RAPPORTS – Depuis le début des émeutes, les quartiers se referment. Européens et Kanaks sont renvoyés vers leurs origines ethniques, malgré des manifestations de solidarité. Les tensions remettent en question l’édifice fragile du « destin commun », imaginé après la quasi-guerre civile des années 1980.
Envoyé spécial à Nouméa
La nuit vient de tomber sur Nouméa. Peu avant le couvre-feu de 18 heures, on peut voir des habitants se précipiter chez eux. Certains restent postés près des barrières de protection, à l’entrée de leur quartier, avec quelques boissons et biscuits pour tenir le coup, parfois des armes laissées discrètes.
L’afflux dans la ville de quelque 10 000 émeutiers incontrôlables, majoritairement kanak, au début de la semaine dernière, a traumatisé la population. Des écoles, des pharmacies et des entrepôts ont brûlé. Six personnes sont mortes en Nouvelle-Calédonie au cours des six premiers jours d’émeutes : deux gendarmes, trois Kanak et un Calédonien d’origine européenne.
La méfiance se répand sur les écrans. Les boucles de messages indépendantistes et anti-indépendantistes, regroupant parfois plus de 1 000 abonnés, véhiculent rumeurs, photos et avertissements, malgré les appels des autorités à ne pas relayer de fausses informations. Nous parlons ici d’un « descente » de militants…