A Nantes, la création du CRA embarrasse les socialistes
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A Nantes, la création du CRA embarrasse les socialistes

A Nantes, la création du CRA embarrasse les socialistes

Accompagnée depuis 2022 par le maire de la métropole nantaise, la création d’un centre de rétention administrative a été rejetée la semaine dernière par la fédération départementale du PS. Des signaux contraires qui n’amusent qu’à moitié le reste de la gauche.

Le Figaro Nantes

Un parti, deux opinions. A la mairie de Nantes, discuter du futur centre de rétention administrative (CRA) semble tabou. Annoncée en octobre 2022 à l’issue d’une rencontre entre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, la création de ce site pour étrangers en situation irrégulière, sous réserve d’une décision d’éloignement, ne jouit guère du faveurs de la communication métropolitaine. Malgré l’opposition virulente des gauches écologistes et radicales, les rangs socialistes locaux sont restés silencieux pendant près d’un an et demi. Et puis, le 28 mai, la fédération Loire-Atlantique du Parti socialiste a publié un communiqué. En fin de compte, eux aussi s’opposent à la création de ce qui serait la seule ARC du ministère.

Le texte de la fédération socialiste revêt certainement cette position d’un vernis national, en s’attaquant à un establishment perçu comme un « détournement politique » Et « dogmatique » dans lequel Gérald Darmanin persisterait. La formulation s’inscrit également dans le calendrier des élections européennes du 9 juin. Elle n’en est pas moins en contradiction directe avec le soutien que la majorité nantaise apporte avec une résignation discrète à la construction du CRA près de la maison d’arrêt de Nantes-Carquefou.

«Beau début»

« Notre communiqué a fait l’objet d’un consensus assez large lors de nos délibérations départementales et reflète la position du Parti Socialiste sur le sujet » assure Figaro le premier secrétaire fédéral du PS en Loire-Atlantique, Karim Benbrahim. Candidat malchanceux du Nupes aux dernières législatives, le secrétaire fait pourtant mouche lorsque se pose la question des 19 mois d’ambivalence de la fédération. « Le CRA avait déjà fait l’objet d’une expression du groupe des élus socialistes de la ville de Nantes », il mentionne. Il sera cependant difficile de trouver à la mairie de 2024 des poids lourds socialistes qui vilipenderaient ouvertement le projet. Ou qui apparaîtrait aux côtés des manifestants, lors des mobilisations anti-CRA qui déferlaient à intervalles réguliers dans les rues de Nantes.

L’adjoint aux finances communales, Pascal Bolo, est en revanche monté au créneau en 2022 pour défendre le projet CRA. A l’époque, ce ténor local du PS défendait un establishment « dans l’ordre des choses », considérant « qu’une partie importante de délinquance en centre ville est lié aux étrangers. Interrogé un an et demi plus tard, Karim Benbrahim refuse de croire son camarade « également zélé sur ces questions ».


Cela ne clarifie cependant pas la position officielle de la mairie de Nantes, qui reste pour le moins ambivalente.

Marina Ferreuela, référente LFI au sein de l’intercollectif « Colère », opposée au CRA

Le communiqué diffusé en début de semaine par la fédération socialiste de Loire-Atlantique n’a en aucun cas échappé à la section locale de La France insoumise (LFI), qui a félicité, sur le réseau social « bon début » de l’ancien allié des Nupes. « Ils se réveillent enfin deux ans plus tard ! C’est mieux que rien, mais cela n’éclaire pas forcément la position officielle de la mairie de Nantes, qui reste pour le moins ambivalente. indique à Figaro Marina Ferreuela, référente LFI au sein de l’intercollectif « Colère », opposée au CRA.

Ces approximations idéologiques ne sont peut-être pas entièrement désintéressées. Pour le militant, la majorité socialiste du conseil municipal serait « gagné par une certaine excitation » à l’approche des élections municipales de 2026. Cet horizon expliquerait notamment l’annonce d’un déploiement de caméras supplémentaires à Nantes, au-delà du nombre négocié avec les élus écologistes de la majorité. «Johanna Rolland est désormais coincée dans une lutte avec la droite et l’extrême droite sur les questions de sécurité. C’est là qu’elle se sent attendue, mais cela risque de lui coûter sa base militante. observe Marina Ferreuela. L’ouverture du CRA de Loire-Atlantique est prévue au plus tard en 2027.

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