A quelques jours d’une élection présidentielle précédée de rebondissements, dont dépendent de très graves enjeux internationaux, la tension monte à New York. Dans ce bastion démocrate, où réside une importante communauté bretonne, la majorité craint une réélection de Trump. Presque plus que ce que nous croyons en Kamala Harris à ce stade. « Ce qui se passe est très grave », déclare Anne, 45 ans, originaire de Nantes et responsable de la vente d’un vin effervescent sur la côte Est. J’ai toujours considéré les États-Unis comme un pays de libertés mais, avec un candidat comme Trump, dont le discours s’est considérablement radicalisé depuis 2016, on se dirige vers un fascisme inquiétant. »
Trump et Bardella, la même chose ?
Le climat actuel rappelle à plusieurs expatriés interrogés celui des dernières élections législatives en France. « Comme le RN, Trump se nourrit du désespoir des gens pour soutenir un programme qui laisse entendre qu’il va les sauver », observe Théo, 26 ans, originaire de Perros-Guirec (22 ans) et contrôleur de gestion chez Ladurée à New York. Il y a un manque évident d’éducation et il l’utilise pour créer des schémas de pensée limités, en leur disant, par exemple, que si nous arrêtons l’immigration, leurs salaires augmenteront. »
Beaucoup se demandent comment la menace Trump peut encore planer sur le pays après un premier mandat jugé infructueux, des poursuites judiciaires en cours et un discours aussi mensonger que scandaleux. Mais, selon Anne, c’est avant tout une question de sémantique : « Le discours de Trump est facile à comprendre. Il utilise une formulation simple que les électeurs qui n’ont pas étudié peuvent comprendre. Comme Bardella, en France, qui a un discours plus accessible que Macron et Glucksmann, Trump joue la carte de la proximité en parlant du quotidien et en disant aux gens ce qu’ils veulent entendre.
L’international, grand oublié de la campagne américaine
Car les questions internationales, trois ans après le début de la guerre en Ukraine et la récente escalade au Moyen-Orient, ne figurent pas parmi les principales préoccupations des Américains. Alors que l’Europe scrute de près l’éventuelle élection d’un candidat qui porterait un coup dur à l’OTAN, les Américains s’intéressent davantage à l’inflation, à la santé et à l’immigration. « Vivant dans la première puissance mondiale, les Américains ne se sentent pas vraiment en danger face à ce qui se passe dans le monde, contrairement à nous qui sommes géographiquement plus proches des conflits et qui connaissons l’histoire européenne », analyse Joslin, 31 ans, expert big data de Plabennec (29). «C’est un peu ennuyeux. J’ai parlé avec des « Trumpistes » au Texas et je les ai trouvés hyper concentrés sur eux-mêmes et inconscients de ce que leur vote pourrait causer à l’échelle mondiale. »
« Kamala a joué son rôle »
Jamais les sondages n’ont été aussi serrés à l’approche du « grand jour », mardi 5 novembre, ce qui rend aussi ce scrutin quelque peu anxiogène. « Cela ne va aboutir à rien, surtout dans les États pivots », analyse Théo. Kamala a joué son rôle lors du débat mais il semble compliqué pour elle de l’emporter. Je pense qu’il est plus naturel dans l’inconscient collectif d’élire un homme blanc. » A quoi s’ajoutent les rouages du processus électoral américain : « Elle peut gagner le vote populaire et perdre l’élection, c’est très déstabilisant ».
L’avenir incertain des expatriés sous visa
Bien entendu, une réélection de Trump aurait (encore) des répercussions sur la politique d’immigration du pays et sur l’avenir de nos expatriés bretons. « Quand Trump a été élu, une première fois, les délais pour obtenir ma « carte verte » (la carte de résident, ndlr) étaient passés de six à 18 mois et il avait gelé certains visas », raconte Anne, qui s’inquiète aussi des risques. pour son métier. « Les tarifs douaniers sont très élevés sur le vin français depuis sa première élection. Tous les exportateurs et distributeurs de vin que je connais aux États-Unis craignent une nouvelle hausse de 10 %, ce qui conduirait certains à la faillite. » Récemment naturalisée, la Nantaise votera pour la première fois cette année. « Avant, je souffrais. Là, j’ai le droit de dire quelque chose. » Alors, pour faire bon usage de son vote, Anne s’est inscrite sur les listes électorales de Long Island, une île républicaine de l’État de New York où elle vivait auparavant. « Mon mari pense que nos votes démocrates compteront davantage en territoire républicain. »