A l’Alpe d’Huez, le cinéma tente de faire passer ses stars devant un jury… de moniteurs de ski

En ce début d’année, cinéma et montagne se rencontrent pour une alchimie unique. A l’Alpe d’Huez, où le Festival de l’Humour fête sa 28ème édition, un jury atypique s’impose comme une tradition unique. Le Jury de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, présidé par le comédien Tomer Sisley, réunit quatre moniteurs de ski de l’Ecole du Ski Français (ESF) de l’Alpe d’Huez. Leur mission ? Attribuer un prix spécial à l’un des films en compétition, dans un esprit de sincérité et de partage.

Une collaboration naturelle

Pour sa deuxième année d’existence, le Jury Régional se démarque par sa composition unique : des jurés amateurs, âgés de 22 à 68 ans, apportant un regard brut et instinctif aux films projetés. Tomer Sisley, président du jury, voit dans cette particularité un véritable atout : « Ce qui est intéressant chez eux, c’est qu’ils ne viennent pas du monde du cinéma. Leur point de vue est instinctif et honnête, sans être biaisé par des considérations techniques. C’est rafraîchissant et ça revient à l’essentiel : quelles émotions laisse un film ? »

Dès sa première rencontre avec les moniteurs, Tomer Sisley a su instaurer une ambiance conviviale et attentive. Marion, l’une des jurées, se souvient : « Il nous a surtout interrogés pour savoir ce qui nous intéressait dans cette expérience et a essayé de comprendre nos personnalités. Il nous a par exemple demandé quels étaient nos films préférés. »

Discutez du cinéma

Après chaque projection, le jury se réunit pour échanger ses premières impressions dans un esprit de partage. Margot, formatrice et membre du jury, explique : « On s’isole et on fait d’abord un tour de table pour dire ce qu’on a ressenti. C’est un véritable moment de partage, où chacun peut exprimer son avis. »

Pour Marion, ces échanges vont bien au-delà de simples impressions : « Échanger avec Tomer est passionnant. Cela nous aide à mieux comprendre pourquoi un film peut nous toucher, ou au contraire pourquoi nous ne ressentons rien. » Ces échanges, très attendus par Tomer Sisley lui-même, enrichissent autant qu’ils inspirent : « A la fin des projections, j’ai vraiment hâte d’entendre leur avis. »

« L’Alpe d’Huez est décontractée, loin des paillettes »

Même lorsque les avis divergent, l’ambiance reste toujours bienveillante et respectueuse. Tomer Sisley insiste sur la richesse de cette diversité : « L’intérêt d’un jury, c’est justement qu’on n’est pas toujours d’accord. Cela vous permet d’explorer les sentiments et d’aller au-delà des premières impressions. »

Pour Tomer Sisley, l’Alpe d’Huez a une résonance particulière. C’est ici qu’il passe son « aiglon » et vit ses premières descentes à ski… Ainsi que ses premières fractures. Il garde malgré tout un attachement sincère à cette station : « C’est génial. Ici, pas de petites phrases, pas de paillettes. C’est décontracté et authentique. » Cette année, il a cependant dû renoncer au ski en raison d’un tournage imminent, un sacrifice qu’il accepte avec nostalgie : « Le ski me manque, c’est mon sport préféré. »

Une expérience particulière

Pour Margot, cette aventure a été une révélation : « Mon frère a participé à la première édition l’année dernière et m’a donné envie. Je ne regrette pas une seconde. » Marion, de son côté, parle d’un véritable tournant : « J’ai eu l’impression d’entrer dans une petite bulle. J’étais très investi dans ce rôle. Chaque film et chaque débrief ont nourri mon goût pour le cinéma. Je pense que je suis devenu cinéphile grâce à cette expérience. »

Entre passion de la montagne et amour du cinéma, le Jury Régional semble avoir trouvé la formule idéale pour des échanges authentiques et mémorables. Pour Tomer Sisley, cette rencontre restera un moment privilégié