A Nantes, la mairie s’oppose à l’arrivée d’un KFC en centre-ville
L’élu en charge des commerces à la mairie de Nantes critique la méthode du géant américain, dans un quartier où pullulent les fast-foods.
Le Figaro Nantes
Il dénonce une « intention manifeste de dissimuler »Gildas Salaün, conseiller municipal adjoint et délégué au commerce, fustige la future arrivée d’un KFC dans le centre-ville de Nantes. Depuis quelques jours, une grande benne verte a élu domicile au 1 place du Commerce, autrefois occupée par le bar Le Nantais. Hasard du calendrier, cette adresse est répertoriée sur le site de l’enseigne américaine KFC. Si la chaîne de restauration rapide a refusé de confirmer cette arrivée, une offre d’emploi, actuellement en attente, a également circulé récemment sur le réseau Indeed. « Nous recrutons des Employés Polyvalents en Restauration pour notre futur KFC à Nantes Commerce FIN D’ANNEE 2024 »on peut encore y lire.
Problème de signalement
La mairie savait que le spécialiste du poulet frit lorgnait le centre-ville mais, selon elle, cet emplacement précis n’a jamais été un problème. « Si le transporteur nous avait contactés, je pense que nous lui aurions indiqué que l’offre dans cette zone est déjà conséquente, et lui aurions conseillé de trouver un autre secteur. » continue l’assistant, pour qui KFC n’est pas le sien « tasse de thé ». Il dénonce d’abord la méthode. Au moment de la signature d’un compromis de vente d’un fonds de commerce, un document spécifique est généralement établi : la déclaration d’intention de vendre. Adressée aux services de la Ville et de la métropole par le notaire, cette DIA doit indiquer l’activité de l’acquéreur. « Dans ce cadre, une activité de licence IV de café, restauration et pâtisserie a été évoquée »se souvient Gildas Salaün, estimant à l’époque qu’il s’agissait d’un établissement marchant dans les traces de son prédécesseur.
« De même, ce document doit mentionner le signe envisagé. »ajoute-t-il. Par exemple, lorsque Popeyes s’est installé dans la même zone, son activité de restauration rapide a été précisée. « Là, on aurait dû avoir la même chose », il insiste sur la franchise attendue. Contacté, KFC a indiqué ne pas souhaiter commenter la situation et préférer s’entretenir d’abord avec la mairie. Le 12 septembre, sans confirmer d’adresse, le directeur du développement de KFC France a néanmoins déclaré à Ouest de la France ce : « Une ouverture prochaine à Nantes s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de renforcement de notre présence dans l’Ouest : cette région, qui compte aujourd’hui une quinzaine de restaurants KFC, présente un fort potentiel de croissance. ».
A Nantes, nous avons l’habitude de travailler avec des porteurs de projets. On ne nous met jamais devant le fait accompli.
Gildas Salaün, adjoint au maire de Nantes, délégué aux entreprises et à la ville la nuit
De leur côté, la Ville et la métropole mettent tout en œuvre pour que la réglementation soit respectée. Elles sont actuellement en phase de vérification. « À Nantes, nous avons l’habitude de travailler avec des porteurs de projets. Nous travaillons ensemble normalement. Nous ne sommes jamais devant le fait accompli. »explique Gildas Salaün, qui assure que leurs partenaires du secteur n’étaient pas non plus au courant. Plein Centre, l’association des commerçants et artisans du centre-ville de Nantes, regroupant plus de 400 adhérents, l’a ainsi découvert en même temps que la mairie. Son président Teddy Robert est d’ailleurs nuancé : « Nous sommes divisés. Quand nous avons un taux de vacance commerciale compris entre 6 et 7% « Face à un magasin qui a connu de nombreux changements de propriétaires, nous sommes heureux qu’il y ait une cellule vide en moins. Mais c’est encore un autre restaurant de junk food qui s’installe dans un coin où il y en avait déjà. ». Un McDonald’s et un Popeyes sont déjà implantés à 500 mètres. Des enseignes moins connues sont également présentes à quelques dizaines de mètres.
Mais derrière ces mots, l’élu aura-t-il réellement la possibilité d’intervenir ? « Si un projet ne nous intéresse pas, et ne nous semble pas cohérent avec le territoire, la Ville peut faire valoir son droit. droit de préemption »conclut Gildas Salaün. La suite dans le prochain épisode, quand les langues se délieront encore davantage. En janvier, l’installation d’un restaurant KFC avait déjà déclenché la colère des élus et commerçants lyonnais.