A Mayotte, le gouvernement lance une deuxième opération « Wuambushu » contre la délinquance et l’immigration irrégulière
Un an après la première opération « Wuambushu » lancée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à Mayotte, la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Marie Guévenoux, a annoncé, mardi 16 avril, le lancement d’une nouvelle action sur l’île baptisée « placer le filet ». Une référence aux opérations « XXL net square » lancées en France pour lutter contre le trafic de drogue.
« Depuis l’aube de ce matin, à Mayotte, deux opérations – une de la police et une de la gendarmerie – se déroulent sur le terrain pour lutter contre l’habitat insalubre, l’immigration clandestine et retrouver les chefs de gangs »annoncé Mmoi Guévenoux sur France 2. « Il faut montrer que Mayotte est la République », a-t-elle ajouté, précisant que « 1 700 policiers, gendarmes et militaires » participera à cette opération qui « durera onze semaines ». UN « des centaines de renforts spécialisés (…)y compris les agents de la police des frontières et de la police judiciaire (…), nous aidera à réaliser ce travail de précision”» a ajouté le ministère des Outre-mer à l’Agence France-Presse.
Alors que la première opération « Wuambushu », dont les résultats avaient été critiqués sur place pour leurs maigres résultats, avait conduit à la destruction de 700 bangas (cas) et l’arrestation de 60 individus, le ministre délégué aux Affaires étrangères a précisé mardi que cette nouvelle mission visait à arrêter « 60 chefs de gangs qui ont été visés » et détruire « 1 300 bangas, soit deux fois plus que l’an dernier ». Une enveloppe de 5 millions d’euros a été débloquée pour l’hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l’opération.
Mais cette nouvelle opération intervient dans un contexte tendu sur l’île où des bus scolaires ont été caillassés – 17 élèves blessés depuis le 19 mars – et des affrontements entre gangs. « intervillages » a repris.
Suppression des droits fonciers
Parallèlement à ces opérations policières menées par le ministère de l’Intérieur, des groupes citoyens s’organisent également depuis plusieurs mois pour protester contre l’insécurité et l’immigration en bloquant certaines routes de l’île. Le démantèlement en mars du camp de migrants situé au stade Cavani de Mamoudzou – point de départ de la contestation – n’a cependant pas apaisé la colère des habitants.
M.moi Guévenoux est également revenu sur la volonté du gouvernement de supprimer le droit foncier à Mayotte, comme l’avait annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en février. « Ce projet est toujours à l’ordre du jour »a-t-elle confirmé mardi matin. « Aujourd’hui, quand on naît à Mayotte de parents en situation irrégulière, on peut acquérir la nationalité française à 13 ans et à partir de là, ses parents peuvent bénéficier d’une carte de séjour. Nous voulons faire en sorte que ce mécanisme ne soit plus possible »a-t-elle assuré, affirmant que « Sur les 13.600 titres de séjour distribués, 85% sont de ce fait ».
«Nous voulons couper cet attrait du titre de séjour» et envoyer « un signal très clair et très ferme (…) aux pays de la zone »a-t-elle poursuivi, alors qu’un tel projet nécessite une révision de la Constitution, ce qui pourrait s’avérer dangereux compte tenu de l’absence de majorité absolue du camp présidentiel à l’Assemblée nationale.