A l’Assemblée nationale, la stratégie du Rassemblement national pour effacer la droite
Rivaliser, disloquer puis remplacer le droit. Marine Le Pen, depuis plus de dix ans, en rêvait. C’est la droite elle-même qui l’a fait. En s’absentant largement de l’Assemblée nationale lors de la première semaine du débat budgétaire, les députés Les Républicains (LR) – comme ceux de la coalition présidentielle – ont laissé le Rassemblement national (RN) seul face à la gauche. L’occasion inespérée pour l’extrême droite de jouer les remparts libéraux contre les propositions fiscales défendues par l’autre côté de l’Assemblée nationale. Qu’importe si l’ancien Front National doit, pour ce faire, céder aux contorsions les plus souples.
Après des années à s’attaquer à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune ou du « flat tax », visant à taxer moins lourdement les revenus du capital que celui du travail, les frontistes ont sauvé ces deux marqueurs de la politique fiscale d’Emmanuel Macron. Une volte-face programmatique que le groupe RN justifie par sa tentative de séduire l’électorat libéral et entrepreneurial qui lui manque encore. A la tête du parti, Jordan Bardella n’a pour objectif que de rassembler ceux qui auraient porté Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007, en séduisant « la bourgeoisie patriote et l’élite »pour les attacher à « cours populaires » qu’il considère déjà rallié à Marine Le Pen. Une semaine après ces regards économiques, l’ex-Front national entend désormais profiter de sa niche parlementaire, jeudi 31 octobre, pour accaparer la droite sur le terrain régalien.
La première des six propositions de loi défendues par le RN concernera l’abrogation de la réforme des retraites. Mais le parti espère ne pouvoir lui consacrer qu’un débat rapide et symbolique : après que la commission des affaires sociales a vidé le texte de sa substance, le 23 octobre, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, devrait, d’ici jeudi, matin, censurer les amendements déposés par l’extrême droite pour rétablir la version initiale.
« Intransigeance absolue »
Privés de cette occasion de défier la gauche, Marine Le Pen et ses troupes vont concentrer leurs forces sur deux promesses historiques de la droite, placées aux deuxième et quatrième places du programme du 31 octobre (qui inclut aussi la fin de l’interdiction de louer des propriétés). ). crépines thermiques, défiscalisation des médecins et infirmiers en cas de retraite multiple, évolution du régime juridique des installations hydroélectriques) : l’expulsion des étrangers coupables de délits et de délits et le rétablissement de peines minimales. Deux occasions de confronter leurs adversaires et le gouvernement à leur cohérence, avec le risque pour ce dernier d’offrir un succès inédit au RN.
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