« À l’épreuve » : Ambre au pays des éboueurs de Paris
« Je ne suis pas si fauché que ça. » Lorsqu’une conseillère de France Travail lui propose un emploi en CDI d’éboueuse en ville, la première réaction d’Ambre (Frankie Wallach), une mère célibataire de 20 ans, est de reculer. Et pourtant, elle va accepter ce travail. Car elle n’a pas le choix : l’étudiante, qui s’est retrouvée mère à 16 ans à la suite d’un déni de grossesse, a claqué la porte du domicile parental et est menacée par ses parents de se voir retirer la garde de son fils.
Pour assurer la présence du petit garçon à ses côtés, et parce que les relations sont tendues avec l’ami qui les héberge, elle accepte ce travail, avec humour. Mais en mentant à tout le monde. Mieux : elle passe un concours pour « le Fonctionnel », ce service considéré comme « Le GIGN de la propreté »et qui survient après des manifestations, des accidents, des suicides, des attentats. Un milieu strictement masculin où elle devra affronter un leader misogyne et aigri (Bernard Campan).
La honte n’est pas sur ceux qui ramassent la merde, mais sur ceux qui la jettent !
Akim Isker, d’après un scénario de Fanny Chesnel et Noémie de Lapparent, filme cette histoire singulière, mais aussi le monde du travail. Et pas n’importe lequel : celui, essentiel et tant décrié, des éboueurs. Lorsqu’elle débute sa formation, Ambre se retrouve perchée sur un camion poubelle, en plein Paris. Et le réalisateur, qui a fait des recherches et rencontré des professionnels, montre la difficulté de ce métier : les charges lourdes, la rapidité d’exécution et, surtout, le danger du trafic, de la vitesse du camion et des autres automobilistes.
Il se met à la hauteur des yeux d’un enfant et rappelle à chacun que, pour les petits, le passage de ce camion poubelle est une fête et les éboueurs des héros. Il filme à la fois la technicité et la difficulté de ce métier, en même temps que tous les préjugés qui l’entourent.
Honte, « Ce ne sont pas ceux qui ramassent la merde, mais ceux qui la jettent ! » Ambre, perchée sur son camion, crie à son amie Adèle qui vient de la prendre en flagrant délit de mensonge. De la même manière, le patron d’Ambre à « La Fonctionnelle », fier de son travail, ne comprend pas pourquoi son fils ne veut pas suivre ses traces. Et se sent blessé lorsque le gamin lui répond qu’il a trop honte et ne veut pas finir « Les mains dans la merde et les pieds dans la pisse ».
Le téléfilm montre brillamment le mépris de classe subi par ces employés : par exemple, ce policier qui, dans un tunnel, parle « ce petit boulot de merde »ou le père d’Ambre qui, devant le juge, lui dit : « Tu as honte ? Alors pourquoi as-tu choisi ce métier ? »
Finalement, ce que montre ce téléfilm remarquable, qui a reçu le prix du meilleur single et le prix de la presse étrangère au festival de La Rochelle le 14 septembre, c’est la nécessaire solidarité entre ces salariés. Tous sont arrivés là plus par hasard que par vocation, mais sont obligés de se serrer les coudes pour continuer. Pour Ambre, c’est un apprentissage express du monde du travail, sur le terrain. Dynamique, souvent drôle, cette fiction remarquable vaut le détour.
En procèsFrance 2, 21h10
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