À la prison de Bordeaux-Gradignan, les agressions contre les surveillants se multiplient
Deux nouvelles agressions contre des personnels ont été enregistrées à la maison d’arrêt de Gradignan samedi et lundi. Ces incidents portent à une dizaine le nombre d’incidents violents recensés depuis début septembre.
Le Figaro Bordeaux
A la maison d’arrêt de Gradignan, en Gironde, les agressions verbales contre les surveillants sont quotidiennes. Les agressions physiques se multiplient tous les deux ou trois jours. Depuis début septembre, une dizaine d’agressions physiques ont déjà été recensées par les syndicats. La dernière d’entre elles a eu lieu lundi, dans les anciens bâtiments de la prison, vers 15h30.
Elle visait « un jeune superviseur » qui exerce le métier depuis moins de trois mois. Ce dernier était appelé à fouiller un détenu – qui venait de mettre le feu à sa cellule – lorsque la situation a dégénéré. Refusant de se soumettre à la fouille, le détenu a été plaqué au sol, où il a violemment agrippé la cheville du jeune gardien qui s’est alors baissé pour se libérer. Le détenu en a profité pour lui cracher au visage – avant de se retourner pour mordre un autre agent. Une journée d’ITT a été prescrite à ce gardien de prison souffrant d’une légère entorse à la cheville.
Un gardien défendu par des prisonniers
Une seconde agression, particulièrement violente, a également eu lieu samedi dans le quartier des nouveaux arrivants, situé dans le bâtiment déjà surpeuplé de la « nouvelle prison ». L’incident s’est produit vers 16h30 alors qu’une quarantaine de détenus revenaient de leur promenade. Seule surveillante de ce moment souvent délicat, une surveillante a alors été agressée par un détenu en colère de ne pas avoir reçu sa dernière livraison de tabac aussi rapidement qu’il l’espérait. « Lorsqu’il est passé devant sa collègue, il lui a donné une grosse claque et a commencé à la tirer par les cheveux. »décrit Francis Vandenschrick, porte-parole du syndicat FO Pénitentiaire.
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Le problème ? Dans ce nouveau bâtiment, gardé par seulement trois agents, l’un est en détention, le deuxième est incapable de bouger du poste où il garde les portes protégées qui empêchent les détenus d’aller et venir à leur guise, et le dernier surveille seul la marche de dizaines de prisonniers. « En cas d’incident, le temps que les renforts arrivent, les secondes semblent des heures. Samedi, ce sont des détenus qui sont intervenus pour stopper l’agression de ce collègue. Et heureusement, car le gardien qui était au poste protégé n’a pas pu agir et celui qui était en place au centre de détention était très loin. »poursuit Francis Vandenschrick.
Une difficulté qui semblait moindre dans les anciens bâtiments, dont les étages permettaient aux agents de s’entraider plus rapidement en grimpant d’un service à l’autre en cas d’urgence. La topographie des nouveaux bâtiments accentue un problème structurel, selon Francis Vandenschrick : « Nous manquons de personnel et le nombre de détenus augmente. Nous ne sommes pas en sécurité. ». Des déclarations régulièrement appuyées par les syndicats pénitentiaires de la maison d’arrêt de Gradignan, qui ont déjà expliqué à la Figaro en août dernier, ils ont été obligés de tolérer de facto Consommation de cannabis dans les cellules, faute de moyens efficaces de coercition.