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À la recherche de la paix en temps de conflit, la chronique de Marie-Armelle Beaulieu

La formule était simple, on parlait de « chrétiens de Terre Sainte » pour regrouper la communauté répartie entre Israël, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem.

Depuis le Samedi noir d’octobre, la communauté chrétienne, dans cet espace géographique, vit plus que jamais des réalités différentes. En Israël on parle de districts, en Palestine, on parle de gouvernorats, mais la réalité varie d’un canton à l’autre et selon l’origine de chacun.

Au cours des dix derniers jours, après sa visite improbable et surprise dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, le patriarche de Jérusalem, le cardinal Pizzaballa, a effectué deux visites pastorales.

Dans le village chrétien de Taybeh, un nouveau tour de vis dramatique

Il resta trois jours à Taybeh. Le village, situé à 30 kilomètres au nord-est de Jérusalem, appartient au gouvernorat de Ramallah. Elle se trouve à 10 km à vol d’oiseau de la capitale administrative palestinienne. C’est le dernier village entièrement chrétien et la moitié de la population est catholique.

Mais depuis que la répression israélienne des massacres d’octobre s’est étendue à l’ensemble de la population de Cisjordanie, c’est comme les Palestiniens que les 1 500 habitants subissent une situation qui connaît un nouveau et dramatique tour de vis. Il en résulte un isolement, avec les 12 villages environnants, du reste du gouvernorat en raison de la fermeture aléatoire des postes de contrôle. Une politique de blocage mise en œuvre par l’armée dans toute la Cisjordanie. Cela conduit à une quasi-paralysie de l’économie locale et à une inflation d’autant plus lourde que de nombreux Palestiniens ne peuvent plus travailler.

Le 11 juin, le Patriarche a entamé dans l’après-midi une visite pastorale de cinq jours à Haïfa, en Israël. Le matin même, et pour la première fois depuis janvier, l’alerte retentit dans la ville annonçant une salve de roquettes tirées depuis le Liban. En octobre, ils sont venus de Gaza.

À Haïfa, sur 290 000 habitants, il y a 18 000 chrétiens, dont un peu plus de 2 000 catholiques romains. Ces derniers mois, la ville, connue pour sa coexistence relativement harmonieuse entre juifs, chrétiens et musulmans, a été confrontée à des défis pour maintenir cet équilibre. Avec 75 % de sa population juive, de nombreux Arabes, dont la plupart des chrétiens, ont été victimes de discrimination en raison de leur culture palestinienne. Certains ont perdu leur emploi pour cette raison, d’autres estiment qu’ils doivent faire profil bas pour ne pas se mettre en danger. Tous sont tenus de réévaluer leur degré d’adhésion à leur citoyenneté israélienne. Il n’y a pas de bonne réponse, il n’y a que des parcours de vie et des quêtes intérieures.

Semer dans les coeurs quelque chose qui ressemble déjà à de l’apaisement

Le patriarche écoute tout le monde. A lui d’apporter du réconfort et d’aider chacun à garder espoir. Le mieux, c’est qu’il arrive à semer dans les cœurs quelque chose qui ressemble déjà à de l’apaisement. Il suffit de regarder les photos prises lors des visites et les visages souriants le plus souvent, parfois même visiblement reconnaissants.

Ce qu’il leur a dit, le patriarche l’a en quelque sorte théorisé et révélé lors d’une leçon magistrale donnée à Rome en mai dernier. Le texte s’appelle Caractéristiques et critères d’un ministère de la paix. Une bonne lecture pour rechercher la paix en temps de conflit.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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