Pour mieux faire face aux tensions liées à l’afflux de patients, la direction du CHU a déclenché lundi son «plan blanc», réorganisant ses activités de soins. Des malades auraient attendu jusqu’à 92 heures avant d’être transférés dans les services appropriés.
Branle-bas de combat au CHU de Nantes. La direction de l’établissement hospitalier de Loire-Atlantique a annoncé lundi avoir déclenché son «plan blanc» afin de mieux faire face à l’afflux de patients aux urgences. Dopée par la vague grippale qui atteint un pic épidémique national, la fréquentation des urgences a atteint ses limites à Nantes, avec des délais d’attente démultipliés et des conditions d’accueil dégradées. Une tension qui a atteint un niveau dangereux, le week-end du 4 au 5 janvier, avec plus de 150 patients accueillis. Soit bien au-dessus du seuil de risque établi à 115 personnes.
«Je suis en colère, j’ai été choquée de retrouver mon papa plus mal que lorsqu’il était entré à l’hôpital, diminué, changé, sous le choc et le visage creusé, lui qui a toujours été très sportif», témoigne au Figaro la fille d’un patient de 80 ans, admis jeudi aux urgences du CHU de Nantes. Restée sans le moindre contact de lui pendant deux jours, cette proche a finalement pu retrouver son père samedi, en fin de journée, traumatisé après avoir passé 44 heures sur un brancard, éperdu de soif. «Un médecin m’a confié qu’ils étaient débordés, qu’ils n’avaient même plus assez de pichets et de verre d’eau pour les patients», se désole la fille de ce patient octogénaire, qui annonce porter plainte pour «mise en danger d’autrui» et «maltraitance sur personne âgée». «Je ne remets pas en cause les soignants, qui font de leur mieux, mais il y a manifestement des problèmes d’organisation et de moyens», ajoute-t-elle.
Une «tension permanente»
Selon les représentants CGT du centre hospitalier, plusieurs malades, dont certains souffrants de troubles cognitifs, ont dû attendre ces derniers jours plus de 92 heures – au lieu des 12 heures de délai habituel – avant d’être transférés dans les services appropriés. «Cette situation n’est pas acceptable et n’est pas non plus une situation exceptionnelle comme voudrait le laisser entendre notre direction puisque les services d’urgences dont celui du CHU de Nantes sont en tension permanente toute l’année et plus uniquement qu’en période d’épidémie», indique dans un communiqué le secrétaire général de la CGT au CHU de Nantes, Olivier Terrien.
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Le plan blanc engagé lundi par le CHU de Nantes consiste notamment en une réorganisation des activités de soins, avec des déprogrammations «ciblées» de prises en charge en chirurgie ambulatoire. Une augmentation des capacités d’hospitalisation en aval des urgences et une coopération renforcées avec les autres établissements de santé du département ont également été mises en œuvre.
Selon le dernier bulletin de Santé Publique France, publié le 2 janvier, l’épidémie de grippe poursuit sa «forte augmentation» en ville et à l’hôpital, dans l’ensemble des régions métropolitaines et dans toutes les classes d’âge. Sollicitée par des familles de patients, inquiets pour les conditions d’accueil de leurs proches, la mairie de Nantes a indiqué rester en contact avec la direction générale de l’établissement, en promettant «investir pour l’avenir» avec le chantier du nouveau CHU.