C’est un secteur niché au nord de Kerfeunteun, à Quimper, qui est entouré par le boulevard de la Pointe du Van et la route de Plogonnec au nord, Ti Pont et Stang Bihan à l’ouest, le parc des expositions au sud, la cité administrative à l’est. Un secteur très résidentiel, dont les habitants votent au bureau de vote 44. Ici, Christel Hénaff a obtenu 251 voix, soit l’équivalent de 25,46 % des voix, lors du premier tour des législatives anticipées. Un résultat relatif somme toute. Et qui ne permet pas de faire mieux que la 3e place. Mais c’est tout de même l’un des meilleurs scores du Rassemblement national à Quimper.
« Il y a un sentiment de lassitude »
La percée est inédite dans ce quartier de Quimper. Mais, dans ce bar-tabac, elle n’a rien de surprenant. Au comptoir, un homme, né dans le quartier, explique qu’il n’a pas voté pour la candidate RN. Mais il dit ne pas être surpris par son score, « parce que les gens en ont marre ». A côté de lui, un octogénaire avoue qu’il n’est pas allé voter. S’il l’avait fait ? « J’aurais voté nul. J’aurais mis un bulletin RN et un NFP. » Et il ajoute : « Annaïg Le Meur, on ne la voit jamais. Une fois élue, elle s’en fiche. »
Un peu plus loin, un quinquagénaire assure avoir voté pour l’extrême droite. Une fois de plus. Il espère que le parti de Jordan Bardella fera mieux au second tour, « parce qu’en termes de sécurité, d’éducation civique, c’est mieux ». Il en veut à Isabelle Assih, la maire de Quimper, « qui a trop promis mais n’a rien fait ». Et à la gauche en général.
«Donnez une chance à Marine Le Pen»
Diabolo à la main, ce sexagénaire confie qu’il ne vote pas. Pourtant, il était sur une liste, a été président d’un bureau. « Mais j’ai été tellement déçu. Ils me dégoûtent tous. » Il parle des « Français qui souffrent », des « attentats », des « gens qui n’ont pas leur place sur le territoire ». Il évoque aussi les « petites choses » qu’il observe dans son quartier, citant d’emblée le « trafic de drogue ». Issu d’une famille socialiste, il laisse échapper : « Je ne vote pas RN, mais je comprends les gens qui en ont marre. »
Une femme d’une cinquantaine d’années s’assoit à côté d’eux. Elle n’a pas envie de voter. « Mais j’aurais voté RN. » Elle ne prononce pas plus le nom de Christel Hénaff que les autres clients. Et comme tant d’autres, elle nationalise vite la discussion : « J’en ai marre des autres. Ils ont eu leur chance, on voit ce qui s’est passé. Je pense qu’on peut donner sa chance à Marine Le Pen… Qu’est-ce qui peut nous arriver de pire ? »
« C’est sérieux et triste »
Des mots forts. Et assumés. Pour entendre un autre son, il faut pousser un peu plus loin dans le quartier. Sous une pluie fine, une mère et ses deux enfants sortent sur l’aire de jeux de Kervouyec. La trentenaire est d’origine sénégalaise. Et installée à Quimper en 2007. Elle avoue n’avoir jamais connu de racisme. Le résultat dans son bureau de vote la surprend d’autant plus. « C’est grave et triste », confie-t-elle.
À Quimper, le RN progresse mais ne prend jamais la tête
251 : c’est le score le plus élevé (en nombre de voix) réalisé à Quimper par la candidate du Rassemblement national, Christel Hénaff. L’équivalent de 25,46 % des voix. Un résultat obtenu au bureau de vote 44, situé dans la mairie d’arrondissement de Kerfeunteun. Mais quand on regarde les pourcentages, la candidate fait mieux au bureau de vote 27 (école Pauline-Kergomard) avec 27,41 %, et au bureau de vote 30 (école maternelle du Quinquis), 27,56 %. Des scores qui confirment la montée en puissance du Rassemblement national à Quimper. Malgré cette progression, Christel Hénaff n’est parvenue à sortir en tête dans aucun des bureaux de vote de Quimper, à l’exception du 50e et dernier, où elle a récolté 43,86 % des voix. Un bureau à part (71 inscrits, 57 votants) puisqu’il centralise principalement le vote par correspondance des personnes retenues à la maison d’arrêt de Brest et, marginalement, celui des électeurs résidant à l’étranger. Il faut aussi noter que plusieurs bastions quimpérois résistent à cette poussée du RN. C’est le cas, d’abord, du bureau 23, installé au sein de l’école de Kergoat Ar Lez. C’est ce bureau qui offre son plus mauvais score à Christel Hénaff, seulement 72 voix sur 712 votants.