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A l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux, l’amertume des « travailleurs essentiels » du confinement : « C’est comme ça qu’on nous remercie ? »

A l’entrée de l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), derrière les grilles couvertes d’enseignes hostiles à la réforme des retraites, un feu de palettes se consume lentement. Autour, un café à la main, une poignée de salariés ressasse ce mardi 21 mars les événements de ces derniers jours : le 49-3, le rejet de la motion de censure contre le gouvernement, les manifestations qui s’accumulent et tendent un peu partout dans le pays. Autant d’événements qui ont « a galvanisé les troupes »assure Fatiha Lahrech, déléguée CGT du site, ainsi que les nombreuses visites de sympathisants extérieurs – députés, énergéticiens, enseignants, étudiants… Ici, le piquet de grève tient depuis le 7 mars, et les manifestants alternent actions de blocage et barrages filtrants qui perturber l’activité mais écarter la menace d’interventions policières comme celle qui s’est produite à l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine la semaine dernière.

« Nous travaillons en trois équipes toute l’année, avec des périodes de travail de sept jours consécutifs. Nous sommes fatigués et socialement en décalage. » Jean-Philippe Evrard, salarié à l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux

Tête chauve et taille haute, Jean-Philippe Évrard – « appelez-moi Jipé »– fait partie des salariés mobilisés. Travailler à l’incinérateur jusqu’à 64 ans ? Le trentenaire, arrivé en 2018, assure qu’il ne pourra pas le faire, ni lui ni ses collègues. « Nous travaillons en trois équipes toute l’année, avec des périodes de travail de sept jours consécutifs. Moi, j’ai trois enfants. J’aimerais les voir pendant les week-ends, les vacances ou les vacances scolaires, mais je ne peux pas. Nous sommes fatigués et socialement décalés« , il explique. En rondier, Jean-Philippe Évrard arpente chaque jour l’immense usine, depuis le sous-sol privé de lumière du jour qui s’enfonce à trente mètres sous terre. – « on ne sait jamais quel temps il fait dehors», déplore un collègue – à la centrale vapeur où les températures flirtent normalement avec les cinquante degrés, en passant par la fosse où s’entassent les ordures ménagères dont l’odeur nauséabonde imprègne les vêtements.

Fumée, poussière et bruit

Sur son téléphone, Thibaut Trévidic, chef de bloc de 31 ans, fait défiler des vidéos pour montrer les conditions dans lesquelles se déroulent les interventions quotidiennes des équipes. Les coups répétés de pelle dans le sol, la fumée, la poussière, le vacarme. « C’est un travail physique et épuisant. Tu ne peux pas faire ça toute ta vie. » lâche-t-il. «Ici, il y a deux mecs qui ont plus de 50 ans, qui ont trimé toute leur vie. Ils sont rincés. Ils ont tous les deux des problèmes de genou et ils ont été opérés., rapporte Julien Carton, 40 bougies, dont quinze soufflées dans l’incinérateur de déchets. Et le chef d’équipe à l’épaisse barbe rousse s’est adressé à Emmanuel Macron et à ses ministres dans une bravade ironique : « En ce moment, nous devons recruter. J’invite tous ces gens à postuler pour venir voir comment on travaille ici, s’ils pensent qu’on est riche. »

« Si nous sommes privés de tous nos avantages, à quoi bon continuer à faire ce métier ? Bientôt, plus personne ne voudra travailler ici. »Thibaut Trévidic, salarié

Car au-delà du report de l’âge légal de la retraite, les grévistes protestent aussi contre la suppression programmée du régime spécial des salariés des industries électriques et gazières (IEG), dont ils bénéficient alors même qu’ils travaillent pour une entreprise privée, Urbaser. Cela permet à certains salariés de liquider leurs droits par anticipation pour partir plus tôt à la retraite, en contrepartie de la pénibilité de leur emploi. « Lorsque vous démarrez un jeu, il y a des règles. Vous ne pouvez pas les changer en cours de route. »accuse Thibaut Trévidic, qui s’interroge sur son avenir professionnel. « Si nous sommes privés de tous nos avantages, à quoi bon continuer à faire ce métier ? Bientôt, plus personne ne voudra travailler ici »il prévient.

« Encore une claque »

Ces derniers jours, la grève des éboueurs et des incinérateurs a semé le chaos et la polémique dans la capitale, images virales de poubelles empilées sur les trottoirs à l’appui. « Ce qui se passe montre à quel point nous faisons un travail de service public, essentiel au bon fonctionnement de l’économie», souligne Julien Carton. Le confinement du printemps 2020, où seuls les travailleurs « de première ligne » étaient autorisés à sortir de chez eux pour limiter la propagation du Covid, en avait déjà apporté la preuve.

Julien Carton s’en souvient avec amertume.« À l’époque, des équipes de six fonctionnaient avec seulement trois employés, pour réduire les risques. On travaillait de A à Z, comme des médecins ou des infirmières, dans un lieu clos qui plus est. Et aujourd’hui, le gouvernement nous demande de travailler encore plus dur. C’est comme ça qu’il nous remercie ? Pour nous, c’est une claque de plus. », souffle-t-il. Mardi, les salariés du site d’Issy-les-Moulineaux ont voté en assemblée générale le renouvellement de leur grève jusqu’au dimanche 26 mars, tout comme leurs collègues des deux autres incinérateurs d’Île-de-France, à Ivry-sur-Seine et Saint-Ouen.


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Cammile Bussière

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