-président (PS) de l’Association des maires de France
Derrière ces menaces, il y a un malaise plus large qui touche les maires de France. « On a le sentiment d’être des sous-traitants de l’Etat, contre le principe de libre administration des communes »dénonce André Laignel.
Le socialiste rappelle que les projets de centre d’accueil, même soutenus par les maires concernés, sont portés par le ministère de l’Intérieur, « et après, on reste seuls en première ligne ». Ce « sentiment d’abandon » est aggravée par la baisse des dotations et des budgets plombés par l’inflation. Selon l’AMF et sur seulement 45 départements ayant communiqué leurs statistiques, 293 maires ont démissionné depuis les dernières élections de 2020, auxquels s’ajoutent 1 959 députés et 9 307 conseillers municipaux, soit 12 648 élus (sur 512 000).
L’absence d’élus de droite et de la Renaissance interroge
Face au scandale, et accusé d’inaction par Yannick Morez, le gouvernement a arrêté, le 17 mai, un plan de lutte contre les violences envers les élus – repris mardi par le groupe Renaissance, qui prévoit le dépôt d’une proposition de loi visant à alourdir les peines pour les auteurs de ces violences. Mais ses propositions, comme la création d’un centre d’analyse dédié à cette question, semblent faibles. L’attentisme de certaines préfectures est pointé du doigt.
Fabien Roussel prend en exemple le maire de Villerupt, en Meurthe-et-Moselle : « Pierrick Spizak alerte depuis des semaines sur le bain de sang qui pourrait survenir sur fond de règlements de compte liés au trafic de drogue. Il n’a jamais reçu de réponse des autorités et une fusillade a fini par avoir lieu. » A Saint-Brevin, Yannick Morez n’a pas été entendu par la préfecture lorsqu’il a appelé à l’interdiction des manifestations d’extrême droite devant sa mairie. « Quand tu vois la facilité avec laquelle on prend des commandes contre casseroles et poêles… » bouillonne André Laignel.
Il est pourtant paradoxal que ce soit nous, élus de gauche, qui ayons dû intervenir pour défendre un projet initié par le ministère de l’Intérieur et porté par un maire divers de droite ! » Matthias Tavel, député FI de Loire-Atlantique
L’absence d’élus de droite ou de la Renaissance à la marche du 24 mai interroge. Est-ce dû au fait que la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, est à l’initiative ? La section départementale de l’AMF 44 a annoncé qu’elle ne participerait pas à la marche, en raison de la « caractère politique » de mobilisation. « C’est quand même paradoxal que ce soit nous, élus de gauche, qui ayons dû monter au créneau pour défendre un projet initié par le ministère de l’Intérieur et porté par un maire divers de droite ! » ironiquement, amer, l’insoumis Matthias Tavel.
La Macronie s’est montrée très timide pour désigner nommément le responsable des violences à Saint-Brevin – l’extrême droite identitaire. Comme prononcer le mot « acte terroriste » concernant l’incendie criminel qui a failli coûter la vie au maire et à sa famille. La majorité, bien qu’étant très à l’aise lorsqu’il s’agit d’inventer un « éco-terrorisme » ou un « terrorisme intellectuel » à gauche, a préféré parler plus vaguement, comme l’a fait la Première ministre Elisabeth Borne, de la « risque d’extrémisme ».
Manière d’embarquer la gauche radicale dans l’affaire. UN « mélange scandaleux » pour Matthias Tavel : « Par contre, ils donnent des brevets de respectabilité aux députés RN parce qu’ils présentent bien à l’Assemblée… » C’est, au fond, l’enjeu de cette marche : dénoncer l’incurie de l’État face à une menace de plus en plus concrète, et montrer comment les macronistes, obsédés par l’idée de disqualifier leur opposition, laissent tout confondre. , contribuent à désarmer l’opinion publique face au péril brun.
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