A quoi servent les cours d'observation ?
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A quoi servent les cours d’observation ?

A quoi servent les cours d’observation ?

Inspecter de somptueuses suites aux côtés d’une gouvernante. Accompagnez les clients dans l’ascenseur, habillé en majordome. Faire un tour en cuisine et déguster de succulentes pâtisseries… Son stage de troisième année, effectué en décembre à l’Hôtel de Crillon, un célèbre palace parisien, Demba, 15 ans, n’est pas près d’oublier. Ce collégien originaire d’Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) espère y retourner l’année prochaine pour son stage de deuxième année, qui durera non pas une mais deux semaines. Un nouveau pas vers son rêve : « Devenez directeur général du palais. »

Le stage de Demba coche toutes les cases pour une expérience réussie. Un projet professionnel qui s’affine – « J’ai adoré le métier de majordome, ils sont proches des clients ! » –, des horizons élargis et un sens des responsabilités accru pour ceux qui ont dû rédiger une lettre de motivation convaincante, soigner leur comportement et leur ponctualité. Obtenu grâce à l’association Un stage et après, ce stage a même débouché sur une offre d’engagement supplémentaire le week-end, après ses 16 ans. Argent de poche bonus.

Si tous les stages ne suscitent pas le même enthousiasme, l’éducation nationale y est en tout cas prête. « séquence d’observation en milieu professionnel » des objectifs ambitieux : « Enrichir la culture civique générale des étudiants »tout en tenant compte de leurs intérêts et en impliquant « activement » Leurs familles.

« Une plongée dans le monde des adultes »

Plus prosaïquement, son extension à la deuxième (au-delà de la troisième, classe où elle est obligatoire depuis 2005) vise à « récupérer le mois de juin pour les étudiants qui ne passent pas d’examens de fin d’année », selon les mots d’Emmanuel Macron. Pour la première fois cette année, ces jeunes lycéens doivent effectuer un stage du 17 au 28 juin, pendant que leurs aînés passent le baccalauréat et que leurs professeurs surveillent les épreuves.

Mais au-delà des déclarations d’intention et des aspects pratiques, à quoi sert réellement un stage d’observation ? «Pour avoir une idée plus précise de ce que signifie travailler»répond sans hésiter Frédérique Alexandre-Bailly, directrice générale de l’Office national d’information sur l’éducation et les métiers (Onisep). « Se lever à l’heure, entretenir une relation avec un client, un patron ou un subordonné, écouter les histoires de ses collègues à l’heure du déjeuner… Les étudiants entrent dans le concret, et c’est extrêmement précieux. »

« Pour eux, c’est une plongée dans le monde des adultes ! « , confirme Omar Benlaâla, écrivain et responsable pédagogique de l’association Un stage et après, qui a accompagné le jeune Demba. « À l’exception de leurs parents et de leurs professeurs, ils voyaient peu d’adultes dans leur travail quotidien. Leur offrir cette opportunité de nous observer offre des rencontres uniques entre différentes générations et différents milieux sociaux. Leur regard neuf peut également pousser les professionnels à faire évoluer leurs pratiques. »

Mieux comprendre vos goûts et vos compétences

La découverte des métiers est-elle uniquement « secondaire », comme le dit Omar Benlaâla ? Cette première expérience, il est vrai, détermine rarement un projet professionnel. Et dans un pays où, sans doute plus qu’ailleurs, les réseaux personnels jouent un grand rôle, le stage permet encore trop peu de sortir de son environnement d’origine. Lorsque certains visitent de grands groupes ou des cabinets d’avocats, d’autres se rendent au garage familial ou au dépanneur local. En milieu rural, la question des transports limite le champ des possibles.

« On connaît tous quelqu’un à Bayard »confirment les jeunes stagiaires reçus cette semaine à La Croixqui sont loin de tous rêver de journalisme. « Je souhaite devenir psychologue, mais pour des raisons de confidentialité, je n’ai pas pu faire de stage en cabinet », explique Constance, 16 ans. Kaïs s’imagine dans la banque, mais ces stages sont impossibles avant 18 ans.

« Pour que cela présente un intérêt, il faut que le stage soit accompagné »insiste Claire Piolti-Lamorthe, professeur de mathématiques et directrice de classe de troisième à Lyon. « En amont, nous préparons l’étudiant à savoir comment se comporter dans le monde professionnel. Et en aval, nous l’amenons à formuler des questions personnelles sur son stage, à travers le fameux rapport et la présentation orale qui suit. » Avec un objectif : mieux connaître ses goûts et ses capacités, ou tout simplement exclure de son domaine un métier sur lequel on se faisait de fausses idées.

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« Plus il y a de cours, mieux c’est »

Frédérique Alexandre-Bailly
Directeur général de l’Office national d’information sur l’éducation et les métiers (Onisep)

« Avoir étendu les cours jusqu’en CE1 est, selon moi, une très bonne idée : plus il y en a, mieux c’est ! Pourquoi pas aussi en première et terminale ? Plus les étudiants le font, et dans des structures différentes, plus ils affinent leurs représentations et leur projet. Dans certains pays, notamment en Europe du Nord, les gens découvrent le travail très jeunes. Ce n’est pas la culture dominante en France, où les séquences d’études et de travail se succèdent plus qu’elles ne se chevauchent. Cela fait défaut, car il existe une réelle différence de maturité entre ceux qui ont une expérience professionnelle et ceux qui n’en ont pas. »

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