A quelques semaines du retour de Trump, l’OCDE alerte sur le « risque majeur » du protectionnisme
Sans le citer mais en le ciblant sûrement, l’OCDE a mis en garde mercredi contre le « risque majeur » d’une résurgence du protectionnisme parmi les pays développés, moins de deux mois avant le retour de Donald Trump à la tête d’une Amérique déterminée à augmenter les droits de douane.
Outre un risque de flambée des prix de l’énergie en raison des conflits au Moyen-Orient, « un retour du protectionnisme, notamment de la part des grandes économies, constitue un autre risque majeur de dégradation par rapport aux prévisions » publié mercredi, écrit l’Organisation de coopération et de développement économiques dans un rapport.
Cet avertissement de l’institution qui regroupe 38 pays développés intervient à quelques semaines de l’intronisation de Donald Trump à la Maison Blanche, confortablement réélu en novembre à la tête de la première économie mondiale.
Au terme d’une campagne électorale faite notamment sur la promesse d’une hausse des taxes douanières sur les produits importés aux Etats-Unis, au nom du credo « L’Amérique d’abord ».
Lors de son premier mandat présidentiel entre 2017 et 2021, le milliardaire avait déjà augmenté les droits de douane sur les produits importés de Chine et de certains pays partenaires, dont l’Union européenne, dans une mesure bien moindre que ses promesses de campagne affichées. ces derniers mois.
Ajoutées aux probables mesures de rétorsion de Pékin et de l’UE, ces mesures punitives coûteraient à l’économie européenne 533 milliards de dollars d’ici 2029, 749 milliards de dollars aux États-Unis et 827 milliards de dollars à la Chine, a évalué le cabinet de conseil Roland Berger dans une étude récente, et pourraient entraîner l’inflation mondiale va s’envoler.
« Des incertitudes accrues et une nouvelle augmentation des mesures commerciales restrictives pourraient contribuer à une hausse des coûts et des prix, décourageant les investissements, affaiblissant l’innovation et, à terme, pesant sur la croissance. »s’inquiète l’OCDE dans son rapport, sans citer les Etats-Unis.
« Des chocs majeurs »
D’autant qu’au-delà de Trump, le protectionnisme a repris de la vigueur depuis la pandémie de Covid-19 qui a mis en lumière l’hyper-dépendance de certains États en matière commerciale, et la guerre en Ukraine qui a conduit à une réorganisation brutale de certaines chaînes de production.
D’autres conflits commerciaux menacent également, comme les droits de douane imposés par l’UE à la Chine concernant les importations de véhicules électriques, qui ont suscité une réponse de Pékin en annonçant une taxation accrue des eaux-de-vie importées de l’UE, dont le cognac.
Pour l’instant « L’économie mondiale a fait preuve d’une résilience remarquable malgré les chocs majeurs auxquels elle a été soumise, notamment une pandémie et une crise énergétique »note l’OCDE : la croissance mondiale devrait continuer à apparaître stable, à 3,2% cette année puis 3,3% l’année prochaine (soit une hausse de 0,1 point par rapport aux dernières prévisions de l’institution pour 2025 publiées en septembre) et 3,3% en 2026.
Consommation américaine
La légère amélioration de la croissance mondiale en 2025 vient d’une forte hausse de la prévision américaine, désormais anticipée à 2,4% contre 1,6% en septembre, l’OCDE l’attribuant en partie à une consommation vigoureuse.
La croissance britannique est attendue à 1,7%, soit 0,5 point de plus qu’en septembre. « grâce à la forte augmentation des dépenses publiques prévue dans le budget d’automne »indique l’OCDE, avant de s’effacer en 2026 «dès que l’effet de l’expansion budgétaire s’estompe».
Faisant également l’objet d’un plus grand optimisme de la part de l’organisme parisien, la croissance chinoise est attendue à 4,7% en 2025 (+0,2 point) et 4,4% en 2026, et celle de l’Inde à 6,9% l’an prochain (+0,1 point) et 6,8% l’année suivante.
A l’inverse, la croissance serait moins vigoureuse que prévu en France l’an prochain, à 0,9% contre 1,2% anticipé en septembre, en raison notamment du coût des économies budgétaires à réaliser, et en Allemagne, à 0,7% contre 1% , compte tenu de l’incertitude politique à l’œuvre dans un pays qui organisera des élections anticipées fin février.
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