Sonia, Yvan, Mehdi et Sabri (1) ont remonté la capuche de leur doudoune, enfilé des lunettes de soleil et barré leurs visages d’un masque sanitaire. «C’est ambiance FLNC [Front de libération nationale corse, ndlr]», tente de plaisanter Yann Manneval, le secrétaire de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, mais le cœur n’y est pas. «Depuis un mois, je ne dors plus, je ne mange plus, je sors à peine de chez moi», confie Sabri, à l’occasion d’une conférence de presse organisée mardi 22 avril. Le 21 mars, comme ses trois camarades, il a reçu une lettre de licenciement pour «faute grave». La société qui l’emploie, la filiale française du groupe SSP, gestionnaire de plusieurs enseignes de restauration rapide dans des gares et aéroports en France, lui reproche de ne pas avoir respecté le règlement concernant les invendus. Viré pour avoir donné à des sans-abri des sandwichs destinés à la poubelle.
Cela fait presque trente ans que Sabri officie à l’aéroport Marseille-Provence. Lui travaille au Starbucks, mais SSP gère aussi d’autres enseignes sur place, comme Prêt à manger, où travaillent deux autres licenciés. Le job, payé au smic, n’est pas simple : polyvalents, les employés jonglent entre différentes tâches, de la gestion des déchets à la prise de commandes en caisse, en passant par la confection des sandwichs réalisés sur place le jour même. Pour calibrer la production, il faut tenter de se caler sur l’activité des jours ou semaines précédents