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A l’aube d’une délocalisation en Chine, le leader des cartes bancaires tente de devenir 100% européen

A l’aube d’une délocalisation en Chine, le leader des cartes bancaires tente de devenir 100% européen

Pendant de nombreuses minutes, nous avons entendu la même belle histoire. Vitré est génial, nous sommes ravis d’y être installés, les élus ont été d’une grande aide, il fait toujours beau en Bretagne et tout le monde est content. Sous la tonnelle installée au pied de la nouvelle usine Idemia, les dirigeants de cette entreprise qui fabrique une carte bancaire sur deux en Europe se félicitaient d’avoir construit un tout nouveau site ultra-sécurisé et d’y avoir emménagé en quatorze mois. Une véritable prouesse qui ferait pâlir tous les individus qui attendent deux ans avant de posséder une simple maison. Devant un parterre de clients et partenaires, les dirigeants de l’entreprise ont souligné leur attachement à ce quartier situé à trente minutes de Rennes, connu pour avoir l’un des taux de chômage les plus bas de France.

Parmi les discours des hommes en costumes sombres, celui d’Isabelle Le Callennec s’est démarqué. Dans sa veste rouge, la nouvelle députée européenne a évoqué un épisode de l’Histoire que personne d’autre n’avait osé aborder jusqu’alors. « Lorsque j’ai été élu maire de Vitré, il y a quatre ans, rien n’était sûr. À l’époque, il était question de délocaliser l’usine à Shenzhen, en Chine. Léger inconfort.

Une usine qui fonctionne 24h/24

Entré au Parlement européen en juin, le député Les Républicains n’a pas hésité à saluer les efforts de l’Europe, de sa communauté et de l’État pour inciter Idemia à rester à Vitré. Présente depuis trente-cinq ans en Ille-et-Vilaine, l’entreprise est issue de la fusion d’Oberthur et de Morpho en 2017. Spécialisée dans la sécurité numérique, elle est l’un des leaders mondiaux de la biométrie et de la cryptographie. , employant 15 000 personnes dans le monde, dont plus de 3 000 en France.

L'entreprise française Idemia a dépensé 20 millions d'euros pour acheter une nouvelle usine capable de fabriquer des cartes bancaires, des puces pour téléphones et des cartes pour le secteur automobile.
L’entreprise française Idemia a dépensé 20 millions d’euros pour acheter une nouvelle usine capable de fabriquer des cartes bancaires, des puces pour téléphones et des cartes pour le secteur automobile.– Faites-le vivre

A Vitré, environ 500 personnes font fonctionner cette nouvelle usine, ouverte 24h/24 et qui produira bientôt 100 millions de cartes bancaires par an. « Notre bail arrivait à son terme, le groupe devait choisir quel était l’avenir de l’activité de fabrication de cartes bancaires », explique le directeur de l’usine Eric Le Quéré. Idemia a préféré rester à Vitré, dépensant au passage 20 millions d’euros pour construire un nouveau site plus vertueux et moins énergivore. « Nous avons ici une maîtrise technique, un savoir-faire. Nous avons voulu nous appuyer sur lui pour aller plus loin dans l’intégration de notre technologie », poursuit le directeur.

La première puce 100% européenne

Plutôt que de s’installer en Chine, Idemia a fait le choix inverse. En maintenant son site de Vitré mais aussi en établissant un partenariat avec la société allemande GlobalFoundries, l’un des leaders mondiaux de la fabrication de semi-conducteurs. Ces puces électroniques indispensables à nos smartphones, nos ordinateurs et nos voitures sont principalement produites en Asie. Leur pénurie mondiale a tellement ébranlé les fabricants européens que beaucoup tentent désormais de s’approvisionner localement. « Nous devons protéger notre souveraineté. En matière de protection des données, nous avions du rattrapage à faire. Avec ce partenariat, nous prouvons notre capacité à créer la première carte à puce 100 % européenne à la pointe de la technologie », déclare Philippe Oliva, PDG d’Idemia Secure Transactions, l’une des trois branches de l’entreprise.

Face à la concurrence des smartphones, la bonne vieille carte bancaire a-t-elle encore sa place ? Oui, disent les responsables du dirigeant français. Toujours dynamique, ce marché tend cependant à plafonner au niveau européen, notamment sous l’effet de la digitalisation des médias. « La carte bancaire va perdurer. Parce que c’est un accessoire qui veut dire quelque chose et que certaines personnes ne peuvent pas s’en passer. Mais il faut innover, le rendre plus personnalisable », précise Yann Limelette, ingénieur R&D chez Idemia.

Le marché de la voiture électrique explose

Plutôt que de se limiter à ce marché, Idemia a choisi de se diversifier. Ce partenariat noué avec le partenaire allemand servira donc non seulement au secteur des cartes bancaires mais équipera également les cartes qui remplacent progressivement les clés de nos voitures. Des cartes pensées et conçues à Vitré qui doivent allier efficacité et sécurité des données. Avec sa nouvelle usine, l’entreprise française augmente par cinq sa capacité de production de cartes-clés NFC, utilisées dans les véhicules électriques du monde entier. Cinquante millions de voitures sont déjà équipées de solutions développées par Idemia. Un fleuron industriel pourtant peu connu du grand public.

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