A Marseille, les kayaks déclarent la guerre aux bateaux de croisière
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A Marseille, les kayaks déclarent la guerre aux bateaux de croisière

A Marseille, les kayaks déclarent la guerre aux bateaux de croisière



Samedi 21 septembre, une vingtaine de membres du collectif Stop Cruises et Extinction Rebellion ont bloqué l’entrée du terminal de croisière du port de Marseille à l’aide de canoës et de kayaks. Les militants, qui entendaient protester contre la pollution générée par ces navires XXL, ont restreint l’accès pendant près de deux heures avant d’être évacués par la gendarmerie maritime.

Trois navires de croisière bloqués pendant deux heures

Trois navires de croisière et deux ferries ont été impactés: le navire Aidastella, de la compagnie de croisière allemande Aida, le MSC World Europa, sixième plus grand navire de croisière au monde, et le Costa Smeralda. Les trois navires ont dû patienter en mer en raison de cette action, rare dans l’un des plus grands ports de France, a indiqué le port de Marseille à l’AFP.

Les militants, qui se trouvaient sur des kayaks gonflables, avaient déployé des banderoles portant des messages tels que : « ça sent le gaz » ou même « Nous sommes très en colère contre MSC Croisières. »

Un porte-parole de Stop Cruises a annoncé à l’AFP que le collectif dénonce « pollution de l’air causée par ces navires, de véritables villes sur l’eau » et l’impact « négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine« Les conditions de travail à bord sont également critiquées par les militants.

Les compagnies de croisière se défendent

Réponse de l’International Cruise Industry Association (CLIA), via un courriel à l’AFP : elle condamne « fermement » Ce blocage, qu’elle décrit « illégal et dangereux, par une poignée d’activistes quelles que soient leurs opinions« . La CLIA ajoute que « Le transport maritime, dont les croisières représentent 5% à Marseille, poursuit sans relâche ses efforts pour atteindre la neutralité carbone de ses activités. »

Face aux attaques des groupes environnementaux, l’industrie des croisières se défend en mettant en avant ses innovations pour réduire la pollution. Parmi elles, l’utilisation du GNL, présenté comme un carburant propre.

« GNL »n’est pas la solution ultimeexpliquait à l’AFP en 2022 Patrick Pourbaux, directeur général France de MSC Croisières, mais c’est 25% de CO2 en moins par rapport au fioul, des particules fines quasiment inexistantes et des oxydes de soufre et d’azote terriblement réduits« .

Son entreprise vante également l’utilisation d’épurateurs de fumées, qui réduisent « Plus de 95 % des émissions d’oxyde de soufre« et convertisseurs catalytiques »qui annihilent 97 % des oxydes d’azote« .

La CLIA affirme avoir investi plus de 22 milliards de dollars pour équiper ses navires de nouvelles technologies et de carburants plus propres. Son objectif est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Des navires toujours plus grands

Ces engagements semblent toutefois insuffisants. Une étude réalisée par l’ONG Transport et Environnement confirmait en juin 2023 que les navires de croisière ont dégradé leur empreinte carbone depuis 2019 et continuent d’accélérer la détérioration de la qualité de l’air dans les grandes villes portuaires européennes.

Malgré tout, la folie des grandeurs continue de gagner l’industrie, qui construit des navires toujours plus longs, plus hauts et plus puissants. D’ici 2050, selon une étude récente, ils pourraient atteindre huit fois la taille du Titanic.

Signe que le mouvement est déjà bien lancé, la compagnie Royal Caribbean a lancé en janvier le plus grand navire de croisière du monde, l’Icon of the Seas. Construit à Turku, en Finlande, le paquebot mesure 365 mètres de long. Ses 20 ponts, 40 restaurants, 7 piscines, son théâtre et son parc peuvent transporter pas moins de 10 000 personnes (équipage compris).

« Tout le monde veut avoir le plus grand » Bryan Comer, qui dirige le programme maritime de l’ONG ICCT (International Council on Clean Transport), résumait cet été au Guardian.

Symboles flottants du surtourisme

Enfin, ces géants des mers sont également pointés du doigt pour leur participation au surtourisme, le nouveau mal de l’époque. Les navires de croisière déversent en effet des milliers de visiteurs, souvent pour quelques heures seulement, dans des ports et des villes déjà saturés.

Partout, les mesures fleurissent pour réguler leur circulation. Depuis 2021, les grands navires de plus de 25 000 tonneaux de jauge brute ne sont plus autorisés à entrer dans les bassins et le canal Saint-Marc ou le canal de la Giudecca à Venise. Scénario similaire à Majorque : débordée par l’afflux de touristes débarquant des bateaux, l’île a, depuis 2022, limité le nombre de navires de ce type autorisés à y jeter l’ancre.

En Grèce, les croisiéristes qui se rendent à Mykonos et Santorin devront bientôt payer 20 euros. Enfin, en juillet, le maire de Barcelone a annoncé que la taxe de séjour pour les croisiéristes qui séjournent moins de douze heures dans la ville, actuellement fixée à 7 euros, serait sensiblement augmentée.



GrP1

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