Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, « cela reste relativement limité mais ce n’est pas négligeable », à l’heure où l’institut anticipe une croissance modeste du PIB en 2024 (1,1%) comme en 2025 (+0,8%). Selon l’OFCE, « la croissance serait pénalisée notamment par l’affaiblissement de l’investissement » des entreprises, dont l’incertitude politique incite à la prudence. Alors que les députés commencent à examiner le projet de budget 2025, les économistes constatent également l’impact négatif sur l’activité des mesures de réduction des finances publiques.
Conséquences sur l’emploi
L’effort budgétaire envisagé par le gouvernement, qui espère réduire le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, « conduirait à réduire la croissance de 0,8 point de PIB en 2025 », calcule l’OFCE. L’institut conteste les chiffres de l’exécutif, selon lesquels un effort de consolidation de 60 milliards d’euros est nécessaire en 2025, basé pour un tiers sur des hausses d’impôts et pour deux tiers sur des coupes dans les dépenses publiques. Selon ses calculs, la consolidation des comptes publics « serait de l’ordre de 44 milliards d’euros » en 2025. « Environ » 60 % de l’effort proviendrait de « l’augmentation des recettes » et 40 % de la « réduction des dépenses publiques ». dépenses », détaille l’OFCE.
« Malgré le programme d’ajustement budgétaire prévu », le centre de recherche anticipe un déficit de 5,3% du PIB à fin 2025, un chiffre légèrement supérieur à l’engagement du gouvernement (5%). Le redressement des comptes publics, qui passera notamment par un moindre financement des politiques de l’emploi, pourrait également avoir des conséquences sur le taux de chômage. Mesuré à 7,3% au deuxième trimestre, il pourrait monter à 7,5% fin 2024 et même 8% un an plus tard, selon les perspectives économiques publiées mercredi.
Inflation contenue
« Nous avons une croissance ralentie, une politique de l’emploi moins solidaire », explique Mathieu Plane, « et on s’attend à 143 000 suppressions d’emplois en 2025, c’est un glissement assez important » après les près de 500 000 emplois créés en 2022 et les 210 000 créations encore enregistrées en 2023. Le pouvoir d’achat individuel des Français diminuerait de 0,2% en 2025, après une hausse de 1,1% l’année précédente. Les raisons de ce léger repli sont : « la contraction de l’emploi, la faible croissance des prestations sociales, avec notamment le report de l’indexation des retraites à juillet, et des revenus patrimoniaux moins dynamiques, avec la baisse attendue des taux et des dividendes versés », » détaille l’OFCE.
Sur une note plus positive, l’inflation devrait continuer de ralentir à 2% en moyenne annuelle en 2024, exactement l’objectif d’inflation poursuivi par la Banque centrale européenne, et à 1,5% en 2025. Des hausses de prix moins dynamiques qui pousseraient logiquement les ménages à dépenser plus. En 2025, la consommation des ménages devrait être « la principale source de croissance » et croître de 1,1 %. Dans le même temps, la part des revenus que les Français mettent en réserve plutôt que de les dépenser (taux d’épargne) diminuerait de 0,7 point pour tomber à 17,1% à fin 2025, un niveau qui reste toutefois nettement supérieur à celui des Français. observé avant la pandémie.