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à Riyad, l’Opep+ soucieuse de préserver son unité

Entre les ministres de Riyad et d’autres qui participeront à la réunion par visioconférence, l’Opep+ joue dimanche un score inédit, avec un objectif : maintenir l’unité du cartel dans un moment de grandes incertitudes économiques et géopolitiques.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dirigée par l’Arabie saoudite et leurs alliés menés par Moscou, qui ont conclu un accord appelé OPEP+ en 2016 pour mieux influencer le marché, devaient initialement tenir leur grand-messe semestrielle au siège du cartel. à Vienne.

Mais elle a été reprogrammée en ligne, avant qu’un rendez-vous ne soit donné à certains membres à Riyad.

La réunion devrait commencer à 11h00 GMT.

De l’avis des analystes interrogés par l’AFP, les 22 ministres devraient maintenir une ligne prudente en reconduisant les réductions de production déjà annoncées, pour au moins un trimestre, voire jusqu’à la fin de l’année.

Cette stratégie, entamée fin 2022 face à la baisse des prix, vise à profiter de la rareté de l’offre pour faire grimper les prix.

L’OPEP+ maintient actuellement près de six millions de barils sous terre, à la fois grâce à des décisions à l’échelle de l’alliance et à des réductions volontaires supplémentaires.

Quotas de discorde

Donc pas de suspense. En revanche, le groupe pourrait être poussé vers « réviser les quotas de certains membres »souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste de marché chez Swissquote Bank.

Ceux qui se rendent à Riyad semblent vouloir discuter d’une augmentation, a expliqué à l’AFP un expert proche de l’Opep. Et ainsi conserver les découpes des façades, tout en augmentant leurs volumes.

Le ministre kazakh de l’Energie, Almasadam Satkaliev, a confirmé sa participation, selon l’agence nationale Interfax. Le Koweït sera également représenté, selon une source au sein du ministère du pétrole. La presse financière évoque également la présence potentielle de ministres irakiens et russes.

Ils font partie des pays qui, avec l’Algérie et Oman, ont accepté de serrer les vannes, à l’appel de l’Arabie Saoudite, souhaitant partager le fardeau des coupes.

Riyad devra « faire des compromis supplémentaires » pour permettre la modification des quotas, « mais cela devrait contribuer à protéger l’unité du cartel »estime Mme Ozkardeskaya.

La question est une source récurrente de discorde au sein de l’alliance, suscitant des débats houleux, voire des départs fracassants. L’Angola a quitté le navire de l’OPEP fin 2023, mécontent de l’objectif de production qui lui était assigné.

Préparez-vous à rouvrir les vannes

Mukesh Sahdev de Rystad Energy s’attend à « Négociations intenses sur les chiffres clés ».

D’autant plus que l’OPEP+ fait face « un défi majeur » : « les barils effectivement mis sur le marché sont probablement supérieurs à ce qui est enregistré », note-t-il. De quoi faire dérailler la stratégie du cartel.

L’Irak et le Kazakhstan ont en effet dépassé leurs quotas au premier trimestre, tandis que la Russie a affiché une surproduction en avril.

Depuis la dernière réunion de novembre, le groupe a réussi à maintenir les prix du brut assez stables, autour de 80 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord comme le WTI américain, sans parvenir à les faire décoller.

D’ici 2025, les observateurs du marché tablent sur un dispositif complexe qui rouvrirait progressivement les vannes sans baisser les prix.

Un véritable casse-tête, surtout à l’heure où des questions demeurent sur la résilience de la demande mondiale.

L’OPEP persiste et maintient ses prévisions de demande pour 2024 rapport après rapport, quand l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est moins optimiste et a révisé ses estimations à la baisse.

« Contexte inflationniste, perspectives économiques maussades et incertitudes des banques centrales »l’environnement est  » difficile « commente Ipek Ozkardeskaya, évoquant également la forte concurrence du pétrole américain et les tensions au Moyen-Orient.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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