Mesdames et messieurs, prenez place, vous allez assister au combat du siècle, entre deux redoutables protagonistes. Dans le coin droit du ring, plumage noir et blanc, long bec orange, vous avez évidemment reconnu l’huîtrier d’Amérique. Dans le coin gauche, un nouvel arrivant, déployé par la police new-yorkaise, le petit drone quadrimoteur. « Préparons-nous à gronder ! »
Selon des informations de l’agence américaine Associated Press (AP), reprises par le média en ligne Gizmodo, les oiseaux de New York sont exaspérés par les drones de la police, qu’ils considèrent en réalité comme une menace. Veronica Welsh, spécialiste de la faune sauvage pour les parcs de la ville de New York, indique que les oiseaux à plumes attaquent les drones parce qu’ils les prennent pour des prédateurs qui en veulent à leurs petits.
Il s’agit pourtant d’un conflit né d’un malentendu. Des drones de la police new-yorkaise sont déployés depuis le début de l’année 2024, notamment le long du littoral, pour surveiller la présence de requins et venir en aide aux nageurs en difficulté lorsqu’ils sont hors de portée des sauveteurs. Capables de larguer des bouées aux nageurs en détresse, ces appareils n’ont pas encore eu l’occasion de sauver qui que ce soit. Ils ont en revanche réussi à aliéner les huîtriers d’Amérique.
La guerre est déclarée
Le professeur émérite de biologie de la faune à l’Université McGill (Montréal, Canada), David Bird – dont le nom était tout indiqué pour évoquer le sujet ! – indique que ces drones pourraient provoquer une « réaction de stress » chez les oiseaux et ainsi modifier leur comportement.
Effrayés, ils seraient poussés à « fuient la plage et abandonnent leurs œufs, comme l’ont fait plusieurs milliers de sternes élégantes après le crash d’un drone récemment à San Diego (en Californie, début juin, ndlr)»« Un problème, d’autant plus que les huîtriers d’Amérique sont une espèce en voie de disparition », écrit l’agence de presse AP.
Selon David Bird, « S’ils abandonnent leurs nids à cause des drones, ce serait une catastrophe »Jusqu’à présent, leur réponse a été plus offensive, les huîtriers se groupant pour attaquer en piqué les drones de la police. Mais à moyen et long terme, les conséquences pourraient être bien plus néfastes.
Peut-être devrions-nous essayer de prendre en compte la nature avant de déployer des technologies qui pourraient la perturber ? Comme le note l’écrivain français Jean Bruller, dit Vercors, dans son roman Animaux dénaturés (1952) : « L’animal ne fait qu’un avec la nature. L’homme est deux. »