Lors d’une grande opération antidrogue ce week-end, neuf individus ont été interpellés dans la cité Bon Voyage, dont quatre originaires de Marseille, dont un très proche de la tristement célèbre organisation criminelle.
DZ : deux lettres qui sèment le chaos depuis des mois à Marseille et, de plus en plus, dans d’autres grandes villes françaises. Trafic de drogue, extorsion, racket, trafic d’armes, proxénétisme… la mafia DZ est, comme son nom l’indique, une vaste organisation criminelle capable de frapper (presque) partout, tout le temps. C’est ainsi qu’au moins un de ses membres s’est retrouvé ce week-end au cœur d’une descente antidrogue, à Nice (Alpes-Maritimes), a-t-on appris lundi. Le Figaro de source policière.
Vendredi soir, vers 21 heures, un groupe armé, cagoulé et ganté, a été aperçu à pied dans le dédale de tours grises et délabrées du quartier Bon Voyage, au nord-est de la ville, rue Charles-François Fenoglio de Briga. Ils transportent des sacs depuis l’arrière de la ville jusqu’à un point de deal. Des riverains, témoins de la scène, ont alors alerté la police. Des agents de la Brigade Anti-Crime (BAC) sont arrivés quelques minutes plus tard.
Drogues et grosses armes
Cinq individus ont été arrêtés, dont un jeune Tchétchène, deux Français (notamment Marseillais) et deux Tunisiens. Deux d’entre eux sont mineurs, les autres ont entre 20 et 26 ans. Une petite quantité de stupéfiants a également été découverte sur le terrain. L’ensemble de la bande est placé en garde à vue dans le cadre de l’ouverture d’une enquête pour « participation à une association de malfaiteurs » et « délits contre la législation en matière de stupéfiants ». Les enquêtes sont confiées au service local de police judiciaire (SLPJ 06).
Le lendemain matin, les allées et venues de quelques individus entre un point de vente et un immeuble ont permis de localiser un appartement de nounou, susceptible d’abriter la drogue. Une vaste opération est alors organisée, associant les enquêteurs de la direction interministérielle (DIPN 06) et les personnels du Raid de Nice. Dans les parties communes de l’immeuble visé, trois mineurs sont « enfermés », dont deux marseillais et un niçois, tous déjà connus de la justice. Lors de la perquisition de l’appartement, les deux sacs de courses vus la veille ont été retrouvés et plusieurs kilos de stupéfiants saisis : 5,11 kilos de résine de cannabis, 1,68 kilos d’herbe et 149 grammes de cocaïne, soit environ 80 000 euros. pour la revente.
Au pied de chaque fenêtre de l’appartement ainsi que devant la porte d’entrée, des armes lourdes sont également découvertes, prêtes à l’emploi. Un fusil d’assaut AR15 de calibre 5,56 mm équipé de 24 cartouches, un fusil de chasse garni et chambré et un pistolet de calibre 9 mm également prêt à tirer. Dimanche, des prolongations de garde à vue dans le cadre de la criminalité organisée, permettant de porter la durée totale des audiences à 96 heures, ont été ordonnées par le juge des libertés et de la détention à la demande du parquet.
« Ça va disparaître, c’est une question de jours »
« Ces arrestations et saisies s’inscrivent clairement dans le cadre d’une action de reprise du point de vente de drogue situé au 14 rue Charles-François Fenoglio de Briga »a indiqué lundi le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli. A l’issue de cette enquête, 11 personnes ont été mises en examen, sept placées en détention provisoire et quatre sous contrôle judiciaire. « Le point de deal devait être repris par un responsable du réseau Ariane (une ville voisine, NDLR)mais il n’a pas pu honorer le contrat. C’est ainsi que la mafia DZ a vu une opportunité d’importer ici »explique une source proche du dossier.
Ce dernier soutient que l’un des Marseillais arrêtés ce week-end est étroitement lié à l’organisation criminelle de la ville de Marseille. « Il y a une complicité entre les Niçois qui aident la DZ à s’installer »poursuit la même source. Elle se dit très inquiète pour l’avenir : « Ça va disparaître, c’est une question de jours »résume-t-elle. « A Marseille, la pression des autorités pousse la DZ à s’expatrier. On le voit à Nîmes, Toulon, Montpellier, etc.ajoute-t-elle.
« Les Marseillais sont au cœur de l’action dans ce dossier. D’ailleurs, les quatre accusés ont fait le déplacement ensemble jusqu’à Nice.»murmure un interlocuteur à terre. Avant de se qualifier : «La mafia DZ est une telle nébuleuse… Il y a des adhésions possibles avec les suspects mais cela n’en fait pas des têtes de pont du réseau. La DZ participe tellement au trafic de drogue qu’il n’est pas étonnant que certains, à Nice comme ailleurs, gravitent autour d’elle et en revendiquent la responsabilité.»