A peine reconnaissables, les jardins dédiés aux villes jumelles de Bordeaux tombent peu à peu dans l’oubli
CONTREVisiblement, le lieu a perdu de sa superbe. Même le panneau de présentation situé à l’entrée des Twin Cities Gardens est abandonné. Il ne reste qu’un bureau en bois qui, il y a quelques années, devait abriter un plan et quelques explications bienvenues. Désormais, pour parcourir ce petit tour du monde en quelques étapes seulement, vous n’aurez plus qu’à vous fier à votre esprit d’aventure.
CONTREVisiblement, le lieu a perdu de sa superbe. Même le panneau de présentation situé à l’entrée des Twin Cities Gardens est abandonné. Il ne reste qu’un bureau en bois qui, il y a quelques années, devait abriter un plan et quelques explications bienvenues. Désormais, pour parcourir ce petit tour du monde en quelques étapes seulement, vous n’aurez plus qu’à vous fier à votre esprit d’aventure.
Située à vol d’oiseau, à un kilomètre et demi de la place de la Bourse et du lac et à deux pas du Matmut Atlantique, la réserve écologique des Barails abrite depuis plus de trente ans les Jardins des Villes Jumelles. Un lieu voulu par Jacques Chaban-Delmas au début des années 1990. L’idée était de rendre hommage à une douzaine de villes jumelées au port de la lune.
En 1990, alors que l’aménagement de ce qu’on appelait auparavant le parc floral, à l’est du Bois de Bordeaux, commençait à prendre forme, de nombreuses collections de plantes étaient plantées en préparation des Floralies Internationales, manifestation horticole mondiale organisée par Bordeaux en 1992. C’est ainsi que sont nés le torrent, la roseraie, le jardin de pivoines et les Twin Cities Gardens.
Symboles
«Nous avons demandé à chaque commune de construire le jardin autour d’un symbole identifiant la ville», résumait dans nos colonnes en 1992, Jean-Pierre Esclair, directeur adjoint des espaces verts à la mairie de Bordeaux. Ces petits jardins ont été conçus avec du mobilier urbain et des objets proposés par les villes jumelées avec Bordeaux. Mais plus de trente ans après, leur entretien paraît rudimentaire.
Le jardin japonais dédié à la ville de Fukuoka se reconnaît à ses portes caractéristiques en bois de cèdre. Mais il ne reste plus grand chose de l’esprit zen des lieux. Les statues du jardin de Munich sont couvertes de mousse.
Un peu plus loin, le jardin dédié à la ville de Casablanca tombe peu à peu en ruine. Les zelliges de Fès sont fissurés, les pavés sont disjoints, les carreaux sont noircis ou cassés, les couleurs fanées voire effacées, l’eau ne coule plus des fontaines désormais recouvertes de lentilles d’eau ou remplies de terre. Sous le pavillon, le bassin fait office de poubelle. Le toit à la peinture écaillée est partiellement recouvert de mousse. La petite reproduction de la mosquée Hassan II de Casablanca est protégée par des barrières de sécurité. Et pour cause, un arbre dépasse désormais le minaret. En faire le tour est désormais impossible car la végétation s’est développée.
La marche continue à Wuhan. Enfin, mieux vaut savoir que Bordeaux est jumelée avec la capitale du Hubei car aucun panneau n’annonce l’origine de la pagode qui possède également de la mousse et des lichens poussant sur son toit. Les caractères chinois sont effacés ou cachés derrière quelques graffitis. Leur dorure s’est estompée depuis longtemps. Sans explication, le long mur situé à quelques mètres reste énigmatique. Une plongée dans les archives du « Sud Ouest » rappelle qu’on pouvait en faire le tour avant que la végétation ne reprenne ses droits.
Etude commandée par la mairie
Les années ont également noirci la stèle offerte par la mairie de Madrid qui reproduit une célèbre sculpture madrilène, « L’ours et l’arbousier ». L’eau ne l’entoure plus. Et dans le jardin, les robinets à poussoir de l’ancienne fontaine en fonte ont été remplacés par de simples robinets en inox qui se démarquent par leur anachronisme.
On aurait aimé voir les jardins dédiés aux villes d’Ashdod, Bristol ou Porto mais ils sont restés introuvables. Tout comme la structure métallique qui annonçait le jardin dédié à Los Angeles. Il ne reste que la tonnelle. Il est également en partie rouillé.
« Certains jardins ont disparu au fil des années. Des ponts ont été supprimés pour des raisons de sécurité », confirme Didier Jeanjean. L’adjoint au maire chargé de la nature en ville et des quartiers paisibles connaît bien ces jardins et s’y promène régulièrement. « Je ne comprenais pas pourquoi rien ne se passait dans ces jardins. Lorsque nous avons été élus, j’ai mis ce sujet en tête de liste. Une étude est en cours», explique l’élu.
Ces derniers devraient désigner les jardins trop dégradés ou dont la rénovation sera trop coûteuse pour qu’ils soient préservés, et ceux qui seront conservés parce qu’ils peuvent être rénovés à moindre coût ou parce qu’ils ont de la valeur.
« L’arbitrage se fera cet été. Le dossier sera également travaillé avec le service des Relations Internationales. Peut-être que certaines villes voudront participer aux rénovations », espère Didier Jeanjean, rappelant au passage qu’il appartenait à chaque jumeau d’assurer l’entretien de son jardin.