A Quimper, le festival de Cornouaille saute un repas, les bagadoù ont peu de goût aux explications
Malagigi Boutot
Pour tenter d’apaiser le jeu, aucun responsable de bagad ou de cercle contacté n’a souhaité s’exprimer publiquement sur le sujet vendredi 19 juillet. Pas plus que le directeur du festival de Cornouaille. Le premier nous a renvoyé aux informations publiées par France Bleu Breizh Izel, la première à évoquer le mécontentement des sonneurs et danseurs du défilé suite à l’annulation de leur traditionnel repas dominical. Jusqu’à présent, les artistes amateurs étaient accueillis dans un gymnase, après le défilé et avant les festivités finales.
Les économies d’austérité
En lieu et place, ils recevront chacun 7 € pour acheter de la nourriture. Près de 900 personnes sont concernées. Ce choix, qui a suscité la grogne au sein des cercles et des bagadoù, comme nous sommes en mesure de le confirmer, est assumé par la nouvelle direction. « Il y avait des choix financiers à faire, ce n’est pas une partie de plaisir », a indiqué jeudi en général Laure Cavret-Dorval, l’une des trois coprésidentes. Car ce n’est plus un secret, l’un des plus anciens festivals bretons, dont la 101e édition a lieu cette année, est en difficulté financière. Le centenaire a laissé une ardoise de près de 100 000 €, pour un budget de 1,30 M€. Des économies sont indispensables pour se remettre sur les rails et la voilure a été réduite dans tous les domaines. Exit, par exemple, les têtes d’affiche, bonjour les fest-noz, plus rentables. Même le défilé du dimanche était un temps menacé.
Les bagadoù de Quimper choqués
C’est dans ce contexte que le directeur, Igor Gardes, s’est exprimé sur le déjeuner dominical auprès de France Bleu Breizh Izel. A la nécessité de faire des économies, le responsable a ajouté la notion de gaspillage. « 60 % des aliments partaient à la poubelle chaque année. Soit parce que les groupes ne voulaient pas manger de plats chauds, soit parce qu’ils n’avaient pas le temps, soit parce qu’ils ne voulaient pas de dessert. »
Cette justification fit réagir les six bagadoù de Quimper.
Dans un communiqué commun, ils se disent « profondément choqués » et dénoncent un chiffre « infondé ». « On nous demande, bien en amont du festival, d’établir un décompte du nombre de repas souhaités. Nos musiciens sont donc sensibilisés à ce problème, d’autant que le contrat stipule que, si le nombre de personnes constaté ne correspond pas à celui annoncé, des pénalités financières seront appliquées. Les groupes respectent depuis longtemps cette clause et s’impliquent donc pour qu’il n’y ait pas de gaspillage alimentaire. »
« Erreurs de gestion »
La suite est tout aussi cinglante : « Depuis plusieurs années, le festival de Cornouaille est en déclin, mais il ne faut pas se tromper de cible : des erreurs de gestion ont été commises et les groupes qui se produisent le dimanche sont les premiers à en subir les conséquences, avec des conditions d’accueil qui se dégradent d’année en année. »
Ambiance, ambiance. La crainte d’une absence au défilé dominical était dans l’air depuis un moment. Mais les parties ont échangé et l’heure semble à l’apaisement. « La situation n’est pas idéale mais nous avons accepté ces conditions », nous confie le chef d’un bagad de Quimper, conscient des difficultés financières mais soucieux que ces restrictions ne s’éternisent pas.
Bagad Kemper, Bagad Penhars, Bagad Ar Meilhù Glaz, Bagad Ergué-Armel, Bagad Ar Re Goz et Bagad An Erge Vras.