« Il faut repenser nos façons de faire » Et « une confiance à reconstruire » avec les territoires d’outre-mer, précise leur nouveau ministre, François-Noël Buffet. C’est une première dans une Nouvelle-Calédonie à genoux depuis l’insurrection indépendantiste du 13 mai. Pour sa première visite de quatre jours, débutée mercredi 16 octobre, M. Buffet espère convaincre qu’il utilise une nouvelle méthode.
« L’envie est de mieux se comprendre pour éviter les erreurs du passé récent. Les valeurs de la République et les valeurs kanak sont complémentaires »a répété un membre du Haut-Commissariat, portant la parole de l’Etat lors des traditionnelles cérémonies de bonjour aux institutions locales. En offrant à chaque fois une soie lyonnaise, le ministre a alors insisté sur le symbole « d’un fil très fragile seul et très résistant une fois tissé ». De quoi contredire un camp loyaliste qui avait l’oreille du précédent gouvernement et dans lequel Sonia Backès juge « société féodale kanak » et son « antagonismes » avec la culture occidentale inconciliable ».
En avril 2023, François-Noël Buffet, alors sénateur (Les Républicains, Rhône), était cosignataire d’un rapport sur les institutions calédoniennes, qui alertait sur les risques d’une réforme inflammable : celle de l’élargissement du corps électoral local, porté en dehors d’un accord politique plus large sur l’avenir du territoire et dans le cadre du calendrier serré choisi par le gouvernement en place. « Si ce rapport a été considéré comme une référence, c’est parce qu’il est le résultat d’un véritable travail de dialogue et d’écoute »assure aujourd’hui le ministre Monde.
« Ne confondez pas faiblesse et patience »
Sur la question politique, précise l’ancien sénateur, « L’électorat n’est pas au centre des préoccupations du moment. Il faut d’abord répondre à l’urgence absolue de l’effondrement économique et social de la Nouvelle-Calédonie. ». Et pour clarifier sa pensée : « On se donne le temps de construire quelque chose de solide. Tu rate une marche et tout tombe, c’est ce qu’on vient de voir” avec la violente explosion du mois de mai. « Il ne faut pas confondre faiblesse et patience. »
Le message a été porté jusqu’au Sénat coutumier, qui revendique sa place dans la reconstruction de la société calédonienne. Le président de l’institution, Mahé Gowe, a critiqué mercredi la méthode passée, qui a abouti selon lui à un « incapacité des pouvoirs publics à initier une médiation pour laisser l’initiative à la seule justice et à la police ». Ajout : « La pratique institutionnelle qui s’est contentée d’entretenir un dualisme discriminant entre société occidentale et société kanak a structuré un profond malaise social. » Il faudra se mettre d’accord « sur les postulats et sur la méthode »» a convenu le chef coutumier, étant entendu pour lui qu’il est « il est nécessaire de prendre en compte le fait que 90% de la population indigène et de sa jeunesse veulent l’indépendance ».
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