En Arizona, la question de l’immigration est l’une des préoccupations majeures. Dans cet État frontalier avec le Mexique, certains prônent des solutions radicales, tandis que d’autres crient à l’exagération.
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A trois jours de l’élection présidentielle américaine, direction l’Arizona, Etat du sud, frontalier du Mexique, où la question de l’immigration est l’un des thèmes les plus évoqués dans les débats entre républicains et démocrates. Selon des sources officielles, les arrivées légales et les passages illégaux d’étrangers ont augmenté sous l’administration Biden.
L’Arizona est l’une des routes les plus fréquentées pour les passages illégaux avec entre 50 000 et 60 000 arrestations par mois. Cette question de l’immigration peut-elle influencer le vote des électeurs ?
Sur place, on se rend compte que tout est question de ressenti. Au point de passage de la ville de Nogales, le plus proche de la frontière, Jaime confie : « C’est énorme, il y a beaucoup, beaucoup de gens, tout un monde de gens. Vous ne les avez pas vu défiler ? Tous ces gens sont ici, il y en a des milliers et des milliers. » Jaime s’exprime juste devant le portique en acier par lequel passent naturellement chaque jour des centaines de binationaux et de travailleurs frontaliers. Jaime est né aux États-Unis, mais il se dit mexicain.
« Ce que je trouve injuste, c’est que les Mexicains qui ont construit ce pays, qui ont fait des États-Unis un grand pays, demandent des papiers depuis 30 ans. Ceux des autres pays, ils s’en fichent, même s’ils ont un casier judiciaire. enregistrez et on leur dit « Bienvenue aux États-Unis ! » C’est totalement stupide.
« Ces migrants ne sont pas venus travailler, ils veulent qu’on leur donne tout, des bons de nourriture, qu’on leur paie le loyer, qu’on leur donne un chèque pour chaque enfant, mais si vous ne venez pas travailler, vous ne venez pas accomplissez quelque chose, restez dans votre pays !Jaime tranche. Il a toujours voté démocrate mais cette fois ce sera Trump, car selon lui le pays était bien meilleur lorsqu’il était président.
Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour comprendre où Jaime trouve ses arguments. Sur les routes, à la radio, les spots de campagne républicaine sur l’immigration se répètent. « Pendant que des tonnes de gens font pression sur nos politiques publiques, Washington laisse les portes ouvertes et nous payons »nous entendons dans le post. Le long du mur qui sépare les Etats-Unis du Mexique – que Donald Trump a prolongé entre 2016 et 2020 et veut achever s’il est réel – après des dizaines de kilomètres, arrivée chez Cindy’s près de Kino Spring. Elle se rend sur le portail pour répondre à franceinfo.
« Vous savez, depuis que je vis ici, j’ai dû en voir passer deux et je jure que c’est vrai. Je n’ai jamais vu ces hordes de gens traverser, c’est pour ça que ça m’énerve quand je vois ça à la télé. »
Cindy votera-t-elle ? « Oui ! Démocrate ! » dit-elle. « Je suis très tendu parce que j’aime vivre ici et je ne veux pas qu’ils nous imposent tous ces règlements et règles »explique Cindy avant que son mari n’interrompe l’entretien. « Je pense que ça suffit, les gars. ». Cindy a très envie de parler à franceinfo, mais à l’intérieur, derrière les rideaux, son mari préfère que l’entretien s’arrête là. « Sortez d’ici ou j’appelle les flics, assez de bavardage ! »
On sent bien que cette thématique de l’immigration crée une certaine tension, mais cela ne décourage absolument pas d’emblée les candidats. Diafredo attend son rendez-vous au bureau de l’immigration avec une dizaine d’autres Haïtiens, rendez-vous obtenu grâce à l’application CBP One, créée par l’administration Biden. Diafredo est soulagé de traverser la frontière avant les élections. « C’est important pour moi, c’était le programme de Biden et nous ne savons pas s’il pourra continuer. »
Comme tout le monde, Diafredo a entendu Donald Trump affirmer que les Haïtiens aiment les animaux de compagnie comme les chiens ou les chats. « Non, nous ne mangeons pas de chat. »
« Trump choque les Haïtiens, mais une personne qui parle mal de vous vous donne encore plus de force. »
Donald Trump a réitéré sa volonté de mettre fin à cette immigration galopante. Pour ce faire, certains partisans du Républicain vont très loin dans cet Etat, à l’image de Joe Arpaio, légende à la réputation sulfureuse en Arizona. Pendant 30 ans, il a été connu comme le shérif le plus coriace des États-Unis. « Nous avons une grande armée qui mène des batailles partout dans le monde et nous ne pourrions pas en combattre une à notre frontière face à l’immigration clandestine qui afflue sur nos terres ? »demande-t-il.
« Maintenant, comment dégager une frontière ? Eh bien, l’armée est intéressante. Pourquoi ne pas envoyer nos militaires au Mexique juste de l’autre côté de la frontière pour travailler avec l’armée mexicaine, comme nous le faisons ailleurs avec ces pays étrangers, pour mettre fin à tout cela ? »
Donald Trump n’a jamais osé évoquer le recours à l’armée pour résoudre le problème de l’immigration, mais il promet de vastes campagnes d’expulsions massives.