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à Paris, Emmanuel Macron et le général Oligui Nguema affichent leur bonne entente neuf mois après le putsch

Le président de la transition du Gabon, Brice Oligui Nguema, à Libreville, le 30 avril 2024.

Neuf mois après avoir renversé Ali Bongo Ondimba, le général Brice Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, a été reçu vendredi 31 mai au soir à l’Elysée par Emmanuel Macron. Point d’orgue d’une tournée de cinq jours, cette rencontre avec le chef de l’Etat français constitue une nouvelle étape vers la normalisation du pouvoir du militaire putschiste de 49 ans, traité en partenaire fiable et amical par la France. Une relation bien différente de celles exécrables qui prévalent avec les chefs des juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

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Lors de cette étape française, le militaire a pris soin de justifier son coup d’Etat, « une libération nationale réalisée pour le peuple gabonais », a-t-il déclaré mercredi à Paris. Le putsch a eu lieu quelques heures après l’annonce de la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba et a mis fin à cinquante-cinq ans de pouvoir dynastique des Bongo, père et fils.  » La rupture survenue dans notre pays doit être comprise comme la volonté radicale des Gabonais d’accéder à une gouvernance saine. il a continué.  » Même si, dans la forme, nous sommes des putschistes, nous ne le sommes pas dans le fond. », explique de son côté un ministre gabonais à Monde.

Les diplomates français insistent sur les signaux « positifs » envoyés par les nouvelles autorités gabonaises. Ils ont notamment promis de mettre fin à la transition d’ici août 2025 en organisant une élection présidentielle, à laquelle Brice Oligui Nguema devrait avoir le droit de se présenter. Alors que Paris assiste, impuissant, au déclin de l’influence française au Sahel, il se félicite des bonnes relations entretenues avec Libreville depuis le coup d’État – celles-ci s’étaient au contraire dégradées sous Ali Bongo Ondimba, dont le père était l’un des piliers du « Françafrique ».

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Vues alignées

Aucun discours vindicatif n’a encore été tenu par la junte gabonaise, qui refuse de voir la présence de la base française sur son sol comme un symbole du néocolonialisme. «Peut-on imaginer que la base militaire de l’Otan en Allemagne remette en cause la souveraineté de ce pays ? Pourquoi une base militaire française le ferait-elle ici ? », estime Charles M’Ba, le ministre gabonais des Comptes publics. A l’initiative de Paris, comme dans d’autres pays africains qui hébergent des bases françaises, des discussions sont néanmoins en cours sur l’avenir de cette influence.

Sur plusieurs questions, les deux pays affichent des vues alignées. Après la tenue en mars 2023 à Libreville du One Forest Summit consacré à la préservation de la forêt tropicale, où s’était rendu Emmanuel Macron, Paris entend poursuivre sa collaboration avec le successeur d’Ali Bongo sur les questions écologiques. Les deux dirigeants ont signé « une déclaration d’intention de développer ce partenariat à travers la formation d’une coalition de partenaires publics et privés souhaitant apporter un soutien financier au Gabon pour la mise en œuvre de ses engagements en matière de protection de son carbone et de sa biodiversité, et investir dans la bioéconomie au Gabon »a annoncé la présidence française dans un communiqué.

Les relations économiques étaient en effet au cœur de la visite. Accompagné d’une douzaine de ministres et d’une forte délégation d’hommes d’affaires, le général Oligui Nguema est devenu le VRP de son pays. « Nous sommes devant vous pour vous inviter au Gabon, terre de toutes les opportunités »a-t-il déclaré aux six cents entrepreneurs français et gabonais venus l’écouter mercredi, à Paris, lors de la premier forum économique Gabon-France supervisé par le Medef et le ministère gabonais de l’Economie.

Entre patriotisme et ouverture

Un message qui a sans doute rassuré les patrons français inquiets après la décision du nouveau régime de promouvoir, au nom du patriotisme économique, les intérêts du Gabon. L’Etat a récemment racheté Assala, l’un des fleurons pétroliers, au fonds d’investissement américain Carlyle, anéantissant les espoirs du français Maurel et Prom qui était en lice.

Toutefois, assure Libreville, les entreprises françaises, qui opèrent sur 25% du marché gabonais, restent des partenaires clés dans la revitalisation du pays. Le ministre gabonais de l’Economie, Mays Mouissi, et le ministre délégué français au Commerce extérieur, Franck Riester, ont signé des protocoles de principe de participation relatifs à la réfection du chemin de fer Transgabonais. et sur la réhabilitation de la décharge saturée de Mindoubé.

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 » Les entreprises françaises sont prêtes à établir un nouveau partenariat économique Gabon-France et à soutenir l’action de votre gouvernement », s’est réjoui depuis la tribune Philippe Labonne, président du comité Afrique du Medef International. Les nouvelles autorités ont précisé leurs intentions, entre patriotisme et ouverture aux partenaires internationaux. «  Nous voulons contrôler la plupart de nos ressources. Tout ce qui concerne le Gabon doit être décidé par les Gabonais. » expliquer Charles M’Ba.

« Mais la souveraineté n’empêche pas l’amitié. Nous voulons développer notre économie avec des opérateurs nationaux sans rejeter les étrangers à qui nous faisons appel à investir massivement, tout en respectant nos règles », plaide le technocrate exilé depuis sept ans en France. Le ministre a également rencontré plusieurs personnalités françaises, dont Dominique Strauss-Kahn qui a proposé ses services pour faciliter les relations entre le Gabon et les bailleurs de fonds.

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Avant de quitter la France, Brice Oligui Nguema participera dimanche aux commémorations des 80e anniversaire du Débarquement. A Airaines (Somme), il rendra dimanche hommage au capitaine Charles Mésany N’Tchoréré, soldat gabonais mort en héros, abattu par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et saint patron de l’armée gabonaise.

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Cammile Bussière

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