à l’hôpital de Colombes, une épidémie « très inhabituelle par son ampleur et sa durée »
Dans les bras de sa mère, Neïla, 6 mois, prend son biberon. Une bulle de tendresse, à peine troublée par les trois fils qui sortent de son body. Ils relient des électrodes posées sur le thorax du nourrisson à un moniteur de surveillance (scope) qui enregistre en temps réel, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, son rythme cardiaque et sa fréquence respiratoire. Un capteur, scotché au talon, mesure le taux d’oxygène dans le sang.
Ce jeudi 1euh Août, mère et enfant prennent leur douleur dans la patience dans une chambre du service de pédiatrie de l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine), établissement de l’Assistance-publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). « Depuis trois semaines, ma fille avait de fortes quintes de toux mais pas de fièvre. Elle ne mangeait plus, ne dormait plus et dépérissait de jour en jour. »dit Zineb, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
Au début, ni le médecin traitant, ni le SAMU, ni les services d’urgence de Louis-Mourier ne s’alarment; la seule recommandation est de lui laver le nez. Le 28 juillet, la mère inquiète emmène à nouveau sa fille aux urgences. « Là, Neïla a fait une quinte de toux tellement impressionnante qu’elle a été prise en charge tout de suite. »
Longues crises compulsives de toux sèche
Un test de diagnostic (PCR multiplex) est immédiatement réalisé pour rechercher plusieurs infections respiratoires : grippe, bronchiolite, etc. « En moins de deux heures, nous avons reçu le diagnostic de coqueluche »explique Romain Basmaci, chef du service de pédiatrie à Louis-Mourier. Ailleurs, cette rapidité n’est pas toujours la règle : les bactéries qui cause la maladie, Bordetella pertussis, a provoqué une telle épidémie depuis le début de l’année en France que les circuits de tests sont engorgés dans les laboratoires des villes, les résultats n’étant délivrés qu’au bout de dix à quinze jours.
Une fois diagnostiquée, Neïla a été immédiatement hospitalisée en pédiatrie, où elle a été placée sous surveillance étroite et constante. Le risque redouté ? Des complications liées aux quintes de toux qui caractérisent cette infection : de longues crises compulsives de toux sèche, jusqu’à ce que la patiente reprenne enfin son souffle, dans une inspiration bruyante évoquant le chant d’un coq – d’où le nom de la maladie. « Ces quintes de toux sont épuisantes et peuvent, chez les tout-petits, provoquer une apnée sévère et une détresse respiratoire, un risque qui ne prévient pas. »prévient Romain Basmaci.
Jeudi, dans les bras de sa mère, Neïla est soudain secouée par une violente crise. Son crâne devient cramoisi, une alarme retentit au poste des infirmières. Sur l’écran de l’oscilloscope, les signes vitaux se dégradent. La saturation en oxygène du sang, normalement supérieure à 95 %, chute à 84 % ; le rythme cardiaque, qui ne dépasse pas 160 battements par minute chez un nourrisson au repos, grimpe à 200. Une infirmière se précipite, mais les paramètres de la petite fille reviennent progressivement à la normale d’eux-mêmes. « Neïla a pris du poids aujourd’hui, j’espère que c’est la fin du cauchemar »dit sa mère.
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