La première partie de cette nouvelle tétralogie souffre du spectacle aux idées confuses et à la réalisation minimaliste de Calixto Bieito. La direction musicale de Pablo Herras-Casado ne convainque pas plus qu’un ensemble vocal inégal.
C’est un euphémisme de dire que nous l’avons attendu, ce nouveau Anneau. Programmé par Stéphane Lissner (qui a quitté la gestion de l’opéra Paris en janvier 2021), annulée en raison de la covide, la production a également changé deux fois le chef. À Philippe Jordan, prévu pour la première fois (Et qui ne pouvait diriger qu’une seule version de concert pendant le confinement), devait succéder à Gustavo Dudamel; Ce dernier ayant à son tour abandonné précipitamment le navireIl a finalement été remplacé par les Espagnols Pablo Heras-CasadoPlanifié pour le poste de directeur musical de la grande boutique, toujours vacant. Cela pourrait-il être une bonne nouvelle si cela a été confirmé? Il est autorisé à en douter à la fin de ce premier Rhin GoldTrès frustrant au niveau musical et théâtral.
Superbe
Heras-Casado est certainement maître des soldes, en s’assurant de ne pas écraser les voix en favorisant les textures de lumière et de diaphanes, menant avec un geste flexible, mais dans des tempos modérés qui permettent souvent la tension tomber. Surtout, les bords manquent de bords de coupe, les attaques de franchise, une forme d’atonie qui finit par atténuer la force du discours musical qui ne trouve jamais vraiment son rythme de croisière. Est-ce à cause des faiblesses de la plate-forme vocale que le maestro est si prudent?
Parce que soit, hélas! Le compte n’est pas là. S’il rejoignait l’entreprise en cours de route, remplaçant Ludovic Tézier annoncé initialement pendant quelques semaines, le Wotan de Ian Paterson Semble fatigué, porté aux extrêmes de la gamme, un défaut qui ne compense pas un art de Sour certainement indéniable. Baryton avec une courbe savoureuse, Brian Mulligan Faites une bien meilleure silhouette, dégoûtant ses mots vigoureusement, mais sans le volume rocheux ou l’obscurité que les grands Alberichs sont fiers.
En ténors, le mime de Gerhard SiegelGrâce à un programme aussi insolent que son tempérament, bat le Nasillard Lodge et dépourvu de venin laborieusement campé par Simon O’Neill. Parmi les géants, le fasolt de Kwangchul younpar la générosité de son cantabile, prévaut sur le fafner de Mika Karesjuste adapté. Parmi les dieux, le Freia d’Eliza Boom, le Froh de Matthew Cairns et le donnant par Florent Mbia sont un jeu égal, en concurrence par leur santé et leur jeunesse.
Fricka à la ligne de la crise nerveuse
Mais celui qui gagne tous les lauriers est Eve-Maud HubeauxFricka au bord de la crise nerveuse nerveuse, pas la matrone pour un sou, avec une femelle pleine d’érotisme dans le timbre, dans la formulation d’une bonne dose d’ironie. Marie-Nicole LemieuxD’un autre côté, n’a pas l’abyssal sérieux ou le laiton noble de l’illustre Erda – Pendant qu’elle l’était récemment, à Bruxelles, une Frick très convaincante.
À cette peinture à peine enviable s’ajoute le spectacle d’inspiration et de mouvement conçu par Calixto bieito. La première scène, avec ses filles du Rhin dans une combinaison de plongée, confinée à l’avant du plateau fermé par un rideau blanchâtre, est déjà une pauvreté visuelle pénible. Au séjour des dieux, une grande palissade de feuilles perforées et un canapé sont les seuls éléments d’un décor dont la sobriété pourrait être admise s’il y avait plus d’animation et d’esprit – et si les costumes ne cultivaient pas une esthétique triviale dont l’uniformité a tendance à dissoudre les caractères. Certaines vidéos les plus anecdotiques semblent surtout là pour combler le vide des idées.
Univers sombre
Nous devons attendre la descente du Nibelheim pour commencer à voir le projet Bieito qui prétend montrer « un contexte dominé par la virtualité numérique, où les masses se retrouvent déshumanisées ». Puis l’ensemble se soulève, révélant un univers sombre qui ressemble vaguement à un Centre de données Et où Alberich asservit les robots humanoïdes. À la toute fin de l’opéra, après que les dieux se sont levés au Walhalla (en réalité dans les hauteurs de l’appareil), seulement une Freeia sale (pourquoi? Mystery), Mystery), auquel Lodge avance avec un briquet doublé (idem).
Si la déception, pour le moment, est donc à la hauteur de nos attentes, les volets suivants de cette tétralogie nous éclairent-ils davantage sur les intentions dramaturgiques de ses concepteurs? Réponse la saison prochaine, avec Walkyria.
Rhin Gold de Wagner. Paris, Bastille Opera, 29 janvier. Représentations jusqu’au 19 février.