Cet épisode sera disponible le 15/11.
Dans cette série « Dernières nouvelles sur le sexe » de Pieds sur Terre, on découvre aujourd’hui des témoignages intimes sur la sexualité, à la lumière d’une nouvelle enquête scientifique de l’Inserm qui pointe les changements de pratiques des Français.
Paulette n’a jamais connu le plaisir durant ses soixante ans de mariage. C’est à l’âge de 93 ans qu’elle découvre pour la première fois la sensualité et l’amour, avec un militaire à la retraite, M. Sammani, qu’elle rencontre dans une maison de retraite. Mais c’est comme s’ils avaient toujours vécu ensemble.
Elle était mariée, Paulette, à un homme qui n’était pas amoureuse « du tout, du tout » et dont elle n’était pas amoureuse non plus. Ils s’embrassèrent et dormirent ensemble sans plaisir. Alors qu’avec M. Sammani, ils sont « si heureux« Et puis sexuellement, ça. »marcher » Encore. « On s’embrasse, on se parle gentiment, on se dit des mots d’amour et tout, mieux que quand on était jeunes. (…) On n’arrive pas à croire qu’on le fait encore aussi souvent maintenant, mais au final on n’a que ça à faire ! » Paulette.
« Nous voulons faire n’importe quoi à tout moment, n’importe quel jour, nous le faisons et c’est tout. »
Les lits sont un peu trop petits pour dormir à deux et Paulette a toujours peur que son amant tombe dans la nuit. Alors elle n’est pas jalouse de Paulette, elle n’aurait pas de problème s’il allait « voir ailleurs ». Mais elle prévient tous les hommes qui tenteraient avec elle : « C’est sympa, mais je leur dis tout de suite que ça ne sert à rien d’insister, c’est zéro, zéro. » Paulette. Et peu importe leur opinion.
Lorsque Morgane et Guy se sont rencontrés chez un ami commun, ce fut le coup de foudre. « Nous nous sommes pratiquement jetés l’un sur l’autre. Nous sommes allés à l’hôtel très rapidement. C’était très fougueux. » gars.
A cette époque, Morgane était mariée. Alors Guy, de vingt-cinq ans son cadet, la retrouve discrètement à l’hôtel. Lorsque Morgane rejoint l’Ehpad des Champs Manceaux à Rennes, car elle souffre d’une grave scoliose la laissant confinée dans un fauteuil roulant, les choses se compliquent. « Nous avons mis du temps avant d’agir. Morgane m’a fait comprendre qu’elle voulait que ça arrive. » gars.
« Pourquoi Madame n’aurait-elle pas le droit de s’amuser en maison de retraite ? »
Un jour, le personnel de l’Ehpad surprend Guy et Morgane : «Le gérant eut un regard accusateur. Je lui ai dit que nous ne faisions rien de mal. (…) Elle voulait s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’abus. Je pensais que c’était fini. » gars. Finalement, les responsables ont compris que la relation entre les amoureux était saine. « Ils ont mis une petite pancarte disant « s’il vous plaît, ne pas déranger » pour que nous puissions avoir l’esprit tranquille. » explique Guy.
Les relations sexuelles de Guy et Morgane ont bien entendu évolué avec les problèmes de santé de Morgane. Mais entre eux, il y a toujours autant d’envie et d’attention. « J’ai beaucoup de sentiments pour Guy et j’ai envie que ça continue très longtemps. » dit Morgane, qui aime être parfumée et soignée lorsque Guy lui rend visite. Ce dernier espère que Morgane aura envie de faire l’amour le plus longtemps possible, dans son intérêt et surtout dans le sien « parce que la sexualité est importante pour l’équilibre psychologique« .
C’est à l’Ehpad que Joe et Béa, âgés de plus de 80 ans, ont vécu le premier coup de foudre de leur vie. Toute sa vie, Béa a dû répondre aux agressions sexuelles de son mari. »sois sa geisha». Joe se sentait coupable du désir de sa femme, même si « mécaniquement » cela ne fonctionnait plus depuis son cancer de la prostate.
Ensemble, ils réinventent des gestes sensuels et amoureux, décentrés de la sexualité génitale. « J’ai eu pas mal d’hommes dans ma vie, toujours avec des relations très physiques. Et ça m’a fait du bien de rencontrer un homme plein de gentillesse.«
« Nous avons peut-être plus de sexe, mais nous avons des mots qui les remplacent, qui valent beaucoup de gestes d’amour »
Tous deux aimeraient coucher ensemble. Nous leur avons dit que ces jours-ci, les choses se passent mieux qu’avant, que ce n’est pas impossible. « Je l’embrasserais partout où cela lui ferait plaisir, je la couvrirais de baisers, Joe explique. Si je sais que ça va lui plaire, je redouble d’enthousiasme.«
Les chemins de la philosophie
58 minutes
Merci à Morgane et Guy, Paulette et M. Sammani, Joe et Béa. Merci à Juliette Rousseau, Elisabeth Metayer, Emilie Masclet, Gabrielle Cauchy et à tout le personnel soignant de l’Ehpad des Champs-Manceaux à Rennes. Merci à Armelle Andro.
- Rapports :Pauline Chanu
- Réalisation : Éric Lancien
Fin de la musique : « Just Like Honey », La Chaîne Jésus et Marie – Album : Psychobonbon (1985)
Pour aller plus loin
- Contextes des sexualités en France, une enquête sous la direction d’Armelle Andro, Nathalie Bajos et Caroline Moreau réalisée pour l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et Santé publique France.
En partenariat avec Libération