A Nice, des agents de sécurité privée font leurs premiers pas dans le quartier prioritaire des Moulins
Quatorze agents assermentés vont tenter de contribuer à apaiser les tensions dans ce quartier réputé sensible et miné par des troubles bien souvent liés au trafic de drogue.
Le Figaro Nice
Avec leurs tenues grises distinctes et leurs gilets tactiques, quatorze agents de sécurité résidentielle sillonnent depuis le 9 mai le quartier notoirement sensible de Moulins, à l’ouest de Nice (Alpes-Maritimes). Baptisé « Gaida » en hommage à un groupe d’agents inter-propriétaires contre les troubles et les maltraitances. , mais qui signifie aussi « garde » en nissart, cette brigade semi-privée a pour mission d’apaiser les tensions autour des différents bâtiments grâce à une présence régulière sur le terrain et auprès des habitants.
Comme Toulouse, qui fut la première grande ville française à opter pour un tel système, mais aussi Paris et plus récemment Montpellier, la capitale azuréenne a misé sur un tel groupe pour lutter contre les multiples troubles et incivilités, souvent liées au trafic de drogue. Mardi, une opération au carré « XXL » a été menée et 300 policiers restent sur place jusqu’à la fin de la semaine. Depuis le début de l’année, la police a procédé à près de 1 000 arrestations.
La « Gaida », qui comptera à terme 17 agents, sera « en contact permanent avec la police », a assuré Christian Estrosi, le maire Horizons de la cinquième ville de France. La radio de ces agents est connectée à la même fréquence que celle de la police municipale et tous sont équipés d’un bouton d’alerte, qui leur permettra d’avertir les policiers ainsi que le centre de surveillance urbain. Ils prêtent également serment et pourront donc dresser des procès-verbaux pour les infractions constatées sur place, comme des dégradations commises dans les parties communes ou des décharges sauvages.
Des garages aux toits
Dès les premiers jours, ces gardiens d’habitations ont commencé à inspecter les cages d’escalier, les garages et les toitures des immeubles appartenant aux bailleurs sociaux Côte d’Azur Habitat et Erilia. Des couteaux et des pavés ont déjà été retrouvés, a indiqué Éric Zuber, le directeur de « Gaida », ancien gendarme, chef de la police municipale qui a également travaillé avec la sécurité à Cannes.
« Nous allons mettre en place un plan tactique pour optimiser la sécurité et fournir de l’information », il explique. Les premiers contacts avec les jeunes du quartier ont été « cordial »juge le responsable, même s’il a reconnu que d’autres auraient pu être « plus tendu ». A Toulouse, dans le quartier du Mirail, les premiers pas du groupe local se sont accompagnés de vives protestations de certains groupes de jeunes, mais avec le temps, la situation a fini par s’apaiser.
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En cas d’affrontements plus musclés, les gardes niçois sont équipés de matraques télescopiques et de bombes lacrymogènes, mais aussi, si nécessaire, ils peuvent porter des casques et utiliser des boucliers. Deux chiens de défense complètent cet effectif qui sera présent quatre jours aléatoirement dans la semaine avec des missions de jour mais aussi et surtout en fin de journée et de nuit. « Ils ont suivi une formation au même niveau que les policiers municipaux voire nationaux, une formation qualitative de très haut niveau », » a félicité Christian Estrosi après leur avoir remis le badge « Gaida ». Beaucoup sont également d’anciens militaires ou policiers.
«Terreur parmi les trafiquants de drogue»
Le coût d’un tel système, annoncé l’année dernière mais dont la mise en place a pris un peu plus de temps que prévu, s’élève à 1,8 million d’euros par an. La facture est répartie entre la commune, la métropole et les bailleurs sociaux, au prorata du nombre de logements qu’ils proposent aux Moulins.
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« On verra dans les années à venir si d’autres équipes peuvent faire des travaux de ce type ailleurs »a ajouté l’élu, déterminé à « pour semer la terreur parmi les trafiquants de drogue dans un quartier qui aspire à la tranquillité ». Sur son compte Threads, il a insisté sur le fait que « La plupart des phénomènes de violence et de délinquance sont liés au trafic de drogue » et qu’il faut « agir par tous les moyens et mesures juridiques exceptionnelles, quitte à déroger au droit commun ».
« On verra ce qui se passe, cela ne peut être que bénéfique »veut croire un habitant du quartier, qui, il y a un mois, s’était résigné aux bagarres qui avaient éclaté entre groupes. « S’ils peuvent dégager les couloirs, ce serait bien. Les gens restent optimistes », il ajoute. Un bureau au sein du quartier leur sera également dédié.